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''Etroite collaboration'' by Ariesnomu / Mu Saga 4 ever (décembre 2008) Chapitre 7 : Investigations (suite) Athéna convoqua tous ses chevaliers en urgence pour leur exposer rapidement la situation et l'état d'urgence fut décrété. Tous les chevaliers d'or devaient être sur le qui-vive, porter leur armure et assurer la garde du Sanctuaire à tour de rôle, de jour comme de nuit, et noter le moindre incident ou détail étrange. Plus rien ne devait être considéré comme anodin. Saga avait reçu une missive au sein-même du Sanctuaire apportée par la voie des airs, par un messager insoupçonné et insoupçonnable mais porteur d'un cosmos étranger que nul n'avait détecté, probablement à cause de la taille négligeable du messager. Il appartenait donc à chacun d'être extrêmement vigilant et de relever tout ce qui pouvait sortir de l'ordinaire. Et surveiller en particulier tout ce qui volait ou rampait et émettait des ondes particulières. Ils se calèrent tous pour ce faire sur cette longueur d'onde en sondant à tour de rôle les restes de l'oiseau, la lettre et le collier, dont les bribes de cosmos qui en émanaient s'atténuaient rapidement. Apparemment, Saga s'était rendu au rendez-vous nocturne qui lui avait été fixé, non sans avoir vérifié son armure auparavant, comme pour s'assurer qu'elle était prête à le servir, et avant de disparaître, il était entré en résonnance avec elle, comme pour qu'elle se tienne prête à intervenir à son appel, comme s'il avait pressenti un danger. Sauf qu'il ne l'avait pas appelée. Pourquoi, alors qu'il avait semblé être en difficulté ? N'en avait-il pas eu le temps, ou en avait-il été empêché ? Heureusement qu'à travers leur lien, il avait, consciemment ou non, transmis tout ce qu'il avait vu avant de disparaître, pour laisser un dernier témoignage sur ce qui s'était passé. Pourquoi donc maintenant ne pouvait-il la joindre et réciproquement ? Pourquoi son frère jumeau ne pouvait entrer en contact avec lui par leur lien psychique retrouvé, et pourquoi le Pope ni même Athéna n'y parvenaient pas davantage demeuraient un mystère. Est-ce que quelque chose faisait barrière et empêchait ces connexions de se créer ? Car Saga était apparemment encore en vie, puisqu'il n'avait pas franchi le seuil du royaume d'Hadès. Ce qui leur laissait l'espoir de le retrouver... Mais qui pouvait être assez puissant pour occulter ainsi un chevalier d'Athéna à sa Déesse-même ? L'oeil de Râ... Etait-ce donc le dieu égyptien qui avait enlevé Saga ? Mais pour quelle raison ? Et personne, pas même Athéna n'avait perçu son cosmos cette nuit-là. Même si elle dormait, en tant que Déesse, elle aurait forcément ressenti le cosmos émanant d'un autre dieu si près de son Sanctuaire. Mais tel n'avait pas été le cas. Et pourquoi le Dieu aurait-il enlevé Saga ? Râ était censé protéger la terre au même titre qu'Athéna, quelle raison avait-il de s'en prendre à un de ses fidèles serviteurs ? D'autant que cet enlèvement avait manifestement été prémédité, et perpétré qui-plus-est sur les terres-mêmes de la Déesse grecque... Et pourquoi justement Saga ? Car apparemment, cela n'avait pas été fait au hasard... Il y avait d'abord ce corbeau qui avait de toute évidence espionné le gémeau, au moins lors de son combat contre Minos. Il était vrai qu'il avait eu lieu en plein air, dans une des arènes d'entraînement, ce qui avait facilité la tâche de l'oiseau. D'ailleurs, désormais, tous devaient scanner les arènes lors des divers entraînements de la journée. C'était au demeurant un excellent exercice très nouveau, devant faire face à un adversaire à combattre et surveiller ses arrières en même temps de tous les côtés, jusque dans les airs, ce qui n'était jamais arrivé jusqu'à présent et exerçait tous leurs sens. Et puis, il y avait la lettre qui témoignait que c'était Saga qui était visé. Mais peut-être était-ce un simple concours de circonstances, faisant suite à l'altercation surprise entre le griffon et le gémeau, un prétexte opportun pour attirer ce dernier sans éveiller de soupçon sur l'auteur réel de la missive après la disparition de celui-ci, et sans alerter le gémeau non plus avant son rendez-vous fatidique. Tout en reportant la suspicion sur Minos. C'était finement joué... Mais quelle