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“ÓSMOSIS” by Ariesnomu / Mu Saga 4 ever (traduction février 2008) Chapître 4 : Emotions, nouvelles et anciennes (Ca y est, l’illustration en fond de page est arrivée !) Cela faisait plusieurs jours que Mû lui avait rapporté l'armure d'or des Gémeaux avec le casque sculpté à son effigie, et l'état de Saga s'était spectaculairement amélioré depuis. Il restait froid et distant avec la majorité de ses compagnons et continuait de s'entraîner uniquement avec Kanon, mais il se tenait déjà beaucoup plus droit, ses traits étaient bien plus détendus, ses yeux avaient presque retrouvé leur éclat et sa crinière commençait à recouvrer son lustre et sa vigueur d'antan. Il avait réussi à assumer le passé pour ce qu'il était et sortait davantage de son temple désormais, mais il préférait malgré tout rester seul et arpenter des chemins isolés que lui seul connaissait. Il continuait de fuir la compagnie des autres, malgré les tentatives répétées de son frère et de Mû pour l'encourager à se joindre à eux. Il ne se sentait pas encore prêt à affronter ses compagnons, et Kanon et Mû cessèrent vite de l'inviter à les accompagner, afin de ne pas lui mettre la pression et d'éviter qu'il ne finisse par se braquer. A l'inverse de son jumeau, Saga n'avait pas eu l'occasion de revêtir l'armure sacrée pour lutter aux côtés de ses frères d'armes, pour laver son honneur et se réhabiliter aux yeux de ses compagnons, et pour cette raison, il se sentait encore très gêné et même honteux. Mais il avait déjà fait le premier pas en acceptant le passé, il avait surmonté le plus difficile, et il finirait bien par se rapprocher d'eux, il avait juste besoin de temps. Mû était heureux de voir qu'au moins, l'état physique de Saga s'améliorait de jour en jour, cela le remplissait de joie au-delà des mots et il n'abandonnait pas l'espoir de voir le gémeau recouvrer complètement le goût de vivre et de venir enfin se mêler à ses frères d'armes. Il avait lui-même surmonté la déception de n'être qu'un simple petit frère à ses yeux, bien que cela lui fût douloureux, mais après tout, Saga lui vouait une affection certaine et Mû s'en contentait bien. Pour sa part, chaque fois qu'il le croisait, Kanon ne cessait de contempler le jeune Atlante avec admiration et une profonde reconnaissance, faisant immanquablement rougir le toujours si humble chevalier du bélier. Saga aussi regardait Mû avec une infinie gratitude, mais il ne se risquait pas à plus, pas même à converser avec lui plus que la politesse le requérait, prenant bien soin au contraire de maintenir ses distances, bien que cela lui déchirât le coeur, et il devait faire d'immenses efforts pour ne pas accepter de tenir compagnie au jeune Atlante chaque fois que celui-ci le lui proposait. Car même si Mû lui avait tout pardonné depuis bien longtemps déjà, Saga ne pouvait oublier tout le mal qu'il lui avait fait et il redoutait de lui causer à nouveau de la souffrance, sans parler du fait que Mû semblait tellement heureux et épanoui avec ses compagnons retrouvés, avec lesquels il rattrapait tout le temps perdu. En les voyant si proches et si complices, partageant tant de choses ensemble, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable de l'avoir privé de cette famille et ne se sentait aucun droit de s'immiscer dans leurs retrouvailles. Ce fut alors qu'il réalisa qu'il n'avait jamais connu une telle complicité avec quiconque. Quand il était encore sain d'esprit, il était en effet bien plus âgé que tous les autres apprentis, qui n'étaient encore que des enfants, et Aioros s'occupait déjà beaucoup de son petit frère. Ayant le même âge, les autres futurs chevaliers d'or restaient entre eux, tandis que lui et son frère s'éloignaient progressivement, en premier lieu parce que Kanon devait se cacher de tout le monde, et ensuite parce que son jumeau était devenu peu à peu jaloux de lui-même. Oh, bien entendu, tout le monde l'admirait et le vénérait alors, mais