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''Souviens-toi'' by Ludi Chapitre 14 Kiki regardait le thermomètre planté dans sa bouche en étant heureux que Saga ne le lui ait pas mis dans les fesses, comme on avait coutume de le faire au Sanctuaire. Et il fallait dire que les infirmiers n’étaient vraiment pas doux. Kiki n’en avait jamais fait l’expérience, mais il avait eu des échos. D’où sa peur presque maladive de tomber malade. Enfin, quand c’était le cas, Mû s’occupait de lui. Le petit appareil fit un petit bruit et Saga le retira de sa bouche. Il poussa un soupir, puis lui dit qu’il était encore trop chaud. Le médecin allait passer dans l’après-midi pour l’ausculter. Kiki n’aimait pas trop les médecins, même si Saga lui affirmait qu’ils étaient plus doux qu’au Sanctuaire, et qu’ils ne lui enfoncerait pas de thermomètre dans le derrière. « J’irai pas à l’école, demain ? - Certainement pas ! - Cool, j’aurai pas le contrôle de français. - Idiot. Au fait, j’ai reçu ton bulletin, hier. Il a mis un temps fou à arriver. - Alors ? - Tu as 16 ou 17 de moyenne, il me semble. Le français te fait beaucoup baisser. - Mais c’est bien, non ? - C’est parfait, tu veux dire. » Saga lui fit un sourire, il était fier de lui. Kiki, en dépit de toutes ces difficultés en français, s’était remarquablement bien adapté à leur nouveau mode de vie et ses notes suivaient. Kiki eut un sourire satisfait, Saga lui caressa les cheveux d’un geste tendre. « Tu veux rester ici ou aller dans la chambre de Mû ? Je dois aller faire les courses pour Noël. J’embarque Kanon, ça ne lui fera pas de mal. » Kiki ricana en imaginant Kanon complètement perdu dans les rayons alors que Saga allait et venait sans s’occuper de lui. Kiki n’allait jamais faire les courses avec Saga, il le perdait tout le temps. Au final, il s’accrochait au cadi et ne le lâchait pas tant que Saga n’était pas revenu. Kanon passait son temps à appeler Saga avec son portable. « Je veux bien aller dans la chambre de Mû. » Il souleva sa couette et se leva. Le tenant pas les épaules, Saga le guida jusque dans l’autre chambre. Kiki s’emmitoufla dans la couette, près de Mû qui lui jeta un regard amusé. Il lui caressa les cheveux, puis son front chaud. Kiki tombait rarement malade et il était toujours inquiet pour lui quand son front s’échauffait, même si les défenses immunitaires de l’enfant étaient au-dessus de la normale. « Bon, je vous laisse. Je serai de retour pour midi, au plus tard. - À tout à l’heure. » Saga eut envie de l’embrasser avant de s’en aller mais il se retint et sortit de la chambre, alors que Sayuri y entrait le plus naturellement du monde. Elle s’installa sur le lit et se roula en boule, alors que le grec descendait les escaliers. Quelques minutes plus tard, on entendit des pas dans le couloir, puis la porte du garage qui s’ouvrait et enfin la voiture qui disparaissait dans la ville. Mû poussa un soupir. Il se sentait vraiment seul, d’une manière qu’il n’arrivait pas à expliquer. Il lança un regard à l’enfant qui enroulait ses longs cheveux mauves entre ses doigts, ses yeux dans le vague. On aurait dit qu’il allait s’endormir, mais Kiki leva les yeux vers lui. On aurait dit un chiot. « Mû, j’ai froid. » Le tibétain, jusqu’alors assis sur le matelas, s’allongea et prit l’enfant entre ses bras. Kiki se blottit contre son torse. Il se sentait bien, au chaud, en sécurité. Les doigts fins et pâles de son maître glissaient dans ses cheveux en un mouvement lent et tendre. Une question brûlait les lèvres du jeune homme, qui ne put se retenir de