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''Etroite collaboration'' by Ariesnomu / Mu Saga 4 ever (septembre 2008) Chapitre 4 : Rapprochement (suite) Minos avait fini par s'endormir en ronronnant comme un chaton sous les effets de son massage, et Mû en profita pour faire la vaisselle puis se rendre à l'atelier et travailler un peu sur plusieurs armures d'argent ramenées quelques semaines auparavant du cimetière de Jamir, dont il voulait modifier le plastron et les épaulettes pour les rendre plus efficientes et plus faciles à porter, sans qu'elles engoncent leur porteur ou qu'elles gênent leurs mouvements. Il savait ce que c'était avec sa propre armure et ses imposantes cornes qui au tout début lui cachaient un peu la vue et gênaient ses gestes, sans parler du col étroit et trapu qui l'engonçait. Il s'affaira, sortant ses outils célestes pour remodeler la plastique déficiente d'un plastron et redessiner la forme des épaulettes correspondantes, trop proéminentes et dont les dents pointues et acérées ou les piques effilées pouvaient blesser au visage leur propre porteur dans un faux mouvement du bras ou au cours d'une chute mal réceptionnée, ce qui était quand même un comble. Pour chaque armure, il avait déjà exécuté divers croquis pour calculer le meilleur angle de positionnement des épaulettes, qui devaient rester une menace pour l'adversaire tout en protégeant le futur porteur, quels que soient ses mouvements et la posture adoptés, qu'il s'agisse de défense ou d'attaque, en combat rapproché ou en exécutant une technique à longue portée. Penché au-dessus de sa table de travail où s'étalaient tous ses croquis, il avait passé de longues minutes à échancrer le plastron au niveau des aisselles et de l'encolure, puis à refaçonner avec minutie les épaulettes dentelées de façon plus rationnelle, très concentré sur ce travail de précision. Il en était à la quatrième armure et faisait maintenant léviter les différents éléments de l'armure réunis pour simuler et visualiser plusieurs mouvements complexes exécutés à des vitesses variées, séparant de temps en temps quelques parties pour mieux voir les emboîtements. Minos apparut sur le seuil de l'atelier à ce moment et resta interdit devant cet étonnant spectacle, véritablement impressionné par la maîtrise des pouvoirs télékinésiques de l'Atlante qui le fascinaient tout bonnement. Mû sentit sa présence sur le pas de la porte et se tourna vers lui. – Déjà levé ? – demanda-t-il. – Euh... Oui... Excuse-moi, Mû, je ne voulais pas te déranger. Je m'ennuyais un peu et me demandais ce que tu faisais. Comme tu n'étais pas dans ta chambre... – s'excusa le griffon, conscient d'importuner le bélier en plein travail. – Ne t'inquiète pas, tu ne me déranges pas, j'avais pratiquement terminé de toute façon – répondit Mû avec un sourire tout en réordonnant les pièces de l'armure sous forme de totem sur la table de travail par télékinésie. – Vos armures sont réellement...vivantes ? – interrogea Minos, curieux, entrant de quelques pas seulement dans l'atelier pour observer le totem d'un peu plus près, mais pas trop non plus, car il se doutait que les armures du Sanctuaire étaient un sujet hautement délicat, sinon confidentiel. – Oui, ce sont des êtres vivants. Ce n'est pas le cas de vos surplis ? – demanda Mû à son tour. – Si, mais en partie seulement. – En partie ? – s'amusa Mû. – Ben... Je ne suis pas le spécialiste en la matière mais nos surplis nous obéissent pour nous revêtir, mais à part ça... Mû émit un petit rire. – Et quand vous les portez, vous ne ressentez pas la vie qui habite le métal de vos surplis ? – Euh... Pas vraiment, non ! Pourquoi, c'est le cas de vos armures ? – Oui, nous ressentons toutes leurs vibrations. Tu veux voir ? Approche tes mains de cette armure... Minos le regarda avec