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''Etroite collaboration'' by Ariesnomu / Mu Saga 4 ever (janvier 2009) Chapitre 8 : Enquête conjointe (suite) Après avoir terminé son inspection, le nouvel arrivant posa la lampe à huile sur le bureau et choisit des papyrus dans plusieurs vitrines sous l'oeil attentif de Mû et Minos qui demeuraient suspendus dans les airs, parfaitement immobiles et respirant le plus discrètement possible pour ne produire aucun son tout en dissimulant leur cosmos. Heureusement qu'aucun des deux n'était allergique à la poussière car sinon, tous leurs efforts pour cacher leur présence auraient été anéantis d'un simple éternuement. Ils observaient attentivement ce que faisait l'homme en-dessous d'eux en enregistrant tout ce qui émanait de lui. Son cosmos était puissant mais ne dégageait en rien une aura malveillante, contrairement à celle qui avait imprégné la lettre et le corbeau. Elle n'émettait pas sur la même longueur d'onde et surtout, elle correspondait aux faibles bribes de cosmos qu'ils avaient relevés sur les vitrines en arrivant. Ainsi, cet homme était déjà venu ici... L'homme étala alors les papyrus sur le bureau mais au lieu de les disposer tous ensemble face à lui, il les plaça en quinconce, et depuis leur position élevée, Mû et Minos eurent la surprise de voir apparaître à l'envers ce qui ressemblait à un plan détaillé. L'homme étudia attentivement la carte improvisée et se retourna vers les étagères du fond. Il déplaça une échelle qui était posée dans un recoin sombre et y grimpa, puis ouvrit plusieurs vitrines situées à différents niveaux, en regardant de temps à autre sur le bureau comme pour s'assurer qu'il ne se trompait pas et semblant prendre des indications pour les autres vitrines à ouvrir. Il y plongeait à chaque fois la main mais la retirait sans rien prendre. Puis il redescendit de l'échelle et déplaça celle-ci vers d'autres rayonnages, où il recommença son manège. Mû et Minos s'entre-regardèrent. Apparemment, c'était le plan de la bibliothèque qui s'étalait sous leurs yeux et l'homme était en train de chercher quelque chose. En suivant les instructions du plan. Et semblait actionner quelque chose à l'intérieur de chaque étagère. Ils attendirent en retenant leur souffle et au bout de quelques minutes, alors que l'homme avait apparemment terminé et avait replacé l'échelle dans le coin où il l'avait trouvée, un bruit sourd se fit entendre. Mû et Minos retinrent leur souffle. Est-ce qu'ils allaient voir apparaître l'entrée vers une autre pièce secrète ? L'entrée vers le Trésor du Temple ou même les appartements privés de Râ ? Des grincements métalliques et des roulements sourds se firent entendre, puis une partie d'une vitrine commença à pivoter sur elle-même jusqu'à totalement disparaître dans le mur, pour révéler à sa place une petite étagère portant en son milieu un coffret en bois finement ouvragé. L'homme saisit le coffret fermé par ce qui ressemblait à un sceau, au centre duquel on pouvait distinguer l'oeil de Râ. Il le posa sur le bureau et entreprit de l'ouvrir précautionneusement. Mais au moment où le couvercle fut entièrement relevé, il laissa échapper ce qui ressemblait fortement à un juron alors qu'il retirait vivement ses deux mains, comme s'il s'était brûlé. Mû et Minos se penchèrent légèrement pour pouvoir voir ce que contenait le coffret. L'intérieur était tapissé d'un épais velours bleu nuit où l'on pouvait distinguer en son centre la marque qu'aurait laissée un objet qui y aurait été conservé un certain temps et en avait moulé le fond. Cette marque était parfaitement circulaire, d'une grosseur un peu moindre que la paume d'une main. Sauf qu'il n'y avait rien. Car le coffret était vide. Parfaitement vide. *** L'homme sembla rassembler ses esprits puis referma le coffret et entreprit de le replacer là où il l'avait trouvé, remettant soigneusement la vitrine en place ainsi que tous les papyrus qu'il avait étalés. Puis il ralluma sa torche et éteignit la lampe et sortit précipitamment. Mû et Minos échangèrent un regard rapide juste avant que l'obscurité s'emparât de la pièce et Mû les téléporta tous les deux à l'extérieur en les maintenant dans les airs et invisibles à tout regard. Au cas où des gardes feraient le guet. Mais il n'y avait apparemment personne. Ils sondèrent rapidement les environs pour s'en assurer puis se cachèrent dans un renfoncement naturel de la haute paroi opposée à