la poser, malgré l’état de fatigue de l’enfant malade. « Kiki… Je peux te poser une question ? - Oui, bien sûr ! - Pourquoi Saga… Enfin… On dirait qu’il me rejette… Le mot n’est pas approprié, mais je ne sais pas comment… - C’est comme s’il y avait une distance entre vous. » Mû jeta un regard surpris à l’enfant qui baillait de façon peu élégante. À se demander s’il n’allait pas se déboîter la mâchoire. « Oui, c’est ça. - C’est normal. - Mais pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait quand j’étais amnésique ? » Kiki se demanda s’il devait avouer le pot aux roses à son maître. Mû était inconscient du débat intérieur qui se déroulait dans la tête de Kiki. Sur une épaule, il y avait l’ange Saga qui lui disait de tout garder pour lui ou il allait se prendre son coup de pied aux fesses, alors que sur l’autre épaule, il y avait le diablotin Kanon qui lui disait de tout balancer et que, au pire, il serait privé de playstation. « Bah, en fait… Si je te le dis, tu vas pas me croire, et je vais me faire botter le derrière. - Je te défendrai. - Le regard de chien battu ne marche pas avec Saga. » Mû eut un petit rire. Ça, il le savait parfaitement, pour en avoir fait l’expérience quand il était petit. Malgré son jeune âge et sa gentillesse naturelle, Saga n’était pas du genre à se laisser attendrir par des yeux de cocker. Milo, à qui personne ne pouvait résister, même pas Aioros, n’avaient jamais pu faire plier Saga. Et c’était qu’il avait essayé, le bougre. « Kiki, dis-moi. - D’accord. » Kiki prit une grande inspiration et se lança. « Bah en fait, Saga est amoureux de toi. » Un petit ange passa. Un ange avec des cheveux bleus et des flèches qui foudroya Kiki des yeux. L’enfant jeta un regard à Mû qui semblait tout simplement sidéré, ses grands yeux bleus écarquillés de stupeur. « Et quand t’étais amnésique, bah… Tu l’étais aussi. » Mû eut un hoquet. Des milliers d’images affluèrent à son esprit et ses joues devinrent toutes rouges tant il était confus. Il mit sa main devant sa bouche. « Vous vous faisiez des bisous. Des câlins. Vous étiez mignons, tous les deux. » Pendant un instant, Mû se vit sur le canapé, dans les bras de Saga, en train d’embrasser ce dernier. C’était arrivé. Et sans doute pas qu’une fois. Il se maudit d’avoir oublié une chose pareille. Comment de tels souvenirs avaient-ils pu s’effacer de sa mémoire ? « Tu sais… Saga s’est bien occupé de toi. Il était tout le temps inquiet, il tournait en rond dans la maison. Au début, tu avais les yeux ouverts et tu ne faisais rien. Tu ne réagissais à rien. Et Saga te parlait. Tout le temps. » Une voix sortie des ténèbres. Une voix qui l’appelait, qui chantait à ses oreilles. De vagues souvenirs semblaient remonter à la surface, il pouvait presque entendre le grec chuchoter à son oreille. « Et puis, tu… tu t’es réveillé. Enfin, tu réagissais. Tu ne parlais pas, mais tu nous répondais quand même quand on te parlait. T’étais fatigué, t’as même failli te noyer dans la baignoire. Saga était au bord de l’hystérie. » Kiki eut un sourire amusé en se souvenant de la colère du grec quand il avait découvert, pour la deuxième fois, que Mû avait failli se noyer. « Depuis, interdiction de prendre un bain. Plus tard, tu as parlé. Et vous êtes tombés amoureux. Saga était heureux. Il allait mieux. C’était comme s’il revivait… » À nouveau, l’enfant repensa aux sourires du grec quand Mû était amnésique, puis sa douleur, depuis qu’il avait retrouvé ses souvenirs. Le masque tombait une fois que Mû était couché, il n’arrivait plus à faire semblant. Mû