surprise, mais suivit le geste du bélier qui lui indiquait le totem posé sur la table. – Vas-y, ne crains rien, elle ne va pas t'agresser – fit Mû avec un sourire amusé – Elles ne sont quand même pas vivantes à ce point !... Minos hésita un bref instant puis s'avança vers la table et tendit précautionneusement une main, l'approchant prudemment de l'armure figée sous forme de totem et la retirant prestement presque immédiatement et gauchement, comme si elle l'avait brûlé. Ce qui bien entendu n'était pas du tout le cas, mais... C'était plus fort que lui, il s'en méfiait. Mû ne put retenir un nouveau petit rire cristallin qui rendit le griffon tout chose. Il aimait entendre ce petit rire si caractéristique du bélier, mélodieux et clair, fleuri comme le printemps que son signe symbolisait et qui détendait instantanément l'atmosphère. – Non, comme ça... – corrigea Mû. Et pour mieux lui expliquer comment procéder, Mû se plaça légèrement sur le côté, derrière Minos et prit ses mains dans les siennes pour lui montrer comment les poser sur le plastron afin d'en ressentir les vibrations. Leurs doigts s'entrecroisèrent presque et il guida les deux mains du Juge au-dessus du métal froid, les faisant légèrement effleurer la surface lisse et argentée du bout des doigts. – Voilà... – dit Mû – Tu sens les vibrations, là ? – Oui...– répondit rêveusement le griffon en sentant les longs doigts chauds de Mû sur les siens. Et ses bras qui encadraient les siens. Et son corps long et ferme dans son dos. Et son visage à côté du sien. Et ses cheveux qui exhalaient ce doux et léger parfum si enivrant qui inondait tous ses sens olfactifs. Et accessoirement des ondes ténues émanant de la chose en métal devant lui qui ne l'intéressait pas le moins du monde. Il regretta d'avoir revêtu un T-shirt qui l'empêchait de sentir le contact de la tunique de Mû directement sur sa peau. S'il avait su... Il tourna la tête vers le bélier qui avait le regard rivé sur leurs mains au-dessus de l'armure, les déplaçant lentement au-dessus de celle-ci pour lui faire sentir la vie qui palpitait dans le métal, l'oeil brillant et concentré sur le totem avec lequel il était manifestement en parfaite symbiose. Minos reporta poliment son regard vers l'armure mais ses yeux se posèrent sur les mains de Mû et s'y attardèrent songeusement. C'est qu'il aimait ses mains. Il en était quasiment hypnotisé. Elles étaient magnifiques, avec ces longs doigts déliés, si fins et si puissants à la fois, et elles étaient si douces et si lisses, comme du satin, chaudes aussi sans être moites, impeccablement lisses et souples, une véritable peau de soie. Et leur toucher était tellement délicat... Elles glissaient suavement sur tout comme une caresse, comme un fin voile de satin ondoyant sous une légère brise d'été. Dire que ces mains pouvaient tuer aussi, ou amener un adversaire à demander grâce sous la douleur de leur poigne ferme qui pouvait tordre un bras et même l'arracher ou envoyer d'une simple pichenette un adversaire plus lourd que lui voler dans les airs. Une main de fer dans un gant de velours... Une poigne implacable et ferme dans un écrin de satin. Mais ces mains pouvaient également réparer et soigner de la plus merveilleuse des façons, régénérant métaux vivants ou tissus et apportant réconfort et relaxation, remodelant tout avec doigté et brio avec une infinie délicatesse qui n'avait d'égale que leur suavité. Oui, ces mains divines aux multiples talents, si habiles et si douces, le fascinaient. Il avait envie de les serrer dans les siennes et de les sentir sur lui, d'en caresser sa joue. Il avait envie de les sentir sur lui, partout. Quand la démonstration prit fin et que Mû libéra ses mains, Minos se tourna vers lui et murmura : – Tes mains sont un véritable trésor... Et sur ce, il prit