serait la prochaine étape, maintenant ? Râ allait-il s'en prendre à la déesse-même ? Car il n'allait vraisemblablement pas se contenter de séquestrer un de ses plus puissants chevaliers et cela faisait déjà deux jours que le gémeau avait disparu... N'étant pas habitué par le passé à être son contemporain, Râ craignit-il qu'Athéna en demeurant sur Terre plus longtemps que prévu lui dispute son hégémonie sur la Terre et avait-il l'intention d'attaquer le Sanctuaire ? La protection autour d'Athéna fut donc renforcée et Shion ne la quittait plus, en alternance avec son vieil ami Dokho. Il surveillait les abords extérieurs de sa chambre la nuit, tous ses sens en éveil, tout en observant attentivement les étoiles, étudiant leur langage et observant tout signe en provenance des astres susceptible de fournir des informations sur ce qui pouvait se passer au niveau des temples égyptiens. Il épluchait également les registres des Popes pour tenter de déceler dans les cartes du ciel, qui étaient tenues quotidiennement par lui et ses prédécesseurs en diverses heures de la nuit, si des étoiles ou constellations qu'il pouvait supposer se rapporter aux égyptiens se démarquaient des autres d'une façon ou d'une autre, cherchant à déchiffrer dans leur position et leur éclat si elles annonçaient une réincarnation, comme c'était le cas pour eux, chevaliers d'Athéna, et pour leurs déités grecques. Car chaque fois qu'un chevalier naissait, quel que soit son rang, sa constellation brillait d'un éclat particulier à une certaine heure durant les jours précédant et suivant sa naissance, atteignant son paroxysme lorsque le chevalier était né, et lorsque Athéna se réincarnait, c'étaient toutes les constellations du zodiaque qui entraient comme en communion, scintillant de concert puis à tour de rôle dans l'ordre zodiacal. Seuls les yeux exercés du Pope ou d'un chevalier averti pouvaient le déceler, cependant, et uniquement depuis un alignement que la position du Sanctuaire permettait d'observer. Et tant qu'un chevalier vivait, sa constellation brillait d'un éclat constant, ne perdant de son éclat que lorsqu'il s'éteignait, mais gagnant une nouvelle étoile car c'était sous cette forme qu'il la rejoignait, mêlant son cosmos à sa représentation astrale. Il devait sûrement en être de même pour les dieux égyptiens. Ils devaient également avoir une garde rapprochée qui devait nécessairement naître avant eux afin d'être capable de les protéger lorsqu'ils se réincarnaient. Car même si la plupart de ses membres étaient encore de jeunes enfants de sept ans, l'ordre de la chevalerie d'or d'Athéna était formé et avait été réuni au grand complet au Sanctuaire quand Saori avait vu le jour. Ce qui signifiait que si les remous que Kagaho et Pharaon avaient ressentis en provenance de leurs pays étaient la marque d'une réincarnation prochaine ou avérée d'une divinité égyptienne, alors, ses protecteurs étaient probablement nés et déjà bien entraînés, prêts à guerroyer. Et si les 88 constellations divisant le ciel et répertoriées depuis la nuit des temps (selon l'union astronomique internationale) correspondaient intégralement à la chevalerie d'Athéna, il y avait forcément des étoiles dans la voûte céleste qui représentaient les autres divinités appelées un jour ou l'autre à séjourner sur Terre, ainsi que leurs protecteurs. Par exemple, les sept guerriers divins défendant le royaume d'Asgard et obéissant au dieu nordique Odin étaient représentés par les sept étoiles principales de la Grande ourse, qui veillait sur le nord de la planète tout en faisant partie des 88 constellations représentant l'ordre d'Athéna. Quant aux 108 spectres de Hadès, ils étaient représentés chacun par une étoile céleste qui n'appartenait à aucune de ces constellations. Alors, il y avait forcément une combinaison ou des étoiles particulières qui devaient représenter les divinités égyptiennes et les combattants chargés de les protéger. Le tout était de trouver lesquelles et comment elles étaient agencées. Hélas, Saga durant ses treize années d'usurpation, n'avait pas tenu le journal des constellations en différentes heures de la nuit ni dessiné de cartes du ciel, qui auraient pu leur apporter de précieuses informations sur les possibles naissances survenues durant ce temps, notamment de