écoutait la voix claire de l’enfant en cherchant ces souvenirs perdus, tous ces moments qu’ils avaient pu passer ensemble, mais rien ne lui revenait. De vagues sensations lui parvenaient des confins de sa mémoire, mais aucune image. Mais aucun baiser. Pas d’amour. Rien. Avait-il réellement laissé transparaître ses sentiments ? Ces sentiments qu’il cachait depuis si longtemps… Saga les éprouvait aussi ? Saga l’aimait aussi ? C’était pour cette raison qu’il était si distant ? C’était pour cela qu’il le tenait le moins possible dans ses bras et le laissait seul dans la salle de bain, une fois déshabillé et dans la baignoire remplie d’eau chaude. Ils s’étaient embrassés… Son cœur battait la chamade et ses joues gardaient leur teinte carmine, alors qu’il se maudissait d’avoir oublié tout ça. « Et Saga… il est triste ? - Oui. Il ne te montre rien, mais quand t’es couché, il s’enferme dans sa chambre. » Il se maudissait aussi pour l’avoir fait souffrir. Pourquoi avait-il oublié ? Tout aurait été plus simple s’il s’était souvenu de tout… Saga ne pouvait plus l’approcher comme avant, et Mû comprenait sa réaction, il ne lui en voulait même pas de lui avoir caché ça. Tel qu’il était, et cela se comprenait, il n’avait pas osé se rapprocher du jeune homme qu’il avait tant fait souffrir par le passé. Il l’avait embrassé quand il était amnésique, il pensait sans doute qu’il était allé trop loin, et que maintenant, c’était terminé. Que ressentait-il, une fois qu’il était enfermé dans sa chambre, seul dans son lit ? « Tu t’en rappelles pas, mais des amis de Saga sont venus ici un week-end, et vous avez dormi ensemble. - Ah bon ? - Ouais. T’étais pas content parce qu’il te tirait du lit, il se lève toujours tôt. » Un sourire amusé se dessina sur les lèvres fines du tibétain. Kiki ne vit aucune colère sur le visage de son maître, mais plutôt une certaine tristesse… ou plutôt du regret. Et de l’amour aussi. Finalement, il n’allait pas être privé de playstation. *** Et merde… Kanon fouilla dans sa poche, attrapa son portable et composa un numéro qu’il connaissait par cœur, tout en regardant autour de lui. « Ce numéro n’est pas attribué… » Kanon grogna, il était allé trop vite et c’était trompé dans les chiffres. Il raccrocha, recomposa le numéro avec soin puis ramena l’appareil à son oreille. On décrocha. « Oui, Kanon, que se passe-t-il ? - Saga, je suis perdu !! T’es où ?? - Au rayon de pâtes. - C’est où ?? - Tu es où, toi, encore ? - Je sais pas, y’a des Pampers partout. - Ne bouge pas, j’arrive. » Kanon se demanda si son frère n’avait pas appris le plan du Leclerc par cœur. Enfin, si c’était le cas, Kanon devrait peut-être l’imiter, car, en cherchant ce qu’on appelait communément « haricots verts », Kanon s’était retrouvé au rayon « couches ». Et sans haricots verts dans les mains. Soudain, son frère apparut dans la foule, tel Moïse ouvrant la Mer rouge. Kanon courut dans sa direction et Saga poussa un soupir à fendre l’âme. Il aurait mieux fait de laisser Kanon à la maison. Un vrai gosse, il était incapable de trouver le rayon conserves sans se perdre et, justement, il passait son temps à se perdre. Même Kiki était plus efficace, c’était dire. « Saga, tu vas trop vite ! - C’est toi qui es trop lent. » Saga lui montra le rayon conserves et Kanon accepta d’y aller à condition que Saga ne bouge pas le caddie, ce qu’il accepta vaguement, histoire de lui faire plaisir. Sauf que, quand Kanon revint, le caddie avait une fois de plus disparu et il se retint de hurler au scandale. C’est donc avec ses boîtes de