cela n'avait rien à voir avec de la complicité, et ensuite, il n'avait été qu'un tyran qui obtenait tout ce qu'il désirait par la force, la terreur et le pouvoir. Jamais par un respect sincère, par fraternité ou par amitié, ni même par affection. Mais au moins, il avait l'affection de Mû comme s'il était son grand frère, et Saga s'en satisfaisait. Ou tout du moins, c'était ce qu'il croyait. Jusqu'à ce qu'un incident des plus anodins survint, déclenchant en lui une crise de jalousie hors du commun... *** Ce matin-là, ils avaient décidé de s'entraîner de façon à améliorer la force physique des plus légers parmi eux, aussi, ceux-ci affrontaient les plus musclés d'entre eux et donc, Mû était opposé à Masque de Mort, Aphrodite à Shura, Shaka à Aiolia, Camus à Milo et Ayoros à Aldébaran, laissant Saga et Kanon s'entraîner ensemble, comme d'habitude. Mû était mince et svelte, mais il ne manquait pas de force pour autant. Masque de Mort en avait fait la douloureuse expérience en revenant au Sanctuaire en tant que spectre d'Hadès, quand Mû l'avait attrapé par le poignet et l'avait violemment envoyé voler dans les airs, alors que Masque de Mort était assurément l'un des spécialistes du combat au corps à corps. Le cancer en avait débité une volée de jurons, encore tout retourné par la force inouïe que l'Atlante camouflait derrière son visage d'ange. Assurément, l'enfant de sept ans à l'apparence douce et frêle avait bien grandi et était devenu un homme fort, un guerrier puissant à la force sûre et tranquille. Il le démontrait à nouveau ce matin-là en tenant tête à Masque de Mort. Leurs deux corps souples se mouvaient avec adresse et agilité, grâce et élégance, précis dans leurs gestes, puissants dans leurs attaques, le tout entre de grands éclats de rire qui trahissaient l'évidente complicité qui était née entre eux depuis leur retour du royaume d'Hadès. Mais il y eut un moment où les deux chevaliers tombèrent à terre, face à face, Masque de Mort se retrouvant au-dessus de Mû et tentant d'utiliser son poids pour l'immobiliser. Saga vit la scène du coin de l'oeil tandis qu'il affrontait son frère, et en apercevant le crabe couvrir le magnifique corps de l'Atlante avec le sien, il sentit une vague de jalousie irrépressible s'emparer de lui. Ce qui le distrait pendant une infime fraction de seconde et il reçut alors de plein fouet le puissant coup de Kanon en plein visage, qui l'envoya valser comme une fusée de l'autre côté de l'arène, justement là où se trouvaient Masque de Mort et Mû. Et par la grâce des lois élémentaires de la gravité, il était donc sur le point d'atterrir de tout son poids précisément sur Masque de Mort, lequel allait irrémédiablement écrabouiller le malheureux Atlante emprisonné sous lui. Pendant l'infime fraction de seconde que dura sa chute vers le cancer, Saga eut l'impression de tout voir en vitesse lente, horrifié de ce qui allait inexorablement arriver, et il ne put rien faire d'autre que de croiser le regard de Mû qui avait pour ainsi dire une vue panoramique de ce qui était sur le point de survenir et ouvrit de grands yeux de surprise. Sauf que ce qui devait arriver n'arriva pas. Ou que cela n'arriva pas immédiatement, ou pas comme il eut pu le craindre. En effet, Saga sentit une puissante cosmoénergie délicieusement douce et chaude l'envelopper et le maintenir dans les airs pour le déposer délicatement ensuite sur le côté, en toute sécurité. Par Athéna, c'est que les réflexes de Mû et ses aptitudes à user de ses pouvoirs de télékinésie en plein combat, même à la vitesse de la lumière, étaient véritablement impressionnants. Sauf que lui tournant le dos, Masque de Mort ignorait tout de ce qui se passait, et il profita de l'infime seconde où Mû détourna son attention pour le retourner comme une crêpe. Ce qui dévia la trajectoire de Saga et précipita sa chute sur le triomphant chevalier du cancer, qui en recevant tout le poids du gémeau par surprise sur le dos fut emporté dans sa chute et ne