l'entrée secrète qui menait au temple de Râ. Il leur fallait suivre cet homme, qui semblait être un serviteur d'Isis à en juger par la bague qu'il portait. Mais que faisait-il dans le temple de Râ et qu'était-il venu chercher ? Et comment avait-il su comment trouver le coffret ? A priori, ils pouvaient supposer que Râ et Isis et Osiris étaient des divinités amies, peut-être même alliées contre leurs ennemis mythologiques respectifs. Mais si Râ ni ses protecteurs n'étaient pas encore réincarnés, comment se faisait-il qu'un représentant d'Isis puisse entrer librement dans le temple de Râ et s'y servir comme chez lui ou presque ? Ou peut-être que... Il leur faudrait vérifier cela ce soir... Il faisait déjà nuit dehors et le vent soufflait toujours, envoyant du sable et de la poussière en rafales régulières et cinglantes dans un ululement lugubre et froid. Ils furent frappés par la différence de température par rapport à celle qui les avait accueillis à leur arrivée. Ils avaient bien perdu une bonne trentaine de degrés en à peine quelques heures ! Minos en frissonna de toute sa hauteur, peu habitué à de telles amplitudes thermiques aussi soudaines. Surtout qu'entretemps, il s'était accoutumé à la chaleur écrasante de la Grèce. Il resserra sa tenue autour de lui, regrettant qu'elle soit si légère, mais bientôt, l'air emprisonné dans les nombreux plis l'isolèrent du froid externe tout en conservant sa chaleur corporelle. Cachés dans leur renfoncement, ils attendirent patiemment que l'homme sorte de derrière les éboulis pour le pister. En demeurant invisibles, ils pourraient le suivre à distance sans éveiller ses soupçons. Il le suivraient de loin et Mû les téléporterait au fur et à mesure pour ne pas le perdre de vue. Il n'avait pas besoin de son cosmos pour se téléporter. De plus, si le vent continuait de souffler contre eux, il n'apporterait pas à l'homme leur odeur si celui-ci avait des perceptions étendues. Ainsi, il ne recevrait aucune trace de leur présence. L'homme apparut enfin et regarda attentivement tout autour de lui. Son aura s'intensifia, l'entourant d'un halo clair et légèrement vert puis devant lui surgit un gigantesque anneau translucide tirant sur un vert d'eau clair. L'homme s'en approcha et s'engouffra d'un pas assuré et décidé dans l'anneau, qui était bien plus grand que lui. Il le traversa et y disparut, et avec lui, l'anneau se dématérialisa. *** Mû et Minos en restèrent bouche bée. L'homme avait apparemment ouvert une porte dimensionnelle et s'était déplacé vers sa destination à travers elle juste sous leur nez ! Mû et Minos se regardèrent vivement, atterrés. Ils n'avaient pas du tout prévu ça ! La seule piste tangible qu'ils avaient venait de disparaître sous leurs yeux au sens propre du terme. Mû sonda rapidement les environs puis se téléporta précipitamment auprès de l'endroit où l'anneau avait disparu. Il tenta d'en percevoir les dernières ondes mais elles étaient déjà trop ténues. Même si les dimensions n'étaient pas sa spécialité, il pouvait s'y déplacer et en revenir assez aisément. Il avait ainsi guidé Shaka lors de la bataille des douze maisons pour l'aider à revenir avec Ikki de l'espace interdimensionel où les deux hommes s'étaient trouvés bloqués. Shaka aurait pu revenir tout seul, mais son souci consistait à ramener le Phénix avec lui et cela, il ne pouvait le faire seul. Mû se concentra du mieux qu'il put, résistant aux violentes rafales qui semblaient vouloir le balayer et tenta de sonder tout l'espace où avait disparu la porte dimensionnelle, les mains tendues devant lui et ses pouvoirs psychiques déployés tous azimuts, ses points de vie froncé sous l'effort, cherchant désespérément à situer l'espace-temps de destination où l'homme s'était rendu, mais celui-ci en était déjà sorti et le bélier ne put donc identifier ne serait-ce que la direction approximative et la distance où le représentant de la déesse Isis s'était ainsi translaté. Minos le regardait faire, impuissant et triste. Il savait combien Mû était inquiet pour le stupide gémeau et toute piste permettant de le retrouver ou de savoir ce qui s'était passé revêtait une importance capitale. Mû essaya pendant de longues minutes, s'accrochant à ce mince espoir que constituaient les infimes traces laissées par l'anneau vert comme si sa vie en dépendait, même s'il savait que c'était peine perdue. Ils avaient une piste et elle s'était envolée juste sous leurs yeux et il ne