conserve que le pauvre Dragon parcourut la grande, même très grande, surface en cherchant son jumeau des yeux. Il aurait mieux fait de rester à la maison à regarder une connerie à la télévision. Mais bon, il aurait dû laisser son frère seul, et même si c’était pour faire les courses, Saga avait besoin de compagnie. Kanon supportait de moins en moins cette étrange situation à la maison. Il sentait et surtout voyait son frère souffrir. Il s’occupait de Mû comme avant, mais il lui était impossible de prendre le jeune homme dans ses bras, de l’embrasser, de lui montrer sa tendresse et son amour, de peur de se faire rejeter. Et puis, il y avait son passé… Le grec comprenait la réaction de son frère mais ce n’était pas pour autant qu’il acceptait cette situation. Il n’aimait pas voir son jumeau malheureux. Il méritait bien un peu de bonheur. Kanon se dit que le pire, dans cette histoire, c’était que Mû ne le faisait même pas exprès, il n’était au courant de rien. Et Kanon se voyait mal lui faire des reproches, ou tout simplement lui avouer le pot aux roses. Saga lui arracherait les yeux, ce qui ne serait pas pratique pour travailler. Et encore, il était gentil, son frère était terrible quand il était en colère. « Merde, Saga, mais t’es où ? - Juste derrière toi. » Kanon sursauta et se retourna, la main sur le cœur. Son jumeau eut un sourire innocent alors que Kanon agitait les bras de fureur. Avait-on idée de lui faire peur comme ça ? Il voulait le tuer ou quoi ?! « Espère de malade ! - On va chercher la bûche et on peut rentrer. - T’es sérieux ?? - Oui. - Y’aura pas de sapin, cette année ? - Si, je vais le chercher demain après-midi, quand le médecin sera passé. - J’irai avec toi. » Saga le remercia du regard, puis ils partirent ensemble vers les caisses. *** Sayuri leva la tête. Elle descendit du lit se précipita hors de la chambre. Mû et Kiki levèrent la tête et entendirent, en effet, le vrombissement d’une voiture. La porte du garage s’ouvrit bruyamment et le véhicule sembla rentrer à la maison. La chienne ne poussa aucun jappement mais, quand ses maîtres apparurent, elle leur sauta dessus pour leur souhaiter la bienvenue. Kanon lui caressa la tête affectueusement, tout comme Saga quand il eut posé ses sacs dans la cuisine. Ils mirent un temps fou à ranger tous leurs achats. Le Shiba inu reniflait les sacs en plastique et en poussait certains avec sa patte mais, sous le regard mauvais de Saga, elle préféra ne pas aller plus loin que la reniflette. Dans la cuisine, Kanon ne savait plus où donner de la tête, à un tel point que Saga l’envoya ranger tout ce qui n’était pas alimentaire dans la maison. Ainsi, il pouvait jouer à Tétris dans le frigidaire en toute tranquillité tandis que Kanon en faisait de même dans la salle de bain avec les savons. Mû et Kiki écoutaient ce brouhaha en se demandant quand est-ce qu’ils auraient fini. Quand Saga en eut fini avec son rangement, il donna un os dur à Sayuri qui s’enfuit dans le salon pour le ronger en toute tranquillité. Puis, alors que son frère se laissait tomber dans le canapé, complètement exténué, Saga monta à l’étage pour voir comment allaient ses patients. Kiki semblait aller un peu mieux, sa fièvre avait baissé. Il demanda des nouvelles de Ludivine. Saga et Kanon étaient passés la voir avant de filer à Leclerc. La jeune fille allait bien, malgré ses nombreux bandages et son incapacité à se déplacer. Heureusement, on l’avait autorisée à renter chez elle pour les fêtes. Elle lui avait paru plutôt en forme. En fait, elle était rassurée que tout le monde