les mains de Mû dans les siennes et les porta à ses lèvres pour y déposer un baiser tout en le regardant avec intensité. Tout s'était passé si vite... Mû écarquilla les yeux de surprise et tressaillit en sentant les lèvres chaudes et soyeuses du griffon sur ses doigts et son souffle chaud caresser sa peau. Il leva un regard étonné vers le Juge qui le regardait intensément, les yeux brillant d'une étrange lueur, profonde et puissante qui le troubla un bref instant. Il sentit son coeur s'accélérer soudainement et resta interdit, ne pouvant se détacher de ce regard magnétique qui semblait plonger au plus profond de lui et voulait l'aimanter à lui, l'aspirer vers lui. Mais à cet instant, une voix l'appela : – Mû ! C'était la voix de Saga... Mû sortit instantanément de sa léthargie et retira prestement ses mains de celles du griffon pour se tourner vers la porte et répondre, les joues légèrement colorées : – Oui, on est dans l'atelier ! Minos soupira discrètement en voyant sa proie lui échapper, encore une fois interrompu à un moment crucial par l'autre schizo. Décidément, le gémeau semblait bien choisir ses moments pour apparaître, cela faisait deux fois de suite dans la même journée, à croire qu'il le faisait exprès. Et que pouvait-il vouloir exactement, à cette heure ? C'était encore le Grand Pope qui demandait à voir son ex-disciple, tard ce soir ? Saga apparut dans l'encadrement de la porte et le griffon le foudroya d'un regard torve et hautain qui en disait long sur ce qu'il pensait de son intrusion malvenue. – Mû... Je suis venu te rapporter ton huile de massage – déclara Saga en rendant son regard au griffon par-dessus l'épaule du bélier. – Elle n'a pas eu d'effet ? – demanda Mû, étonné. – Si, si, au contraire ! Tellement que je n'ai absolument plus aucune douleur et n'en ai plus besoin... C'était en partie vrai, mais surtout Saga venait voir ce qui se passait au premier temple, et à en juger par l'air contrarié du griffon et celui un peu gêné du bélier, il était intervenu... à temps. Mais il ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou s'il devait simplement et immédiatement atomiser ce Juge insupportable, car il ne pourrait rester indéfiniment dans la maison du bélier pour le surveiller et l'empêcher d'approcher le bel Atlante de trop près. – Saga, il serait plus prudent que tu la gardes encore quelques jours... – Tu crois ? Mais je n'ai plus aucune gêne... – Fais voir... – demanda Mû en s'avançant vers lui. Et avant que le gémeau ait eu le temps de répliquer, Mû approchait déjà ses mains vers lui et il retrouva la douce cosmo-énergie du bélier l'envelopper et le sonder, s'attardant sur son épaule et sur sa hanche ainsi que sur son torse et les côtes qu'il avait réparées, puis sur les marques encore légèrement violacées parsemant ses bras et son visage, qui disparurent presque complètement sous l'onde thérapeutique. Il frémit en sentant une douce chaleur caresser sa lèvre inférieure, souriant en voyant le regard meurtrier que Minos lui adressait en voyant le bélier le soigner juste là... Il ne put s'empêcher de porter ses doigts à sa lèvre, là où Mû l'avait touché d'une onde de psychokinésie et plongea son regard dans les deux améthystes qui l'étudiaient avec préoccupation. – Je t'ai fait mal ? – s'inquiéta aussitôt Mû en malinterprétant le geste du gémeau. – Non, non, pas du tout – s'empressa de répondre Saga – Au contraire... – Bon, et bien, je suis content pour toi que tout aille bien, Saga – intervint Minos en s'approchant à son tour et en se tenant juste à côté de Mû, comme pour marquer son territoire. – Ca a l'air d'aller pour toi aussi – répondit Saga du tac au tac en le jaugeant de la tête aux pieds, et effectivement, les marques qui le couvraient avaient presque disparu. – Oui, Mû a des mains... incroyables... – déclara