ces guerriers destinés à protéger une divinité égyptienne appelée à se réincarner sitôt la disparition des dieux grecs et de leurs chevaliers. Et Saga étant précisément celui qui avait été enlevé, il n'était même pas possible de sonder sa mémoire pour essayer de reconstituer des cartes du ciel d'après ce qu'il avait observé pendant cette période, car Shion ne doutait pas que malgré tout, Saga avait perpétué cette tradition des grands Popes en montant sur Star Hill pour déchiffrer le langage des étoiles, ne serait-ce que pour sa propre survie. Mais il n'en avait gardé aucune trace écrite, malheureusement. Alors, est-ce que cela pouvait être la raison pour laquelle le gémeau avait été enlevé ? Pour éviter qu'en sondant sa mémoire, l'ordre d'Athéna puisse identifier l'émergence d'un sanctuaire égyptien... concurrent et contemporain ? Heureusement que Shion et ses prédécesseurs avaient soigneusement consigné toutes leurs observations dans les registres des Popes, en les répertoriant et en les classant soigneusement, par ordre d'importance ou par type d'évènement, ce qui en facilitait la consultation. Cependant, leur étude représentait encore un travail titanesque et Shion fut aidé en cela par Mû et Minos, déjà aguerris par leurs précédents travaux de recherches et de recoupement, et ils tentaient par ailleurs d'exploiter les dernières informations reçues de Kagaho et Pharaon pour retrouver la trace de Saga, tandis que les deux spectres essayaient d'analyser tous les mouvements perçus les deux jours précédents pour tenter d'identifier et de localiser où pouvait se trouver le gémeau. Or, plusieurs pistes étaient possibles. Ils avaient en effet relevé divers signaux en terme de cosmos et de remous, ainsi que des déplacements furtifs, mais ils étaient nombreux et même pour certains contradictoires, comme si quelqu'un essayait de brouiller les pistes. Ils s'étaient même séparés pour suivre chacun une voie mais en vain, cela n'avait rien donné. Ce fut sur un autre terrain toutefois que les deux spectres apportèrent une précieuse contribution. En effet, la visibilité était particulièrement favorable dans les déserts égyptiens pour observer les astres, ils pouvaient donc apporter leur vision et leur interprétation de ce qu'ils distinguaient depuis leur angle d'observation, qui différait de celui du Sanctuaire. Ce fut Minos qui en eut l'idée. En tant que Juge, il était habilité à observer les étoiles depuis les Enfers et à en interpréter le langage, ce qu'il avait toujours aimé faire. Dans sa Norvège natale, les longues nuits polaires lui avaient donné l'occasion dans son enfance d'admirer les aurores boréales dansantes de la Laponie qui l'avaient toujours fasciné, et même s'il s'agissait uniquement d'un simple phénomène physique aux explications toutes rationnelles, à savoir l'entrée dans l'atmosphère des particules de lumière issus de vents solaires, il avait pris goût à observer le ciel et la voûte étoilée. Il le faisait régulièrement avec son ami Eaque, qui lui aussi était fasciné par le spectacle grandiose des étoiles, qu'il avait appris à étudier depuis sa petite enfance depuis les hautes montagnes de son Népal natal. Eaque lui avait confié que, vues depuis le château d'Hadès, qui leur renvoyait les images du ciel via un savant jeu de miroirs, les constellations avaient une apparence différente de ce qu'il avait l'habitude de visualiser depuis les sommets de l'Himalaya, se trouvant légèrement déformées et déplacées dans le ciel. Minos passa donc une bonne partie de la nuit à observer les étoiles aux côtés de Mû depuis le toit du temple du bélier où Mû les avait téléportés, chacun étudiant une portion de la voûte céleste, Mû en contact télépathique avec Shion pour échanger leurs points de vue et Minos en contact radio avec Kagaho et Pharaon. Tout comme son confrère Eaque, Minos remarqua qu'il avait une vision du ciel différente depuis le Sanctuaire de celle à laquelle il était habitué depuis les Enfers, le point d'observation qu'il utilisait via le château d'Hadès étant bien plus au nord. La différence n'était pas aussi marquée qu'entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud où l'apparence de la lune et des constellations est proprement inversée *, mais il remarqua que les courbures des constellations