aille bien, et qu’on vienne prendre de ses nouvelles. Mû regardait Saga et Kiki se parler sans oser prononcer le moindre mot. En fait, il voulait parler à Saga, lui dire qu’il savait et qu’il partageait ses sentiments… Mais comment l’aborder ? Mû se sentait intimidé, il réalisait à peine ce que Kiki lui avait révélé. Il sentait son cœur battre de bonheur, mais la peur était toujours là. Kiki dut sentir sa crainte, alors il s’en alla dans sa chambre, sous prétexte qu’il se sentait mieux et qu’il avait envie de jouer à la playstation. Autant en profiter, des fois qu’on la lui confisque. Sait-on jamais. Saga et Mû se retrouvèrent donc seuls dans la chambre. Il y eut un petit silence, puis Saga regarda Mû et lui fit un léger sourire. « Et toi, tu te sens bien ? Pas de fièvre à l’horizon ? - Non, je ne crois pas. » Mû se triturait les doigts, ne sachant comme présenter la chose. Son cœur battait fort dans sa poitrine, c’était même étonnant que Saga ne l’entende pas pulser. Le grec se leva dans l’intention de partir. Il allait passer la porte quand Mû le retint. « Saga, attends ! » Il se retourna et interrogea le jeune homme du regard. « Kiki m’a dit… pour avant. Quand toi et moi… » C’était comme si un poids venait de s’écraser sur sa tête et ses épaules. Le visage halé de Saga pâlit d’un coup, alors qu’il lançait un regard stupéfait à Mû. Mécaniquement, il ferma la porte, même s’il n’avait qu’une envie : s’enfuir. La gêne de Mû venait de monter d’un cran. Saga était complètement paralysé par la peur, la surprise, et même la colère contre l’enfant qui aurait mieux fait de se taire. « Saga… Tu m’aimais… vraiment ? » Que répondre ? Saga avait envie de nier, de dire que Kiki lui avait raconté des sottises, mais ç’aurait été mentir. Et Saga avait trop menti dans sa vie pour continuer… « Oui. » Ce simple mot avait été difficile à prononcer. « Oui, je t’aimais. Et je t’aime encore maintenant. » Des mots si facile à dire mais si pleins de conséquences. Saga avait l’impression que le sol allait s’ouvrir sous ses pieds. Pourtant, ces mots coulaient sur ses lèvres. Il avait besoin de les dire. « C’est plus fort que moi. Je savais que ça ne pouvait durer, et je suis vraiment heureux que tu ais retrouvé tes souvenirs. C’est le juste retour des choses. Mais malgré moi… » Sa voix était chevrotante. Il ne savait même plus comment se justifier, alors qu’il s’était répété ce genre de mots encore et encore dans sa tête, si un jour la vérité éclatait. En face de lui, Mû se sentait envahi par un mélange étrange de soulagement et d’amour. Les mots de Saga résonnaient dans son esprit, des mots qu’il avait tellement espéré sans croire un jour qu’il pourrait les entendre. Saga l’aimait. Vraiment. Et même s’il n’était plus tout à fait le même, il continuait à l’aimer. Encore… « Mais oublie ça. Je ne t’embêterai pas avec ça. - Tu ne m’embêtes pas, Saga. » Le grec sembla surpris par ces mots. Que voulait-il dire ? C’est alors qu’il remarqua que Mû ne le regardait ni avec colère, ni avec dégoût, ou encore avec gêne. Il n’y avait rien de tout ça sur son visage… Il y avait plutôt… Il était revenu. Le Mû amnésique qu’il avait prit dans ses bras, qu’il avait embrassé, avec qui il avait dormi… Ce Mû était revenu. Il lisait son amour dans ses yeux, son envie de câlins, d’attentions… Ce léger sourire sur son visage, cette douceur dans ses traits… Saga était bouleversé. Et pourtant, il ne voulait y croire. « Non. Je t’ai fait trop de mal. - Je sais. Tu as tué mon maître, mon tuteur. J’ai été considéré comme un renégat, car j’avais