Minos en souriant de toutes ses dents au gémeau d'un air entendu – Elles peuvent aussi bien réparer que soigner. Et masser. Divinement... – se délectant de la lueur de mécontentement qui apparut immédiatement dans les orbes verts du gémeau. Vraiment trop facile à énerver, ce stupide schizo... – Ca n'a rien d'extraordinaire – coupa Mû, gêné par les compliments. – Je suppose que vous n'allez pas vous baigner, ce soir ? – enchaîna Saga un peu abruptement, contenant difficilement la colère qu'il sentait monter en lui devant les insinuations du griffon. – Non, on pensait passer la soirée bien tranquillement au frais, à l'intérieur – répondit Minos avant que Mû ait eu le temps d'ouvrir la bouche – Et toi ? Tu as sûrement à faire... – A vrai dire, non... Kanon fait un poker dans la maison du Cancer avec quatre de nos compagnons. – Un poker ? Ca lui va bien – sourit Minos – Bluff et manigances... – ajouta-t-il sournoisement, saisissant au vol la perche que Saga lui avait involontairement tendue et jubilant en voyant une étincelle de colère crépiter instantanément dans le regard vert du gémeau. – Hmmmm... Quelqu'un veut du thé ? – coupa Mû en sentant que la conversation s'engageait sur une pente dangereuse. – Avec plaisir, Mû – répondit Saga, heureux de trouver un prétexte pour rester un peu plus longtemps, bien qu'en vérité, il ne fût pas du tout un amateur de thé, et adressant en biais un regard de satisfaction au griffon. – Moi aussi, Mû. Ca va me détendre – renchérit Minos en étirant ses épaules et sa colonne vertébrale – Dans la continuité de tous tes soins prodigués par tes jolies mains... – ne put-il s'empêcher d'ajouter avec un sourire charmeur pour le bélier et un regard en coin sarcastique à l'adresse du gémeau. Lui non plus n'était pas un adepte du thé, qui en plus allait lui donner chaud, mais il n'avait pas l'intention de laisser le stupide schizo en tête-à-tête avec le bel Atlante. – Alors, allons nous installer dans la cuisine – proposa Mû. Ainsi, il pourrait les surveiller tous les deux pendant qu'il préparerait l'eau, préférant ne pas les laisser seuls ensemble dans le salon un seul instant car il sentait bien que la tension entre ces deux-là n'avait pas disparu. Il s'étonna que Saga ait accepté de rester, d'ailleurs, d'autant que ça ne lui ressemblait pas, lui qui habituellement fuyait la compagnie des autres, mais il n'allait pas s'en plaindre. Encore que les circonstances n'étaient probablement pas les meilleures pour un rapprochement social, compte tenu de la mésentente manifeste entre le griffon et lui. Ils se rendirent tous les trois dans la cuisine et Minos mit un point d'honneur à sortir tasses, soucoupes et cuillers, histoire de montrer au gémeau qu'il connaissait bien le lieu et qu'il s'y trouvait comme chez lui. Saga et Minos s'assirent chacun d'un côté de la table, perpendiculairement, non sans s'échanger au préalable un regard de défi et Mû sortit des biscuits au gingembre pour accompagner le thé. Minos le remercia chaleureusement, car comme tout bon Scandinave, il raffolait de ces biscuits au beurre si délicieusement épicés. La conversation s'engagea sur les coutumes gastronomiques et Saga ne put s'empêcher de faire des...commentaires sur le fromage de chèvre au caramel norvégien. Mû dut se retourner pour cacher le sourire qu'il ne parvenait pas à réprimer malgré tout son self control, tandis que Minos détaillait les subtilités de l'association salé / sucré à un gémeau qui restait dubitatif sur la pertinence de cette association, compte tenu de la consistance massive du produit fini, arguant que le mélange était bien plus heureux quand il était associé à la finesse. Le thé arriva, avec sucre et lait, et Mû garda pour lui son thé au beurre salé qui ne semblait pas emballer ses deux compagnons, les