put éviter d'aplatir Mû au sol, et tous deux s'effondrèrent avec un cri de douleur. Tous les autres cessèrent leurs combats respectifs et tournèrent leur attention en direction des cris. Trois chevaliers d'or gisaient sur le sol, dans un enchevêtrement de bras et de jambes emmêlés, avec Mû tout en dessous et supportant le poids de deux montagnes de muscles sur son dos. Par chance ou par réflexe, il avait réussi à protéger son beau visage du choc contre le sol avec ses bras. Saga fut le premier à se relever, il se libéra promptement de cette posture pour le moins incommode et s'agenouilla aux côtés de Masque de Mort et de Mû, qui semblaient tous les deux un peu sonnés, surtout Mû. – Je suis désolé – murmura Saga, très gêné – Comment ça va ? Mû ? – J'ai mal au dos – se plaignit Masque de Mort en tentant de se lever et en restant plié en deux, pour le coup. – Tu veux un massage, Masque de Mort ? – demanda Aphrodite, toujours prévenant. – Je vais bien – annonça Mû en s'asseyant – Rien de cassé. J'ai un peu mal aux reins mais rien de grave – Il se massa doucement le bas du dos et les yeux de Saga ne purent s'empêcher de suivre lascivement la main de l'Atlante qui glissait le long de la gracile courbure de sa chute de reins... – Un peu de psychokinésie et tout sera oublié – Mû ajouta avec un sourire – Et toi, Saga, ça va ? – Bien sûr qu'il va bien ! On a amorti sa chute, tous les deux ! – s'exclama Masque de Mort avant même que Saga ait pu ouvrir la bouche. – Oui, Mû, merci, je vais bien. Merci de t'inquiéter – Saga répondit en adressant un regard mauvais à Masque de Mort – Merci surtout pour tes réflexes. – Quoi, c'est pour ça que tu as relâché ton attention ? – demanda Masque de Mort à Mû, à la fois surpris et admiratif. – Euh... Oui, j'ai vu Saga tomber sur toi... – Pourquoi ne pas nous avoir téléportés ? Il serait tombé sans nous écrabouiller... – Masque de Mort, enfin !!! Après tout, on voulait tester notre force physique et notre résistance, il me semble que ça a été une bonne épreuve, bien qu'imprévue... Non ? Nous devrions remercier Saga... – Ce n'est pas ce que me dit mon dos... – Allons, Masque de Mort... Tu es en train de nous dire que le puissant et redoutable chevalier d'or du cancer est une petite nature ? – rétorqua Mû, amusé. – Attends un peu que je te montre qui est une petite nature ! – La vérité est que Mû semble avoir mieux encaissé le coup que toi, Masque de Mort – intervint Aphrodite avec un sourire amusé. – Je n'ai pas de pouvoirs de psychokinésie pour soigner mes blessures, moi – grogna le cancer. – Eh bien, laisse moi soigner ton dos si gravement blessé, alors...– offrit Mû. – Je préfère un massage...– avec une moue boudeuse. – Profiteur ! Mais l'un n'empêche pas l'autre... – C'est que tu as des mains... tellement... expertes... – roucoula Masque de Mort, en adressant à Saga un petit regard en coin et un grand sourire torve. Mû devint rouge, Saga vit rouge et un bref instant, Masque de Mort crut voir sa mort en face... A moins que cela ne fût une illusion... – Arrête de dire des bêtises et assieds-toi, je vais te soigner – répliqua Mû – et on pourra reprendre l'entraînement... – Et le massage ? – Aphrodite te l'a proposé en premier, je ne marche pas sur ses plates-bandes... – Mû répondit en souriant. Masque de Mort se laissa donc soigner de très bonne grâce par les pouvoirs de psychokinésie de Mû. Il ronronnait littéralement de contentement sous leurs effets salutaires, tandis que Mû pouffait d'un petit rire cristallin en l'entendant et le réprimandait gentiment pour son évidente exagération, tout en conservant bien ses distances. Les autres reprirent leur entraînement, mais Saga devait faire d'immenses efforts pour garder son calme et sa concentration. Il voyait bien que Kanon se rendait compte de sa nervosité, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la douce cosmoénergie du bélier envelopper et caresser ce stupide crabe comme elle l'avait furtivement fait avec lui. Lequel crabe