volé l’armure du Bélier et m’étais enfui à Jamir. Je n’ai pas vraiment eu d’enfance, ni même d’adolescence. » Une douleur indescriptible passa sur le visage de Saga et Mû se mordit la lèvre d’avoir prononcé de telles paroles. Mais elles étaient nécessaires… « Mais pourtant, je ne t’en veux pas. - Pourquoi ? - Tu sais… Sion avait trop vécu. Deux cent cinquante ans, mine de rien, c’est quand même long. Et il n’était pas comme Dohko. Ils n’avaient pas la même tâche à accomplir. Il était malade, tu sais. Ça faisait… vingt ans, je crois, qu’il traînait sa maladie. Il le cachait, mais cela empirait d’année en année. - Mû… - C’est pour ça qu’il a cherché un nouveau Grand Pope. Il était trop âgé et trop malade. Tu n’as fait qu’abréger ses souffrances. Il n’aurait jamais eu le courage de se donner la mort, et crois-moi, il souffrait énormément. - Tu as été obligé de fuir. - Oui, c’est vrai. Mais ça m’a fait mûrir. J’ai grandi seul, j’ai élevé Kiki. Ça m’a permis de comprendre des choses. Plein de choses. Si tu savais… Et puis… C’est bête de dire ça, mais ce n’était pas de ta faute. Tu étais schizophrène, et… - Je me suis laissé faire. J’ai tué des innocents de mon plein gré ! - Saga, qu’est-ce qui est le plus horrible, pour toi ? Tuer des gens en étant conscient ou voir quelqu’un d’autre faire avec ton propre corps sans pouvoir t’interposer ? » Un coup dans le cœur. Évidemment, le plus horrible pour lui avait été la deuxième proposition. Regarder des gens mourir, signer des papiers et prendre des décisions en étant incapable de contrôler ses mains. Incapable de sauver des gens. Rares étaient les personnes qu’il avait pu sauver. La maîtresse et l’enfant d’Aphrodite en avaient fait partie, mais qu’était-ce à côté de toutes ces victimes ? Mû s’en voulait de dire toutes ces choses, de lui rappeler toutes ces choses atroces qu’il avait vécues durant treize ans. L’enfermement de son frère, le meurtre d’Aioros, la fuite de Mû… et cette tyrannie qu’il avait exercée pendant des années… « Ce n’était pas de ta faute, Saga. Tu as essayé de résister… - Et je n’ai pas réussi… - Mais tu as essayé. Et tu as fini par te donner la mort. - Je ne l’ai pas fait avant. J’aurais dû. - Mais tu n’as pas réussi. » À croire qu’il lisait dans ses pensées. Nan, Saga n’avait jamais réussi. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé… Il y eut un long silence dans la chambre, et aucun des deux hommes n’osait le briser. Ils se regardaient, sans oser bouger ou même parler. Saga admirait le visage androgyne aux traits fins du tibétain, ses grands yeux bleus si expressifs. Et Mû détaillait la figure virile du grec, encadrée par ses cheveux océan et bouclés. Timidement, Mû leva les mains vers Saga. Il n’en fallut pas plus pour que le grec s’avance vers lui à grands pas, se laisse tomber sur le lit et le prenne presque violemment dans ses bras. Il le serra fort contre lui, ce corps fin si chaud et qui lui avait tant manqué. Il l’enfermait dans ses bras, son visage enfoui dans ses cheveux, respirant son odeur sucrée et si familière. Mû glissa ses bras autour de son cou, ses mains noyées dans la chevelure bleue de Saga qu’il caressait, comme quand il était enfant. Il cachait son visage dans le cou du grec, blotti contre lui, en sécurité dans ses bras chaleureux qui le serraient avec possessivité contre lui. Comme s’il avait peur qu’il ne s’envole. Encore une fois. Doucement, Saga lui souleva le visage et posa ses lèvres chaudes sur les siennes en un baiser tendre. Mû sentit tout son corps s’échauffer. C’était comme une impression