pouvait rien faire pour la retrouver. Frustré, désespéré, vexé, il réitéra ses tentatives, encore et encore, étendant ses perceptions au plus haut point, jusqu'à leur extrême limite. En vain. Il finit par abandonner, la mort dans l'âme, et les yeux embués de larmes, il se tourna vers Minos, qui le regardait d'un air triste et grave, impuissant et compatissant. Ils n'eurent pas besoin d'échanger de mots. Leurs regards en disaient long. Ils n'avaient plus qu'à compter sur les pistes que suivaient Pharaon et Kagaho et l'enseignement que pourraient leur fournir les cartes du ciel. D'un seul regard et d'un hochement de tête, ils décidèrent de rentrer à leur repaire. Ils n'avaient plus rien à faire ici et Mû les y téléporta tous les deux. Minos serra sa main dans la sienne en le regardant avec compassion mais le regard du bélier était vide. *** L'Ennemi était circonspect. D'un côté, il jubilait quasiment. Il n'avait même pas besoin de mettre en oeuvre un piège alambiqué et risqué pour attirer une certaine proie depuis le Sanctuaire, celle-ci était venue d'elle-même sur ses propres terres. Que demander de plus ?! Mais elle était accompagnée, et par rien moins qu'un Juge des Enfers, ce qui l'avait fortement contrarié. Il allait devoir jouer finement pour gérer cette situation inattendue sans s'emmêler les pinceaux afin de mener à bien son plan machiavélique jusqu'au bout. Sans qu'ils puissent se douter de rien... Déjà, le chevalier d'Athéna et le spectre ignoraient qu'il les avait vus, ce qui était un bon point. Ils étaient en terrain inconnu alors que lui en connaissaient tous les recoins. Tous les passages secrets. Tous les pièges. Il se réjouissait tout particulièrement de tous ces postes de guet installés un peu partout qui lui renvoyaient via le médaillon une image en temps réel de ce qui se passait alentour, dans les lieux les plus stratégiques, là où il avait laissé des objets espions. Lui permettant de surveiller en toute discrétion ses adversaires et prochaines victimes sans être vu. Il caressa machinalement son précieux médaillon. Puis il reporta son attention sur son prisonnier. Le gémeau était de plus en plus décomposé par l'épuisement et la torture psychique qu'il lui infligeait nuit et jour. Pourtant, il n'avait pas encore craqué. Il était fort, très fort mentalement. Très résistant aussi physiquement. Résistant aux poisons qu'il lui injectait pour l'affaiblir psychiquement et physiquement. Résistant à la faim qui devait le tenailler, puisqu'il n'avait pas mangé depuis trois jours, maintenant. Tenace, le bestiau. Ce n'était pas un chevalier d'Athéna pour rien, un chevalier d'or et parmi les plus forts, de surcroît. Et le plus expérimenté. Habitué à souffrir. Habitué aux sacrifices. Prêt à tous les supporter. Il lui donnait à boire, cependant. Pas trop, mais suffisamment pour qu'il ne se déshydrate pas, car il avait besoin de lui vivant. Il ne s'était pas laissé faire, l'animal, croyant vraisemblablement que l'eau qu'il lui présentait était empoisonnée. Alors, il l'avait aspergé d'eau pour réhydrater son corps. Mais peut-être allait-il enfin céder. Quand il le verrait. Ce serait certain. Quand il le verrait souffrir. Quand il l'entendrait hurler de douleur. Sans pouvoir rien faire. Sinon assister impuissant à l'insupportable spectacle de la souffrance à l'état pur de celui qu'il aimait. Il sourit cruellement, dévoilant une rangée de dents jaunes aléatoirement alignées. – Ton petit ami est là, figure-toi – annonça-t-il à Saga – Il est venu en Egypte pour toi, à ce qu'il semble. Oh, il n'est pas venu seul, mais accompagné de ton copain griffon. Pour ne pas s'ennuyer, je présume... L'ennemi sourit en voyant la simple réaction que ses propos provoquèrent chez le gémeau, dont le regard sembla s'enflammer à cette seule évocation, malgré son épuisement. – Je n'aurai qu'à le faire venir jusqu'ici – poursuivit-il de sa voix doucereuse – Et ensuite... Tu feras exactement ce que je veux... Et lui aussi... Vous en exterminerez un ou deux pour commencer, en laissant quelques traces de votre passage... Et ensuite, le monde m'appartiendra... HA HA HA HA HA HA HA !.... Avec la rage du désespoir, malgré son épuisement total, Saga tira comme un fou sur ses chaînes en rugissant. L'Ennemi redoubla de rire et s'approcha de lui, un sourire sournois étirant ses horribles lèvres cadavériques, et d'un mouvement sec, il lui arracha une petite mèche de ses longs cheveux. De longs