l'observait du coin de l'oeil avec une expression amusée non dissimulée, recevant en retour un regard meurtrier d'une rare intensité, qui ne parut pas du tout l'intimider mais bien au contraire le faire jubiler et exulter davantage. Saga fulminait intérieurement avec une fureur difficilement contenue, seule sa grande expérience lui permit de garder un calme apparent et son sang-froid. Sinon, à littéralement bouillonner de rage, il en aurait éructé de la fumée des naseaux tel un taureau en pleine furie. Mais l'entraînement se poursuivit sans aucun autre incident. *** Saga ne parvint pas à trouver le sommeil cette nuit-là. Il n'arrêtait pas de se tourner et de se retourner entre les draps de son grand lit froid, essayant sans succès de s'abandonner aux bras de Morphée, bien qu'en vérité, il eût préféré que les bras en question appartiennent à quelqu'un d'autre... Finalement, il se laissa retomber sur le dos, les bras croisés derrière la nuque et fixant le plafond sans le voir. Il n'arrêtait pas de penser à l'incident de l'entraînement... Il ne pouvait oublier cette cosmoénergie douce et chaude qui l'avait enveloppé avec tant de douceur et de délicatesse... Il ne cessait d'entendre cette voix douce et mélodieuse lui demander s'il allait bien. Et il ne cessait de voir ces profonds yeux violets chargés d'une douceur infinie l'observer avec une réelle préoccupation. Mû... Il était véritablement la douceur incarnée, jusqu'à sa cosmoénergie, à la fois si puissante et si suave. Il pouvait encore sentir cette douce chaleur l'envelopper, se drapant autour de lui et l'inondant de sa suavité... Ce qui lui fit revenir en mémoire ce moment incomparable où le bélier l'avait porté jusqu'à Athéna pendant la guerre contre Hadès... Il était alors à demi mort, ayant perdu quatre de ses sens par les bons soins de Shaka et seuls lui restaient la vue, son sixième et son septième sens, grâce auxquel il avait perçu toute la douceur de l'Atlante, en dépit de ce qui venait de se passer... Il venait de tuer Shaka, le meilleur ami du bélier. Il venait tout juste d'essayer de l'éliminer également, avec Aiolia et Milo, en usant de l'Athéna exclamation et avait de surcroît obligé le trio à recourir à cette attaque interdite par la déesse en personne... Milo avait voulu l'exterminer une bonne fois pour toutes quand il l'avait vu sortir de dessous les ruines effondrées du temple de la vierge, et Aiolia l'avait fusillé du regard avec la même intention, mais multipliée par dix. Au moins. Mais Mû... Lorsque Athéna leur avait demandé d'amener immédiatement les trois renégats devant elle, Mû s'était approché de lui, sans la moindre agressivité ni le moindre signe d'animosité, de colère ou de ressentiment ou d'un quelconque désir de vengeance, ni dans ses gestes ni dans ses yeux. Leurs regards s'étaient alors croisés un bref instant et tout ce qu'il avait lu dans ces améthystes si limpides avait été une grande sérénité et une immense douceur. Mû s'était penché pour l'aider et l'avait relevé avec beaucoup de délicatesse, prenant soin de ne pas le blesser plus qu'il ne l'était déjà, et ce fut avec précaution et prévenance qu'il l'avait porté et soutenu tout le long du chemin, marchant doucement à travers les temples et gravissant ces interminables marches jusqu'à Athéna. Assurément, Milo et Aiolia n'auraient pas fait preuve d'autant de délicatesse avec lui, surtout après ce qui s'était passé. Il s'était senti si bien dans les bras de ce jeune homme, qui était aussi fort physiquement que mentalement. S'il ne s'était pas agi d'une question de vie ou de mort de sa déesse vénérée et de la paix sur terre, il aurait voulu ne jamais arriver au temple d'Athéna pour rester indéfiniment pelotonné dans ces bras puissants qui l'étreignaient cependant avec douceur, contre ce corps fort qui le soutenait en toute sécurité, drapé dans cette douce chaleur qui l'apaisait tellement... Cette chaleur réconfortante et cette délicatesse si proche de la tendresse dans les