de déjà-vu, enivrante et douce, comme un rêve éveillé. Cela faisait si longtemps qu’il désirait cela… Saga caressa les lèvres fines de Mû de sa langue, en demandant l’entrée, qui lui fut accordée, et un ballet endiablé commença. D’abord tendre, amoureux, puis langoureux, passionné. Saga l’embrassait comme si c’était la dernière fois qu’il le faisait, comme si le monde allait s’éteindre le lendemain. Il l’embrassait comme un assoiffé, comme un désespéré. Et Mû répondait à ce baiser d’adulte, à cette langue indiscrète qui dansait avec la sienne. Il serrait le cou de Saga et son corps était plaqué contre celui plus musclé du grec, ses bras le serrant avec force, une de ses mains lui caressant la taille alors que l’autre nageait dans ses cheveux, effleurait sa nuque. Mû se laissait transporté par ce baiser fougueux, il se sentait revivre. Loin était son passé, loin étaient ces horreurs vécues dans ces caves sombres. Tout ça était loin, très loin… À l’autre bout du monde… *** « Saga !! Soleil de mes nuits, où est ma carte vitale ?! - Meuble du salon, troisième tiroir à droite, sous le carnet de santé de Kiki. - Tu sais que je t’adore ?? » Malgré lui, Mû éclata de rire et Kanon l’ignora superbement. Il n’allait quand même pas réagir à ses moqueries, quand même ! Il en avait déjà suffisamment subi hier quand il était rentré avec quarante de fièvre… Il se demandait encore comment il avait fait pour tomber aussi malade, ce n’était pas humain… « Saga !! Je la trouve pas !! - À crier comme ça, tu vas avoir mal à la gorge. - Regarde sous mon carnet de santé, alors. - Je l’ai !! » Tout fier, Kanon leva son carnet dans les airs, où se trouvait sa carte vitale. Saga refusait de la laisser dans le portefeuille de son jumeau, ayant trop peur qu’il ne la perde justement avec son portefeuille. Avec un frère comme le sien, on pouvait s’attendre à tout. Il avait beau être une tête en économie, il n’avait absolument aucune mémoire en ce qui concernait ses propres affaires. « Bon, maintenant, je vais chercher mon dossier. - Dossier ? - Oui, je vais travailler, figure-toi. - Non, ce qui m’étonne, c’est que tu aies besoin de le chercher. - Il doit être sûrement dans mes pulls. » Mû leva les yeux au ciel alors que Kanon disparaissait dans l’escalier, et il ne tarda pas à l’entendre crier à nouveau parce qu’il ne savait pas où se trouvait sa pochette violette. Il entendit vaguement un livre frapper un truc creux, à savoir la tête de Kanon, ainsi qu’un gémissement de ce dernier, et le grec poussa un cri de victoire. Saga descendit les escaliers, ledit livre à la main. Si Kanon lui demandait encore quoi que ce soit, il allait se le prendre sur la tête. Et Harry Potter 5, il était costaud… Mû eut un sourire un peu moqueur. « La fièvre, ça ne lui réussit pas. - Entre lui qui ne sait pas où il met ses affaires et Lys qui ne les range pas… - À se demander comment ils s’en sortent. » Kanon apparut à son tour, ladite chemise violette coincée sous son bras. « Elle range ses dossiers quand elle a rien à faire, mais la plupart du temps, c’est moi qui le fait. - Ça doit être du joli. - C’est méchant, ça ! » Saga regarda sa montre et haussa les sourcils, il était temps de partir. Il emmenait son frère au médecin avant de le déposer à son bureau. Kanon attrapa son manteau et fila dans le garage, alors que Saga se baissait pour déposer un baiser sur les lèvres de Mû. Il lui caressa la joue avant de s’en aller, écoutant son frère pester car il allait être en retard. La voiture vrombit, la porte du garage s’ouvrit et Mû entendit