mettant tous les deux d'accord sur ce point. Il s'installa en face de Saga et la discussion continua, déviant sur les lectures et les loisirs des uns et des autres, et se poursuivit jusque tard dans la soirée, tranquillement en apparence, mais Minos s'impatientait de voir enfin partir ce fichu intrus de gémeau qui l'empêchait de draguer le bélier comme il en avait l'intention. Ce qui ne le retint nullement de lancer ses habituelles oeillades et ses sourires charmeurs au bélier, donnant l'impression d'une totale complicité avec le jeune Atlante, au grand dam du gémeau, qui cependant eut ses petits moments de connivence avec le bélier en se découvrant des goûts communs au détour de la conversation, échangeant même un sourire et des regards entendus, au grand déplaisir du griffon. Tout en lui lançant des piques subtiles autant qu'acérées, celui-ci tenta habilement et à plusieurs reprises de mettre le gémeau dehors, mais Saga prenait un malin plaisir à enchaîner sur de nouveaux sujets pour prolonger sa présence avec eux en restant bien assis sur sa chaise, tandis que Mû était très heureux que Saga soit resté et se montrât si sociable et volubile. C'était bien simple, en une seule petite soirée, Saga avait parlé pour tous les mois écoulés depuis leur retour à la vie ! Et puis, il avait une conversation très intéressante et Mû eut l'impression de redécouvrir le chevalier des gémeaux. Cependant, une certaine tension restait palpable entre le gémeau et le griffon, on aurait vraiment dit deux coqs rivalisant, ce qui au demeurant rendait la conversation encore plus intéressante, et Saga devait reconnaître que le griffon était brillant. Enfin, Minos trouva un moyen tout simple de mettre fin à leur soirée, émettant un baillement et proposant d'aller dormir, car une nouvelle et longue journée de travail à la bibliothèque les attendait le lendemain, lui et Mû. Mû s'absenta alors un bref instant pour aller chercher un livre dans sa chambre pour le gémeau, mais ce petit intermède fut suffisant aux deux rivaux pour remettre les pendules à l'heure et relancer les hostilités. Pour que Saga ne reparte pas avec la satisfaction de lui avoir gâché la soirée en interrompant ses travaux d'approche si bien commencés dans l'atelier, Minos décida de bluffer, sans pour autant mentir, sinon par omission. Après tout, le gémeau n'avait aucun moyen de vérifier la véracité de ses propos, sinon d'imaginer effectivement ce qui avait pu se passer avant son apparition inopportune... Aussi, lorsque le gémeau lui souhaita poliment une bonne nuit avec un sourire narquois autant que satisfait, Minos lui répondit : – Que crois-tu ? Dès que tu seras parti, je poursuivrai avec Mû ce que nous avions commencé tranquillement dans l'atelier avant ton arrivée intempestive... Il a des lèvres des plus... excitantes et enivrantes. Tout comme ses mains... – ajouta-t-il sur le ton de la confidence avec un grand sourire, trop heureux de voir la réaction immédiate que ses paroles provoquèrent chez son rival, qui le foudroyait du regard, retenant difficilement sa colère. – Tu mens – gronda Saga entre ses dents. – C'est ce que tu aimerais croire, n'est-ce pas ? Mais je vais te dire plus... Je suis comme chez moi, ici, et la porte de la chambre de Mû m'est ouverte à tout moment. Encore que j'aime assez varier les plaisirs et l'atelier tout à l'heure se prêtait parfaitement à un... rapprochement... – murmura le griffon sur un ton doucereux et un sourire torve, avant d'ajouter, plus mielleux que jamais – Et au fait, je dois te remercier car c'est grâce à toi que j'ai eu le loisir de connaître avant l'heure les merveilles dont sont capables les mains de Mû... Saga retint sa colère d'éclater car Mû revenait déjà, porteur du livre qu'il était allé lui chercher. Prenant sur lui, il contint sa