cheveux soyeux et bleus. Si caractéristiques... Oui. Bientôt... Son plan était infaillible... *** Mû et Minos se matérialisèrent directement dans l'une des salles de repos de l'usine désaffectée. Kagaho et Pharaon n'étaient pas encore rentrés et le bélier et le griffon décidèrent d'aller se doucher en les attendant. Après avoir attrapé les serviettes que les deux spectres avaient laissées pour eux sur le matelas et le sofa dans la salle de repos qui leur servait de chambre, ils se dirigèrent donc vers la salle d'eau. Elle était vraiment très grande et comportait une bonne dizaine de cabines de douche très simples, dont les hautes parois dépassaient la hauteur d'homme mais sans atteindre le plafond pour permettre une meilleure aération, avec autant de lavabos en vis-à-vis. Les spectres avaient soigneusement nettoyé le local entier, Mû et Minos n'osaient même pas imaginer dans quel état ils l'avaient trouvé en arrivant ici. Des petits sachets contenant du produit de douche et du shampoing de marques diverses avaient été disposés dans une petite vasque sur une étagère. Mû en prit un en remerciant intérieurement les deux spectres qui avaient pensé à tout, puis il se dirigea vers une cabine tandis que Minos investissait celle qui se trouvait juste à côté. Le griffon l'entendit verrouiller la porte et ne put s'empêcher de sourire, puis tandis qu'il commençait lui-même à ôter sa propre tenue, il perçut en provenance de la cabine du bélier juste à côté de lui le bruissement caractéristique des vêtements qui sont retirés, le froissement du tissu qui était ôté puis accroché à une patère, devinant et visualisant presque les mouvements nécessaires pour ce faire... Cela lui rappela vaguement la séance d'essayage de maillots de bain à Rodorio. Sauf que cette fois-ci, ils se trouvaient tous les deux nus chacun dans une douche, à côté l'un de l'autre, tout juste séparés par une mince paroi à peine plus haute qu'eux et sans personne d'autre alentour. Pas de client, pas d'hôtesse de vente, pas même un spectre puisque ses subordonnés étaient encore en vadrouille Hadès seul savait où. La situation le rendit tout chose. Ils étaient rentrés tellement harrassés et déçus par leur déconvenue de fin de journée qu'il n'avait plus du tout à l'esprit ses tentatives de séduction envers le bélier, mais retrouver soudain le calme d'un moment d'intimité les lui rappela agréablement. Alors qu'il achevait de se déshabiller, il entendit le rideau de plastique être tiré, puis le grincement léger d'un robinet rouillé qui était tourné et l'eau arriver dans la tuyauterie pour enfin se déverser par le pommeau de la douche. Fasciné, il ne put s'empêcher d'imaginer le jet d'eau tiède tomber sur le corps du bélier, rebondissant en mille gouttelettes cristallines sur ses belles épaules musclées, glissant suavement sur son torse ferme, puis se perdre dans les méandres de ses abdominaux sculptés puis dans le creux de l'aine masculine, et enfin s'écouler sinueusement le long de ses interminables jambes fuselées. Il en serait presque resté là à écouter le coeur battant et le corps en éveil le bélier prendre sa douche, mais lui aussi devait se laver et s'il ne faisait rien, cela allait s'entendre par omission et paraître suspect. Il entra donc songeur dans le bac de la douche, se disant qu'il devrait trouver un prétexte pour prendre leur douche ensemble, la prochaine fois. La cabine était suffisamment grande pour que deux personnes puissent y tenir aisément, mais pas trop non plus pour les obliger à être en contact... rapproché. Voyons, quel prétexte pourrait-il trouver ? Peut-être qu'il y avait des restrictions d'utilisation d'eau le soir dans cette région, et comme Kagaho et Pharaon avaient dû trafiquer les vannes pour rétablir l'alimentation en eau de la bâtisse, il fallait probablement éviter d'attirer l'attention par une trop grande consommation d'eau sur le lieu. Ils étaient quand même quatre, maintenant... De son côté, Mû appréciait de pouvoir se laver et surtout de pouvoir se débarrasser du sable et de la poussière qui s'était emmêlés dans ses longs cheveux lors de leur arrivée, malgré la protection de leur capuche, puis lorsqu'il avait tenté de sonder les infimes traces de l'anneau. C'est qu'ici, avec le vent sec et constant, le sable et la poussière s'insinuaient partout en rendant poisseux tout ce qu'ils investissaient, ce qui était très désagréable, sans parler de la transpiration due à la chaleur