étaient légèrement différentes et que certaines étoiles lui semblaient alignées là où elles formaient des angles de son observatoire habituel, voire étaient complètement cachées par une autre étoile plus proche et plus brillante et inversement. Il demanda alors aux deux spectres égyptiens de lui décrire très précisément ce qu'ils voyaient de leur côté pour une même constellation ou un même alignement. Depuis leur point d'observation, ceux-ci confirmèrent que ces éléments leur apparaissaient différemment de ce qui était vu du Sanctuaire. Ils passèrent de longues heures à comparer tout ce qu'ils voyaient cette nuit-là, qui fort heureusement était claire et permettait d'observer parfaitement le ciel, avec ce que les spectres visualisaient depuis l'Egypte et également avec les cartes du ciel qui avaient été établies à la fin de chaque guerre sainte entre Hadès et Athéna. Leur labeur sembla porter ses fruits lorsqu'ils identifièrent plusieurs groupes d'étoiles récurrentes qui étaient rapportées comme scintillant particulièrement vivement dans les années qui avaient suivi les guerres saintes. Notant l'heure avancée de leur survenance, ils attendirent 3h du matin, se réjouissant que le Sanctuaire et le désert égyptien se trouvent sur le même fuseau horaire, et virent finalement avec satisfaction une vingtaine de ces étoiles brillant d'un éclat particulièrement intense à différents intervalles, certaines en même temps, d'autres les unes après les autres, le tout pendant un peu plus d'une heure. Cela ne ressemblait à rien à première vue, mais Minos eut l'idée de dessiner leur position sur une feuille de papier et de les relier entre elles, telles qu'elles apparaissaient aux yeux de Kagaho et Pharaon, et alors que le résultat était très quelconque vu depuis le Sanctuaire d'Athéna, il leur sembla voir apparaître deux symboles stylisés et emmêlés dans la carte du ciel égyptien. Celui de l'ânkh, ou croix ansée, et celui élancé de la coiffe haute que portent les déesses célestes égyptiennes. C'étaient des symboles qui représentaient habituellement la déesse Isis. *** Encouragés par cette découverte, ils passèrent la nuit entière à étudier attentivement le ciel et la course des étoiles sur la voûte céleste, en les couplant avec les informations fournies par les journaux des Popes et les dernières découvertes de Kagaho et Pharaon. Ils finirent par acquérir la certitude que Isis et Osiris s'étaient réincarnés depuis peu. Par contre, ils n'entrevoyaient rien concernant Râ, ce qui était assez étrange. Ils ne distinguèrent rien non plus concernant d'autres divinités du panthéon égyptien. L'oeil de Râ... Cela laissait supposer que Saga pouvait être retenu dans le temple du dieu soleil ou dans un de ses temples secrets. Or, Kagaho et Pharaon pensaient avoir identifié le principal temple de Râ mais ils n'avaient trouvé qu'un temple à l'abandon. Ils avaient toutefois réussi deux jours plus tôt à pénétrer dans une chambre secrète après avoir déjoué de nombreux pièges et fausses pistes, et elle s'était révélée être la salle des archives, une immense bibliothèque compilant des millénaires de savoir sur d'innombrables étagères jusqu'au plafond, très élevé, portant un nombre incalculable de rouleaux de papyrus soigneusement rangés et protégés derrière des vitrines, un véritable trésor d'une valeur inestimable. Mais cette chambre avait apparemment été visitée récemment, quelques semaines tout au plus, à en juger par les traces et les odeurs qu'ils avaient relevées sur place : une lampe à huile dépourvue de poussière avait manifestement été utilisée peu de temps auparavant, impression corroborrée par les odeurs caractéristiques qui flottaient encore légèrement dans l'air et étaient restées emprisonnées dans les tissus du large fauteuil et les étoffes ornant la chambre secrète, et des restes récents de torches sur le chemin labyrinthique témoignaient que quelqu'un était venu visiter les lieux quelques jours ou semaines auparavant. Quelqu'un s'était assis au bureau richement sculpté dans le lourd et grand fauteuil de soie qui lui faisait face, ils étaient à peine recouverts de poussière, les accoudoirs et les coussins avaient été soigneusement époussetés et le plan de travail du bureau était très net. Trop net pour avoir été délaissé pendant