rage pour ne rien laisser voir devant Mû et le remercia, et sa fureur s'estompa devant le sourire doux du bélier et son regard franc. Elle s'évanouit totalement lorsque Mû le sonda une nouvelle fois de sa cosmo-énergie douce et chaude pour vérifier l'état des cicatrisations, et Saga constata avec surprise que sous la nouvelle onde de psychokinésie, les derniers vestiges des ecchymoses sur ses bras disparurent complètement, les ultimes traces de sang échappées des vaisseaux sanguins étant définitivement évacuées. Il en conclut inconsciemment qu'il devait en être de même sur son visage lorsqu'une caresse douce et chaude l'effleura à nouveau avec une suavité et une délicatesse qui le laissèrent tout chose. – Merci, Mû – dit-il enfin, ému, lorsque Mû eut terminé. – De rien. Bonne nuit, Saga – lui sourit le bélier. – Bonne nuit – répondit-il avant de se diriger vers la porte. Il se retourna juste pour voir le griffon se rapprocher tout près de Mû et lui minauder : – Tu pourrais me refaire un massage, Mû ? Je me sens encore un peu courbaturé dans le dos... – Oui, d'accord... – acquiesça Mû en se tournant vers lui. Et il les vit disparaître tous les deux vers la chambre qu'occupait le griffon. *** Kanon rentra tout guilleret à son temple de sa soirée poker passée avec Shura, Aphrodite, Milo et Masque de Mort, lesquels étaient restés toute la soirée puisque leur petite course avec le griffon avait été annulée, à leur grande déception. Le gémeau avait encore une fois gagné, et haut la main. Personne ne pouvait le battre au bluff, même si Masque de Mort n'était pas mauvais à ce petit jeu, mais manipuler les autres, c'était quand même sa spécialité à lui, qu'on se le dise, non mais ! Il entra dans le salon, un grand sourire d'auto-satisfaction aux lèvres, pour y trouver son frère d'une humeur massacrante, ruminant tout seul sa rage en faisant les cent pas dans la pièce principale comme un lion en cage, dans une atmosphère électrique des plus survoltées, transformant l'habituelle quiétude de leur temple en un violent orage sourd et menaçant, prêt à éclater avec fracas à tout moment, car l'on pouvait presque apercevoir un nuage noir épais et dense surmonté de nombreux et dangereux éclairs auréoler la belle chevelure en panache de son frère, tant il dégageait de tension et de colère. Dire qu'il l'avait quitté après manger dans un état plutôt détendu après qu'il l'eut massé avec l'huile de Mû... – Saga ! Et bien, qu'est-ce qui peut bien te mettre dans un état pareil ?!!! – s'exclama le gémeau, stupéfait et inquiet pour son frère qu'il ne tenait pas spécialement à voir revenir sous les traits maléfiques d'Arlès, car là, il fallait bien reconnaître que son jumeau présentait tous les signes extérieurs de folie qui le caractérisaient lorsque son double maléfique s'emparait de lui, si ce n'est que sa chevelure conservait encore sa teinte bleutée, mais pour combien de temps encore ?... Saga le foudroya du regard, les yeux fulminants et lançant littéralement des éclairs que Zeus en personne n'aurait pas reniés. Kanon soupira. – Ne me dis pas que c'est... Minos qui t'a mis dans un état pareil ?! – Ce type n'a aucune tenue ni aucun respect ! – Qu'est-ce qui s'est passé, Saga ? Tu es descendu au premier temple ? – devina Kanon, car il imaginait mal le griffon rendre une visite de courtoisie à son frère. – Oui, je voulais m'assurer que Minos ne tenterait pas de se rapprocher de Mû. Je me suis incrusté toute la soirée, mais manifestement, il avait déjà commencé et a clairement laissé entendre qu'ils allaient... Mais il ne put continuer sa phrase. Kanon fit asseoir son frère dans un fauteuil et tenta de le calmer. Ce fut alors qu'il remarqua que Saga ne portait absolument plus aucune trace de ses blessures. Décidément, quel contraste avec tout à l'heure où il