étouffante du climat. Il ne put retenir un petit soupir de contentement et sursauta en entendant la voix du griffon qui lui demandait à travers la paroi de la douche d'une voix forte pour se faire entendre par-dessus le bruit de l'eau : – Ca va, Mû ? – Oui, oui, ça va, merci... – Ca fait du bien, hein ? – Oui, oui... C'était étrange de se parler ainsi en étant nu tout en se douchant l'un juste à côté de l'autre. Ils commençaient à se connaître, maintenant, mais quand même... La douche était un moment de relaxation et d'intimité où il n'avait pas besoin de réfléchir et pouvait se détendre, physiquement et mentalement, oubliant un bref instant toutes les inquiétudes, la déception et la frustration qui le minaient pour faire le vide dans son esprit et prendre du recul. Pour assimiler tout ce qu'ils avaient vu en très peu de temps. Pour se remettre de la déconvenue d'avoir perdu leur piste en un rien de temps. Cependant, avoir le soutien d'un ami dans ce moment difficile où il se trouvait presque seul en territoire inconnu lui apportait du baume au coeur. Mû se laissait carrément aller sous le jet d'eau tiède, se libérant de toute la tension accumulée en si peu de temps. Il n'était pas du genre à se laisser abattre par une désillusion. Ils allaient réfléchir posément à un moyen de trouver le temple d'Isis et Osiris et d'y enquêter pour savoir de quoi il retournait dans ce pays. Qui était revenu sur terre et qui ne l'était pas, et pourquoi Saga avait été enlevé, et par qui. Ils avaient senti le cosmos de l'homme de près et logiquement, tous les autres protecteurs et peut-être serviteurs de la déesse devaient avoir un cosmos émettant sur la même longueur d'onde, qu'ils pourraient donc reconnaître. Ils n'étaient donc pas totalement démunis. Il entendit à côté Minos siffloter tranquillement sous la douche et ne put s'empêcher de sourire. Oui, le griffon avait ses manières et savait détendre l'atmosphère, assurément. Et sous ses dehors nonchalants et charmeurs, il n'en demeurait pas moins quelqu'un d'extrêmement sérieux et rigoureux. C'était un bon vivant, qui prenait la vie comme elle venait, et il devait particulièrement apprécier cette douche chaude, lui qui avait été surpris par le brutal refroidissement des températures. Mû sortit de la douche plus détendu qu'il n'y était entré, il se sécha rapidement et se rhabilla avec sa tenue de rechange. Il entendit à côté de lui Minos soupirer d'aise en faisant de même et ne put s'empêcher de lui demander à son tour à travers la paroi : – Ca fait du bien ? – Plus que je ne saurais le dire ! – répondit joyeusement le griffon – Quelle fichue saleté, ce sable, et cette poussière... Ils pouffèrent tous les deux à cette remarque des plus justes et sortirent tous frais et tous propres de la salle d'eau. Comme ils se dirigeaient vers le local social pour se sustenter, ils croisèrent Kagaho et Pharaon qui arrivaient tout juste. Ceux-ci semblaient bien fatigués. Ils ne pouvaient pas se téléporter et avaient dû affronter de plein fouet le vent violent et même un début de tempête de sable qui les avait à demi asphyxiés. Pendant que Mû et Minos préparaient un rapide repas chaud, les deux spectres allèrent développer les photos que le bélier et le griffon avaient prises, ainsi que celles qu'eux-même avaient prises dans les villages et aux alentours. C'était ainsi qu'ils se liaient avec les enfants des villages, les prenant en photo qu'ils leur apportaient par la suite, et prenant par la même occasion l'air de rien des clichés des maisons et bâtiments divers et des environs. Puis ils mangèrent rapidement pendant que les photos trempaient dans les bacs (on est en 1987, donc pas encore d'appareil photo numérique !), en racontant chacun leur journée. Kagaho et Pharaon cherchaient donc à repérer les préposés aux courses. Ils en avaient déjà suivis plusieurs depuis leur arrivée des semaines auparavant, mais sans succès. Tous ceux qu'ils avaient aidés ou pistés se rendaient dans des hameaux "normaux" dont aucune aura n'émanait. Ils n'avaient vu personne disparaître inopinément dans le désert non plus, ce qui aurait pu marquer l'entrée d'un passage secret comme celui menant au temple de Râ. A moins que le point de départ soit dissimulé dans une cahute cachant un passage souterrain, mais ils n'avaient vraiment rien détecté en terme de cosmos dans aucun des villages qu'ils avaient visités et sondés. Ils avaient bien ressenti pourtant des cosmos