des siècles. Ils remarquèrent dans les étagères des places vides en plusieurs endroits et en conclurent que des documents avaient été enlevés, sans pouvoir déterminer si cela était récent ou non, car les vitrines empêchaient la poussière de se déposer, et l'examen approfondi des papyrus adjacents ne leur avait pas permis d'identifier avec certitude la teneur des documents disparus. Ils avaient scanné l'endroit et ressenti des traces de cosmos inconnus. Un mélange d'auras diverses. Et des ondes négatives, surtout. Des cosmos qui avaient dû séjourner un certain temps ici et y avaient été concentrés dans cet espace relativement confiné pour en laisser des traces encore perceptibles plusieurs jours et mêmes des semaines plus tard. Alors, plusieurs personnes étaient venues ici récemment ? Ils avaient cherché des empreintes de doigts sur les vitrines et de pas dans les couloirs mais sans en trouver d'élément probant. Les vitrines avaient été soigneusement nettoyées en certains endroits, laissant supposer que la ou les personnes qui étaient venues là connaissaient parfaitement le lieu ou savaient exactement ce qu'elles cherchaient. Qui avait bien pu entrer dans cette chambre secrète du temple de Râ ? Alors que le temple lui-même était laissé à l'abandon ? Et qu'aucun signe avant-coureur ne laissait présager de sa réincarnation proche ou déjà effectuée ? Ils avaient surveillé le lieu pendant les deux jours qui avaient suivi, mais n'avaient rien perçu ni vu personne. Aucun mouvement, aucun remous, ni aucune trace de cosmos ne s'était manifestés. Si les protecteurs du dieu égyptien préparaient sa venue, ils auraient logiquement investi le temple et tout au moins placé des barrières de protection pour en empêcher l'accès. A moins qu'il n'y eût des accès cachés par des passages secrets et que l'abandon du temple n'était qu'apparent... Un leurre comme seuls les Egyptiens en avaient le secret... Ils avaient sondé la pièce en long, en large et en travers, à la recherche de portes cachées derrière les étagères, au sol ou au plafond, mais sans succès. Finalement, ils s'endormirent tous sur ces interrogations sans réponse et le lendemain, Shion fit part de leurs conclusions à Athéna. Mû demanda à partir enquêter sur place à la recherche de Saga. Ayant eu à sonder l'esprit du gémeau quelques jours plus tôt, il était entré en harmonie avec lui et pourrait identifier son cosmos à distance grâce à ses pouvoirs psychiques. De plus, il voulait se rendre dans la fameuse chambre secrète pour comparer les restes des cosmos qui y étaient encore présents avec celui émanant du corbeau et de la lettre. Kanon voulut l'accompagner mais Athéna refusa, elle souhaitait n'envoyer qu'un seul de ses chevaliers, celui qui maintenant connaissait le mieux la question égyptienne grâce au considérable travail de recherche qu'il avait mené à la bibliothèque avec le griffon depuis maintenant plus d'une semaine. Car si le Sanctuaire devait subir une attaque prochaine, il était nécessaire que tous les chevaliers d'or soient à leur poste et Saga étant déjà absent, il était hors de question de laisser deux temples à l'abandon sur les trois premières maisons du domaine sacré. De plus, Mû étant télépathe, il pourrait les tenir informés à tout moment où qu'il soit et en temps réel de l'avancée de ses recherches et en cas d'urgence, ayant le don de se téléporter, il pouvait revenir à tout instant et en un clin d'oeil au Sanctuaire pour défendre son temple ou prêter main forte à ses frères d'armes, si par hasard ils se trouvaient débordés par le nombre de leurs ennemis potentiels. Minos demanda à accompagner le bélier, ce qui lui fut accordé, car lui aussi en connaissait un rayon désormais sur la question. Mais surtout, il avait été mis en cause dans le mot retrouvé sur la carte adressée à Saga alors qu'il n'y était pour rien et entendait participer aux investigations, pour prouver sa bonne foi. Et rester aux côtés du bélier. Même si celui-ci était désormais très inquiet pour le stupide schizo et ne le cachait pas. *** L'Ennemi souriait avec cruauté devant la torture psychique qu'il infligeait au gémeau, pris de convulsions incontrôlables et hurlant à devenir fou, se tordant de douleur comme un ver contre la paroi et se débattant comme il le pouvait contre les