était salement amoché mais planant sur un petit nuage et maintenant où il bouillonnait de rage mais était en parfaite santé. Physique, en tout cas. – Mû t'a à nouveau soigné ? – Oui – marmonna Saga. – Hmmm... Saga... Les autres fois où tu étais rentré de mauvaise humeur, c'était aussi à cause de Minos ? Saga regarda son frère avec un air ennuyé. – Oui – finit-il par admettre. – Euh... Pourquoi, exactement ? – Je l'ai surpris faire de l'oeil au bélier dans le plus simple appareil sur la plage la première nuit et ensuite... quand il a manqué se noyer en faisant la course avec Milo et Masque de Mort, Mû l'a ranimé en lui faisant du bouche à bouche... Et il n'arrêtait pas de minauder, cet abruti ! – Ah, d'accord... Je comprends mieux, maintenant... – fit Kanon, presque soulagé – Hmmm... Euh... Tu les... surveillais ? – J'étais allé me promener le long de la falaise et suis tombé sur eux en rentrant – expliqua laconiquement Saga. – Je vois... Ecoute, Saga... Ca ne sert à rien de te mettre dans cet état... – Ce type me donne des envies de meurtre avec ses manières fourbes et ses commentaires ! – Et ça t'avancera à quoi ? Et c'est peut-être ce qu'il cherche, te rendre malade ! C'est un sadique dans l'âme, je suis bien placé pour le savoir ! Mais attends... C'est pour ça que tu t'es battu avec Minos cet après-midi ? A cause de Mû ? – demanda Kanon, ahuri. – Oui... – avoua Saga – Au début, je devais juste prendre la suite de leur entraînement et je voulais simplement le remettre à sa place, mais il m'a tellement énervé avec ses allusions stupides et désobligeantes que j'ai fini par lui envoyer une vague d'énergie sans prévenir... Qu'il m'a rendue ensuite... – confessa le gémeau, soulagé finalement d'avouer ce qui s'était réellement passé. – Et Mû, il se doute de quelque chose ? – s'enquit Kanon. – Non, je ne crois pas, on lui a juste dit qu'on s'était laissés emportés par le feu de l'action. Il m'a interrogé avec insistance quand on est rentrés dans son temple avant de manger, mais il a semblé accepter ce que je lui ai dit. Que Minos t'avait insulté, ce qui est vrai car c'est par ça qu'il a commencé, en fait... – Et comment Mû a-t-il pris le fait que tu te sois... incrusté dans leur petite soirée ? – Bien, apparemment, il avait même l'air heureux que je sois là... – Alors, tu vois ?! Il apprécie ta compagnie. Il doit se demander pourquoi tu es venu et surtout resté, d'ailleurs, ça ne te ressemble pas... – En fait, je suis venu lui rapporter son flacon d'huile de menthe et la tension a commencé à monter entre Minos et moi quand je les ai surpris tous les deux dans l'atelier, alors Mû a proposé du thé pour détendre l'atmosphère, ce que j'ai accepté pour rester. – Hein ? Tu as bu du thé ?! Toi ?!!! – s'exclama Kanon sans pouvoir s'empêcher de s'esclaffer – Mon frère, tu es vraiment accro, dis donc ! Euh... Attends... Tu as dit que tu les avais... surpris dans l'atelier ? – ajouta-t-il une fois qu'il se fut calmé. – Oui. Enfin, pas vraiment... Quand je suis arrivé au temple, il n'y avait personne dans le salon et aucun bruit nulle part. J'ai appelé Mû et il m'a répondu qu'ils se trouvaient dans l'atelier. Je m'y suis rendu immédiatement et je les ai vus... Mû avait l'air un peu... gêné et Minos me regardait d'un air sombre comme si je venais juste de les interrompre. Il se tenait tout près de lui... – Enfin, Saga, ça ne veut rien dire... Et puis, franchement, un atelier, ce n'est pas très romantique... – Apparemment, le griffon trouve tous les endroits exotiques pour batifoler... – Et Mû... Il t'a donné l'impression d'être... sensible au griffon ? – Non, pas vraiment, mais Mû est très difficile à cerner de ce point de vue. Il est tellement pudique et discret... Je ne sais absolument pas ce qu'il ressent. Il ne montre aucune émotion. Il ne répondait