en divers endroits mais sans pouvoir les localiser précisément, car ils étaient ténus et avec le vent poussiéreux qui soufflait, les bribes de ces auras demeuraient diffus, comme s'ils s'éparpillaient dans toutes les directions telles des particules olfactives. Impossible d'en déterminer la provenance ou la direction avec certitude, donc. Toutefois, Isis étant une déesse symbolisant la vie, ils supposaient que le Temple d'Isis et Osiris ne devait pas être très éloigné du Nil et ils avaient écumé tous les villages depuis le delta du Nil en remontant progressivement le long du fleuve. Ils s'étaient liés d'amitié avec de nombreux enfants et adolescents en se faisant passer pour des étudiants en archéologie effectuant de menus travaux pour payer leurs études, proposant par ailleurs charitablement leur aide aux plus faibles pour les aider à transporter leurs chargements, espérant gagner l'estime et la confiance de la population qui aurait pu leur fournir de précieux renseignements au détour d'une conversation anodine. Ils finiraient bien par tomber au moins sur les commerçants qui alimentaient les temples, et se lier avec les commis des marchés ou des échoppes, voire tout simplement avec les préposés aux courses, qui auraient peut-être envie de partager leur secret avec eux s'ils parvenaient à s'attirer leur confiance. Il y avait encore de nombreux villages reculés qui vivaient loin de la modernité et ne s'en portaient pas plus mal, d'ailleurs, loin de ses vices et de ses aliénations, dans le respect de la nature et en harmonie avec celle-ci. Même si elle était des plus rudes. Mais ils y étaient accoutumés. Et sinon, comme ils se faisaient passer pour de jeunes étudiants en archéologie, ils écumaient de nombreux lieux reculés également, appareil photo et attirail à dessin en main, à la recherche de passages souterrains. Minos leur expliqua alors ce qui s'était passé après leur départ et les deux spectres ouvrirent de grands yeux. Ainsi, ils avaient vu un représentant de la déesse Isis dans le temple de Râ ! Eux n'avaient jamais vu personne ni y entrer ni en sortir ! Mû leur envoya par télépathie la réaction de l'homme en découvrant que le coffret qu'il avait ouvert était vide. Il avait émis une interjection en égyptien et Kagaho et Pharaon s'entre-regardèrent vivement en l'entendant, sous l'oeil interrogatif du bélier et du griffon. Kagaho expliqua : – En fait, en plus de... euh, l'interjection, il a dit : ''Il l'a trouvé !'' Cette fois, ce furent Mû et Minos qui s'entre-regardèrent. – ''Il'' aurait trouvé... un médaillon ? Le médaillon portant l'oeil de Râ, peut-être ? – suggéra Mû. La forme imprimée dans le velours du coffret était en effet parfaitement circulaire et sa circonférence correspondait à celle du médaillon qu'il avait vu au cou du ravisseur de Saga dans les souvenirs de l'armure des gémeaux. Ils échangèrent tous un regard. Se pouvait-il que le médaillon portant l'oeil de Râ soit l'un des attributs du Dieu ? Et le ''Il l'a trouvé'' laissait supposer que ce n'était pas le dieu en question qui s'en était saisi, compte tenu du ton employé et si l'on s'en tenait au fait que les temples de Râ et d'Isis et Osiris étaient amis. Alors, qui aurait pu s'en emparer ? Ce qui signifiait également que ce n'était pas Râ qui avait enlevé Saga. Il leur fallait absolument lier un contact avec le Temple d'Isis et Osiris. Mû envoya également par télépathie aux deux spectres la sensation qui se dégageait du cosmos de l'homme qu'ils avaient vu, et tous deux indiquèrent qu'il émettait effectivement sur la même longueur d'onde que les bribes de cosmos qu'ils avaient perçus ça et là. Sur ce, ils finirent leur repas et le bénou et le sphinx allèrent sécher toutes les photos qui trempaient, pendant que Mû et Minos faisaient la vaisselle, puis ils allèrent se doucher à leur tour. Pendant qu'ils étaient à leur toilette, Mû et Minos étudièrent les photos des cartes du ciel qu'ils avaient prises dans la bibliothèque et décidèrent d'aller observer le ciel. Les spectres avaient développé les clichés sur de très grands formats, les rendant parfaitement exploitables. Ils sortirent de la bâtisse. Le vent avait cessé de souffler, enfin. Ils s'installèrent un peu à l'écart de l'usine pour n'avoir aucun bâtiment qui leur cachât la vue et s'assirent en tailleur, les yeux rivés au ciel. La nuit était très belle et les étoiles parfaitement visibles. Ils notèrent l'heure. Il était encore tôt, mais