gestes du bélier avaient été comme un baume apaisant sur les blessures ouvertes de son corps et de son âme. Oui, ce jeune homme était fort... Quelle ironie...! Mû était le plus mince et le plus léger des trois chevaliers d'or et il s'était chargé du plus grand et du plus lourd des trois renégats. Et précisément de celui qui semblait mettre un point d'honneur à détruire tout ce qui comptait le plus pour le jeune Atlante au fil des ans... Son maître bien-aimé, son meilleur ami, sa propre vie, ses voeux envers Athéna, et bien entendu, la déesse elle-même... Mais malgré tout, chaque fois qu'ils s'étaient affrontés, Mû n'avait jamais manqué de montrer des signes de sollicitude, de préoccupation et même d'affection à son égard. Saga savait parfaitement qu'il avait été l'idole du jeune bélier, comme de tous les apprentis, et Mû lui avait avoué qu'en dépit de tout ce qui s'était passé, il n'avait jamais cessé de croire en lui, d'avoir confiance en lui. Très clairement, Mû avait une force mentale extraordinaire, ce qui lui avait permis de supporter toutes les épreuves que la folie du gémeau lui avait imposées depuis l'âge tendre de sept ans, et très probablement, ses pouvoirs mentaux exceptionnels lui permettaient de sonder le fond de l'âme et de percevoir les infimes lueurs de bonté qui pouvaient subsister dans un esprit détraqué. Cependant, Saga avait l'intuition que même sans ces pouvoirs psychiques, Mû aurait quand même continué de croire en lui. Non pas qu'il l'aurait suivi aveuglément et passivement dans sa folie sanguinaire comme Masque de Mort, Aphrodite et Shura l'avaient fait, le bélier était bien trop lucide, droit et loyal pour cela, mais Saga était persuadé qu'il aurait essayé de comprendre le pourquoi de son comportement sans le juger, et si, très clairement, il se serait opposé à lui au lieu de se soumettre à sa volonté par idolâtrie aveugle, il aurait essayé de l'aider à recouvrer la raison et à surmonter son côté obscur. Le bélier était d'un tempérament calme et généreux, il avait l'habitude de réfléchir avant d'agir, cherchant à comprendre les causes, passant en détail toutes les possibilités, cherchant le meilleur moyen de faire face à un problème, calmant les esprits et privilégiant le dialogue et la compréhension, avant de faire usage de la force et ce, en tout dernier recours. Et c'est qu'en parlant de force, le bélier n'en manquait pas, en dépit des apparences, il n'avait rien de fragile et avait plutôt des arguments de poids, et que dire de ses pouvoirs hors du commun ! Saga se rappela alors combien Mû l'avait impressionné lors de son affrontement contre Masque de Mort, lorsqu'ils étaient revenus du monde des morts au Sanctuaire... A vrai dire, l'habituellement si pacifique et calme Atlante les avait tous soufflés, jusqu'à son propre maître, en dévoilant non seulement sa détermination mais également sa force et ses puissantes techniques quand cela s'avéra nécessaire. Saga avait ressenti l'évidente fierté de Shion mêlée d'une émotion contenue lorsque celui-ci avait découvert comme son ancien élève avait grandi et était devenu son digne successeur, imposant et majestueux, sûr de lui et prêt à tout pour défendre sa déesse, jusqu'aux ultimes conséquences. Il n'avait pas reculé devant le nombre de ses adversaires pour le moins inattendus, et il avait ouvertement défié et désobéi à l'être qu'il admirait et en qui il croyait le plus au monde sur cette terre, offrant sa propre vie sans hésiter un seul instant en châtiment pour cette insubordination. Saga lui-même avait ressenti de la fierté devant le courage et la détermination du gardien de la première maison. Même s'il l'avait revu en tant qu'homme à son retour au Sanctuaire lors de la bataille des douze maisons, cela avait été très bref et il n'avait jamais vu Mû combattre, aussi avait-il encore gardé le souvenir d'un adorable enfant de sept ans aux étranges pouvoirs très prometteurs. Masque de Mort avait émis une bordée de jurons devant la force