même pas aux regards que Minos lui envoyait. – Peut-être tout simplement parce qu'il ne ressent absolument rien pour ce stupide Juge ?! – Je ne sais pas... Il cache peut-être son jeu, tout simplement. Il est si réservé... – Ecoute... Pour le peu que je connais de lui, Mû semble effectivement très réservé et pudique et je ne le vois pas tomber dans les bras du premier venu aussi rapidement, si charmeur soit-il. A mon avis, Minos essaie de te rendre fou de jalousie et tu tombes dans le panneau à pieds joints en entrant dans son jeu... Franchement, Saga, tu vois bien comme Mû est gêné de voir le griffon s'accrocher à lui dans les escaliers... – C'est peut-être parce que c'est au vu de tout le monde et qu'il préfère plus de discrétion... – Ecoute... Arrête de te miner et de laisser ton imagination prendre le pas sur ta raison. Tu te fais du mal, et si ça se trouve, pour rien. – Je les ai vus aller ensemble vers la chambre qu'occupe Minos en partant... – lâcha Saga d'une voix sombre. – Ah... Cette fois, Kanon ne trouva rien à dire. Il n'y avait rien à ajouter... – Minos lui a demandé un nouveau massage... – précisa quand même Saga en bougonnant. – Bon, et bien, ce n'est qu'un massage... – tenta de minimiser Kanon. – Oui, mais qui sait ce qui va se passer après... – Minos va peut-être s'endormir sous les bons soins de Mû ? Va savoir... Ce serait drôle, d'ailleurs, non ?! Saga réfléchit un instant. Il n'avait pas du tout envisagé cette éventualité. Après tout, oui, pourquoi pas ? L'idée lui redonna du baume au coeur. Cependant, le seul moyen de le savoir, c'était d'aller voir, mais quel prétexte aurait-il, cette fois ? Il avait déjà rendu son huile de menthe au bélier. Il n'allait quand même pas déjà lui rapporter son livre ? Il ne l'avait même pas encore commencé... Il pouvait faire des tas de choses à la vitesse de la lumière, mais quand même... Comme s'il avait lu dans ses pensées, Kanon reprit : – De toute façon, Saga, tu ne peux pas les surveiller en permanence et encore moins te poster en chien de garde devant la chambre de Mû ou de Minos. Essaie de te rapprocher de Mû dans la journée et de passer à nouveau la soirée avec eux, pour attirer l'attention de Mû. C'est tout ce que tu peux faire, et si Mû apprécie vraiment ta compagnie et voit que tu recherches la sienne, c'est lui qui fera un pas vers toi... Minos ne restera pas éternellement ici, il partira bientôt, alors que toi... Tu auras le champ libre... Saga sembla décolérer. Le bélier avait montré sa sollicitude envers lui en le soignant et en auscultant l'état de cicatrisation de ses blessures, et il lui avait spontanément prêté un livre sur un sujet qui le passionnait alors qu'il ne lui avait rien demandé, simplement en l'entendant l'évoquer. Le souvenir de deux grands yeux mauves qui lui souriaient par-dessus une tasse fine tandis que le bélier sirotait son thé au beurre en l'écoutant parler lui revint en mémoire et acheva de le calmer. Mû ne l'avait pas repoussé. Mû ne lui en avait pas voulu bien qu'il ait sévèrement blessé le griffon dont le bélier avait la charge. Mû l'avait même soigné. Et Mû avait voulu partager ce livre avec lui. Saga remercia son frère de ses bons conseils et alla se coucher plus sereinement qu'il n'était rentré. Il s'allongea, résolu à tenter sa chance le lendemain et à éjecter ce stupide Juge qui finirait bien par retourner aux Enfers de toute façon. Il pourrait même aider à accélérer son retour... Il s'endormit sur cette plaisante idée, bercé par le doux souvenir d'une cosmo-énergie douce et chaude, d'un regard mauve plein de sollicitude, d'un sourire tendre et d'un petit rire frais et cristallin. *** Chapitre suivant “Rendez-vous” ici. ;) Si vous souhaitez laisser un commentaire, c’est ici :
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