cela leur permettait de s'accoutumer à l'angle de vue qui était en effet différent de celui du Sanctuaire ou du château de Hadès, ou encore de la Norvège, pour prendre leurs repères. – Brrrrrrrrrrrrrrr ! – fit Minos au bout de quelques minutes en frissonnant de toute sa carcasse, enveloppé dans une des épaisses couvertures – Je n'aurais jamais cru avoir froid ici ! – Tu es frileux ? – demanda Mû en le regardant, surpris. – Non, ce n'est pas ça ! Je suis habitué au froid mais pas à de tels changements de températures en si peu de temps ! Passer de 45°C à -5°C en quelques heures à peine, c'est plutôt violent ! Et on ne peut pas utiliser notre cosmos pour nous réchauffer afin de ne pas éveiller les soupçons, alors... Ce serait le comble que j'attrape une pneumonie ici ! Ou une maladie tropicale à cause de la chaleur ! Mû ne put s'empêcher de sourire à ces commentaires. Il avait connu ça en quelque sorte lorsqu'il se téléportait directement de ses hautes montagnes frigorifiques de Jamir au Sanctuaire et inversement. Sans parler de la différence drastique d'altitude qui ajoutait une pression phénoménale sur les poumons par manque ou afflux soudain et violent d'oxygène, provoquant d'abondantes sécrétions dans les poumons pouvant mener jusqu'à la noyade dans ses propres sécrétions. C'était Kiki qui une fois en avait fait la malheureuse expérience en se téléportant d'un coup de Grèce à Jamir sans se protéger de son cosmos, faisant les frais de cette double différence combinée de température et d'altitude. Une couverture apparut alors comme par enchantement par téléportation et vint se poser délicatement sur les épaules du griffon, qui en resta bouche bée. Il se tourna vers le bélier qui observait le ciel au-dessus d'eux, l'air de rien, mais un léger sourire flottant sur ses lèvres. – Merci, Mû... Tu es un ange ! – De rien – répondit le bélier avec un demi-sourire tout en continuant de fixer le ciel. Cependant, cela ne suffisait pas et Minos commença à s'agiter à côté de lui, se frictionnant énergiquement les épaules et les bras sous ses couvertures en se recroquevillant sur lui-même, tout grelottant, le cou rentré dans ses épaules et les deux bras couvrant son torse pour y garder le peu de chaleur qu'il parvenait à maintenir. – Mû... Je peux te demander un service, s'il te plaît ? J'ai un peu froid dans le dos... Mû le regarda à nouveau, surpris. Il ne répondit rien et se leva pour contourner le Juge, derrière lequel il s'assit, et entreprit de se caler contre lui, hésitant légèrement et l'entourant finalement de ses bras, offrant la chaleur de son corps pour couvrir le dos du griffon que les deux épaisseurs de couvertures ne parvenaient apparemment pas à réchauffer. Minos poussa un petit soupir de contentement et de soulagement en se laissant aller doucement mais sûrement contre le torse ferme du bélier qu'il pouvait sentir à travers les couvertures, s'abandonnant à la douce chaleur qui venait réchauffer son dos. Par Hadès, que c'était agréable ! Il avait réellement froid dans le dos, et pour une fois, il ne jouait pas la comédie. Quoique... Il exagérait bien un petit peu. Peut-être beaucoup, même. Mais l'essentiel était d'avoir pu lier ce contact physique avec le tendre bélier. Et de ne plus avoir froid. – Ca va mieux ? – lui demanda Mû au bout d'un moment. – Oui, merci ! – répondit Minos en se pelotonnant carrément dans les bras du bélier, qui se raidit un peu mais ne s'écarta pas. Ils observèrent le ciel ainsi collés l'un contre l'autre pendant plus de deux heures, en essayant de retrouver les étoiles qui apparaissaient sur les diverses cartes du ciel qu'ils avaient photographiées. Ils reconnurent celles qui identifiaient la croix ansée symbolisant la déesse Isis et celle représentant la coiffe haute, qu'ils rapprochèrent d'Osiris, cette fois. Ils distinguèrent une dizaine d'étoiles très scintillantes à l'intérieur de ces symboles comme indiqué sur les cartes, étoiles qu'ils n'avaient pas su percevoir la veille depuis le Sanctuaire, et supposèrent qu'elles devaient représenter les protecteurs des deux dieux. Mais ils ne purent rien trouver d'autres qui les renseignât. Ils ne voyaient pas trace d'une autre divinité égyptienne qui se serait réincarnée, à commencer par Râ, ni, d'après les autres cartes du ciel qui semblaient les mentionner, Seth et d'Apophis. Et d'après les indications portées sur ces cartes, l'heure d'observation était maintenant dépassée. Minos