chaînes et les gaines métalliques qui le retenaient implacablement prisonnier contre le mur froid, à la merci de son tortionnaire. Il était fort, très fort mentalement, mais pas assez pour lui résister, ni pour lui cacher ce qui lui tenait le plus à coeur. L'esprit tourmenté et les antécédents du gémeau en faisaient même une proie facile pour l'Ennemi, qui voyait très clairement en lui et pouvait lire dans les pensées du chevalier comme dans un livre ouvert, il n'avait qu'à tourner les pages et se servir pour savoir ce qui l'intéressait. Il rencontra bien de la résistance au début, mais celle-ci s'effilochait au fil des séances et cela faisait deux jours que cette torture durait.... Saga résistait à ses assauts sauvages autant qu'il le pouvait, il n'était pas le premier venu, il avait naturellement de la volonté à revendre et en tant que maître des illusions, il possédait une force psychique considérable, mais emprisonné derrière ces puissantes barrières qui l'isolaient de ses pairs, privé de son cosmos, affaibli par un puissant poison et les diverses vapeurs insidieuses qu'il respirait sans discontinuer, épuisé aussi par le manque de sommeil quasi continu depuis deux jours, il avait de plus en plus de mal à tenir tête à cet ennemi puissant et impitoyable. Il se rappela comme lui-même avait fait subir ses attaques psychiques à de pauvres chevaliers plus faibles et connut une brève idée de ce qu'ils avaient subi et ressenti alors, la douleur aigüe provoquée par ces assauts, intense et insupportable, à la fois physique et psychique, du genre qui détruit une personnalité, une âme humaine. Même lorsqu'il avait été possédé par le démon, pendant ces treize années de malheur qui avaient conduit à la sanglante et fratricide bataille du Sanctuaire, il n'avait pas vécu cela. Il avait au moins connu des périodes de répit, rendu à cet ennemi invisible qui habitait sa tête et le laissait en paix quand rien ni personne ne s'opposait à son autorité, ce qui avait été le cas durant de longues années... – Mon jeune ami, il est inutile de résister... – déclara l'Ennemi en le regardant en biais d'un air désolé comme s'il était navré de le voir souffrir de la sorte – Je saurai exactement tout ce que je veux, de toute façon, tu ne peux pas lutter... Et tu feras exactement tout ce que je veux... – ajouta-t-il sur un ton doucereux et d'autant plus dangereux en lui souriant sournoisement – Tu te prosterneras bientôt devant moi et seras mon pantin servile et obéissant, la main qui exécutera tous mes ordres et servira mes noirs desseins... Doublement... Ha ha ha ha ha ! Un nouvel éclat de rire sinistre et maléfique rententit en se répercutant sur les murs de pierre où il trouvait un écho qui se répétait indéfiniment, tandis que Saga se démenait désespérément et en vain sur ses chaînes pour résister aux assauts furieux de l'Ennemi dans sa tête. Celui-ci vit avec intérêt l'image qui se formait malgré lui dans l'esprit du gémeau... Une silhouette haute et élancée, à la fois fine et musclée, un visage d'ange à la surnaturelle beauté, un port noble, des yeux profonds d'un violet à se damner, une longue chevelure mauve lisse et ondoyante... De grands yeux en amande purs et limpides, au regard profond et intense, à la fois doux et sérieux, des traits fins et délicats, deux points rouge sur le front à la place des sourcils au-dessus des paupières effilées... Une voix douce, sereine et éthérée... – Ainsi, c'est lui que tu essayes de me cacher ? Voyons... Mais on dirait que tu tiens... beaucoup... à ce charmant jeune homme... – susurra l'Ennemi sur le ton de la confidence – N'est-ce pas ? – ajouta-t-il avec un éclatant sourire jaune et fourbe. L'Ennemi redoubla de rire en voyant la mine déconfite du gémeau dont le visage était maintenant déformé par les efforts surhumains qu'il devait réaliser pour chasser cette image de son esprit et la colère qui l'envahissait de ne pouvoir y arriver. Ses yeux étaient quasiment exhorbités et injectés de sang, ses traits déformés par la douleur et l'effort, et si ce n'était par sa couleur de cheveux qui demeurait intacte, le gémeau n'était plus très loin de l'image d'Arlès qu'il avait été autrefois lorsqu'il était possédé et tenaillé par cette infâme double personnalité qui avait détruit sa vie. – Ma foi, je