physique inattendue du jeune Atlante quand celui-ci l'avait envoyé voler dans les airs d'une simple clé en l'attrappant par le poignet, sans le moindre effort. Le cancer ne s'était certes pas attendu à une force aussi brutale de la part de ce doux et calme jeune homme qui, à ses yeux, ne semblait même pas capable d'écraser une mouche. Sans parler du fait que Masque de Mort était l'un des spécialistes du combat au corps à corps. Puis, ils avaient tous été impressionnés par la technique défensive de Mû qu'ils étaient bien loin de soupçonner, à part Shion, bien entendu, et ensuite par la puissance de son attaque lorsqu'il avait pulvérisé Masque de Mort et Aphrodite d'un seul coup, les renvoyant illico presto tous les deux dans le monde des morts alors que les deux compères l'avaient attaqué en même temps. Shion les avait prévenus que Mû ne serait pas un adversaire facile, même s'ils le dépassaient en nombre, et c'était pourquoi l'ancien Grand Pope avait décidé de l'affronter en premier, mais jamais ils n'auraient imaginé que le jeune Atlante possédait autant et de si puissantes techniques, à la fois défensives et offensives, et si destructrices. Ce n'était pas pour rien qu'il avait été le disciple de l'ancien maître du domaine sacré... Mais ce à quoi ils s'attendaient le moins, c'était que Mû puisse voir leurs larmes de sang.Très clairement, l'Atlante possédait des pouvoirs mentaux hors du commun qui lui permettaient de voir ce que même les sens les plus aigüisés de leurs compagnons ne pouvaient percevoir. Pas même Shaka, l'homme le plus proche de Dieu, ne les avait vues. Mû, lui, pouvait voir jusqu'au tréfond de l'âme humaine, il pouvait voir tous les tourments sans même avoir besoin d'entrer dans l'esprit des gens. Comme il avait été ému de voir que Mû s'était rendu compte du cruel dilemne qui les avait alors torturés. Pendant un bref instant, il avait été sur le point de vaciller, tout comme Shura et Camus, et Shion avait dû intervenir pour neutraliser Mû par surprise, afin que tous les trois puissent poursuivre leur mission, afin que leurs véritables intentions ne soient pas découvertes par le jeune Atlante, car des spectres surveillaients de près tous leurs faits et gestes. Et quand Mû les avait appelés en les suppliant d'attendre, il n'avait pu s'empêcher de se retourner, ne fut-ce que fugacement, pour le regarder une dernière fois avant de poursuivre son chemin vers son destin et celui de la déesse. Ca avait été une nécessité, un besoin presque vital, que de croiser ces magnifiques yeux violets pleins d'espoir qui croyaient encore en lui, comme pour lui dire qu'en dépit des apparences, il ne le décevrait pas. Pas cette fois. Il ignorait ce que Shion réservait à son ancien élève, il avait espéré qu'il le téléporte et lui explique la situation par télépathie, mais Shion semblait bien déterminé à sacrifier jusqu'à son disciple bien aimé pour mieux tromper Hadès et ses spectres. A moins que l'ancien Grand Pope fût doué pour feindre une fausse perfidie et masquait un de ces artifices ou astuces dont il avait le secret, sous le masque d'un renégat entièrement dévoué au dieu des morts. Cependant, il n'avait pu s'empêcher d'être inquiet pour le jeune Atlante et l'avait certainement laissé paraître dans le regard furtif qu'il lui avait adressé avant de continuer sa route, recevant en retour un regard interrogatif de sa part. Finalement, le souvenir de tous ces instants et de tous ces intenses regards partagés, fugaces ou prolongés, mais toujours remplis d'émotion et de bienveillance de la part du bélier, et qui, sans qu'il pût l'éviter, l'apaisaient systématiquement, fit que Saga finit par trouver la paix et se laissa finalement aller, emporté par un repos apaisant et sombrant enfin dans les limbes du sommeil... Un sommeil où un beau jeune homme aux profonds yeux violets et à la longue chevelure mauve lui souriait et le soutenait... *** Continuation du chapitre ici
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