s'était bien réchauffé entretemps mais ne tenait pas du tout à quitter sa bouillotte improvisée, et Mû, quant à lui, semblait désireux de poursuivre leur observation de la voûte céleste, ne perdant pas l'espoir d'y trouver un indice. Minos s'était progressivement tourné vers Mû l'air de rien et sans rien dire, à part quelques remarques sur ce qu'ils voyaient, continuant de regarder les étoiles, bien calé tout contre lui et Mû était bien trop concentré et occupé à observer le ciel pour prêter attention aux mouvements du griffon. Celui-ci ne lui tournait plus le dos désormais mais se tenait pratiquement à côté de lui. Ils avaient tous les deux la tête levée vers le ciel, fouillant la voûte céleste. Puis au bout d'un moment, Minos bougea comme pour chercher une position plus confortable et tourna imperceptiblement le visage vers celui du bélier, qui continuait d'observer le ciel. Puis encore. Et encore. Et encore. Sentant un mouvement se rapprocher de plus en plus de son visage, Mû tourna instinctivement la tête pour se retrouver nez à nez avec le griffon. Littéralement. Celui-ci lui esquissa un sourire séducteur et tout en le fixant droit dans les yeux, il se pencha vers lui, sa bouche cherchant la sienne. Surpris, Mû se recula vivement, pour constater interdit que deux bras l'entouraient. Interloqué, Mû releva des yeux étonnés vers Minos qui continuait de se rapprocher de lui en lui souriant d'un air assuré et conquérant. – Laisse-toi aller, Mû... – murmura le griffon. Ecarquillant les yeux de stupéfaction, Mû resta comme tétanisé sur place par la surprise et eut l'impression de tout voir au ralenti, tandis que le visage de Minos se rapprochait de plus en plus du sien. – Tu me plais beaucoup, Mû... – murmura le griffon en se rapprochant davantage encore, son souffle chaud caressant les lèvres du bélier tandis que ses paupières se refermaient lentement sur ses orbes noisettes, sa bouche toute prête à s'emparer de celle du bélier. Ce fut alors que Mû sembla reprendre brusquement conscience. Il arrêta Minos en plaquant ses deux mains contre son torse et détourna la tête. – Non... S'il te plaît... – Pourquoi ? – susurra lascivement Minos en tentant d'atteindre ses lèvres une nouvelle fois. – Je ne peux pas... – Pourquoi ? – répéta Minos en renouvelant sa tentative. – Il y a déjà quelqu'un... – répondit Mû en échappant à nouveau aux lèvres du griffon en baissant la tête, cette fois. Minos stoppa net son mouvement. – C'est Saga ? – demanda-t-il au bout d'un moment, contrarié. Mû leva les yeux vers lui, ébahi, entrouvrant la bouche de stupéfaction, puis détourna le regard. Il fixa l'horizon sombre devant lui, le regard triste. Ses lèvres s'articulèrent légèrement mais aucun son n'en sortit, comme s'il hésitait. Puis finalement il releva les yeux vers le griffon et déclara simplement : – Oui... – Tu l'aimes ? – Oui – avoua Mû d'une voix à peine audible en détournant légèrement le regard. Minos l'observa un moment puis lui demanda, plus sèchement qu'il l'aurait voulu : – Et lui, il t'aime ? Mû baissa à nouveau les yeux puis scruta une nouvelle fois l'horizon sombre sans le voir vraiment. – Je ne sais pas... Mais je ferais n'importe quoi pour le sauver... Minos l'observa pensivement, puis relâcha son étreinte et se recula en soupirant. – Il a beaucoup de chance... J'espère qu'il en aura conscience... – dit-il avant de se lever pour s'éloigner sans se retourner. – Je suis désolé, Minos... – déclara Mû en relevant les yeux vers lui, observant sa haute silhouette se diriger vers la bâtisse. Il soupira et releva les yeux vers l'espace infini au-dessus de lui, fouillant le ciel à la recherche de la constellation des gémeaux. Elle brillait normalement, comme d'habitude. Lui laissant l'espoir que Saga était toujours en vie. Qu'importe que le gémeau l'aime ou non, tout ce qu'il voulait, c'était le retrouver et le sauver. *** Chapitre suivant “La menace se précise” ici. ;) Où l’enquête avance sérieusement ! Et si vous souhaitez laisser un commentaire, c’est ici : NB : Chapitre un peu long, ce coup-ci, car je voulais absolument finir sur cette scène. Et dire qu'il y a à peine 2 semaines, ce chapitre n'était qu'une magnifique page blanche ! C'est la toute première fois que j'ai écrit aussi vite ! J'espère que ça vous a plu et que la suite arrivera à la fin du mois prochain ! Mais bon, je pars à nouveau d'une page blanche...
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