te comprends – continua placidement l'Ennemi en jubilant intérieurement, se délectant de l'état de décomposition progressif de son prisonnier – il est fort beau, jeune et... très... séduisant... Oui... Tes sentiments pour lui sont forts, très forts... Voilà qui est bien intéressant... – laissa-t-il courir avant de repartir dans un nouveau rire gras et tonitruant. Le gémeau enrageait, au bord de l'explosion, de ne pouvoir occulter ce secret qui lui était si cher et qu'il gardait au plus profond de son coeur. L'image se transforma légèrement, pour laisser apparaître d'imposantes cornes d'or au niveau du cou et des épaules de la longue silhouette, puis le métal doré et resplendissant du plastron qui recouvrait le buste puis celui des avant-bras, des bras, de la jupe et des jambières... Pour enfin laisser apparaître son jeune et puissant confrère dans toute la splendeur de son étincelante armure d'or qu'il portait fièrement, imposant de noblesse et de majesté qui en rehaussaient l'éclat, cette armure à laquelle il n'avait jamais fait défaut, lui, loyal et fidèle en toutes circonstances, jusqu'au bout, envers et contre tout... L'Ennemi exulta littéralement. Il avait bien sûr déjà reconnu le bel éphèbe mais pouvoir le jeter en pleine face au gémeau ne pouvait que l'affaiblir psychologiquement. Après tout, n'était-ce pas à cause de lui que le gémeau s'était battu contre le Juge des Enfers puis était tombé à pieds joints dans le piège que l'Ennemi lui avait tendu ? Le chevalier du bélier était sa faiblesse, il allait pouvoir en profiter, et prendre aussi une revanche, en quelque sorte, car à cause dudit chevalier, son corbeau avait été repéré et il avait dû l'éliminer pour éviter que les chevaliers et le Juge des Enfers remontent jusqu'à lui. Heureusement qu'il avait eu ce moyen de supprimer l'oiseau à distance par le biais de ce collier. Mais il ne pouvait plus surveiller le Sanctuaire comme il l'aurait souhaité et en était très contrarié. Il ne pouvait pas courir le risque d'envoyer un autre de ses espions, même rampant au lieu de voler, pour changer, car maintenant que les chevaliers d'Athéna avaient découvert qu'ils étaient espionnés, ils allaient se méfier de tout et sonder tout élément suspect. D'autre part, il ne pouvait plus faire passer la disparition de Saga comme anodine. Athéna devait être sur ses gardes, à présent. Il espérait juste que le collier avait bien été détruit et que les symboles égyptiens au dos ne seraient plus visibles, il ne fallait surtout pas qu'ils puissent remonter la piste égyptienne. Pas encore, du moins... Il pouvait encore espérer bénéficier de l'effet de surprise et provoquer ce qu'il avait longuement fomenté... – Ma parole, mais qu'avons-nous là !... Ainsi, c'est donc lui, le fameux chevalier d'or du bélier, le disciple de votre grand Pope, l'Atlante aux pouvoirs mentaux que les spectres redoutaient tant, au point que leur spécialiste en la matière ait exigé de s'occuper de lui personnellement !... Il s'était bien ramassé, d'ailleurs, le brave petit papillon... Pourtant, il n'était pas le premier venu... Tu vois, je suis plutôt bien renseigné, hein ?!... Il eut un petit sourire satisfait et intéressé, avant d'ajouter, pensif : – Quelle belle prise ce serait... Oui... Une prise de choix... Deux des plus puissants chevaliers d'Athéna à ma merci, parmi les plus forts mentalement et dévoués à la déesse... Oui... Deux chevaliers au-dessus de tout soupçon... Qui me serviraient servilement... Son sourire s'élargit devant le regard désespéré du gémeau. – Voyons... Comment attirer ce bel éphèbe dans mes filets ?... En me servant de toi, bien sûr... – ajouta-t-il avec un rire maléfique qui n'augurait rien de bon... – NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! – fut le hurlement déchirant que poussa Saga avant de perdre connaissance, comme assommé et vaincu par cette perspective. *** Alors, que va-t-il se passer ?! ;D Réponse dans le chapitre “Enquête conjointe” ici ! ;) Et si vous souhaitez laisser un commentaire, c’est ici : * Dans l’hémisphère sud, l'image de la lune est totalement inversée, le premier quartier de lune a l'apparence du dernier quartier et vice-versa ! De même, on y voit la constellation d'Orion à l'envers !
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