le véhicule s’en aller, puis la porte se rabaissa, et le silence s’installa dans la maison. Mû reporta son attention sur la télévision sans grande conviction, jusqu’à ce que Kiki, sortant de sa chambre, vienne se blottir contre lui. La fièvre avait disparu, donc le rendez-vous avec le médecin était annulé, mais l’enfant demeurait fatigué, ayant mal dormi pendant la nuit. Kiki, assis contre lui, regardait un catalogue de jouets, alors que Mû lui caressait tendrement les cheveux. Il jeta un œil aux pages colorées. « Qu’est-ce que tu as demandé pour Noël ? - Une DS. - Pardon ? » Kiki tourna les pages et montra l’appareil en question à Mû qui, bien en retard sur son temps, se dit que c’était une jolie invention. Il trouva également dommage que tous les enfants n’aient pas le droit à un Noël. Personnellement, il avait toujours offert des cadeaux à Kiki, même si la croyance chrétienne lui était inconnue. C’était pour faire plaisir à l’enfant. Le jour même, il l’emmenait dans une grande ville du Tibet et il le laissait choisir ce qu’il voulait. Il estimait que c’était important pour un enfant d’avoir des cadeaux, d’être récompensé. « Mais je ne pense pas que Saga va me l’acheter. Il n’aime pas trop ces trucs-là. Je suis sûr que c’est Lys qui va me l’offrir. » Au fil des pages, Kiki montra à son maître ce qu’il voulait pour Noël. La liste était longue mais Saga lui avait dit de demander plein de choses, comme ça, il avait plus de choix. Et ça lui permettait de ne pas acheter ce qui ne lui plaisait pas, aussi. C’était un malin, Saga, il faisait pareil pour son anniversaire. Mais lui et Kanon lui offraient toujours de jolies choses. Mû écoutait son ancien apprenti en se sentant un peu dépassé. Il n’était pas vraiment habitué à tout ça. Alors que l’enfant parlait avec passion, Mû revit le bébé de un an qui traînait dans un coin de la maison, qui n’avait même plus la force ni l’envie de crier qu’il avait faim. Il se rappela de son front chaud, de ses yeux embués de larmes, de son nez bouché. Doucement, le jeune homme embrassa l’enfant sur le front et Kiki se blottit un peu plus contre lui, sans baisser de ton. Mû se demanda ce que la vie aurait été, pour Kiki, s’il était resté dans les confins du Tibet, en compagnie de sa vraie famille. Il eut un sourire ironique, en songeant que l’enfant n’aurait jamais survécu. Kiki était trop fragile, et les atlantes avaient pour principes de ne pas s’embarrasser des bébés faiblards, ne gardant que les plus robustes. Et Kiki n’avait pas fait parti de ceux-là, victime d’une fièvre que Mû avait crue insurmontable. Étrangement, malgré ce que Saga, ou même les autres, avait pu penser, Mû était très résistant. La plupart du temps, les enfants de faible constitution ne vivaient pas plus de deux ans, et Mû avait été enlevé du Tibet par Sion quand il avait trois ans. Parce qu’il avait l’âme et la puissance d’un futur chevalier d’or. Mû lui en avait voulu un temps de l’avoir exposé aux puissants rayons du soleil pendant quatre ans avant de l’abandonner à son sort. Même s’il était malade, Sion l’avait retiré de sa famille. Mû avait mis des années avant de trouver le courage, et également le chemin, du royaume caché des atlantes, au Tibet. C’était l’un de leurs repaires, et Mû ne regretterait jamais d’y avoir mis les pieds. Car il avait compris à quel point Sion avait eu raison de l’emmener. Évidemment, Mû n’avait pas été accueilli à bras ouverts, mais il n’avait pas non plus été rejeté. Aucun atlante n’était rejeté de la communauté. Les bébés faiblards mouraient de froid, c’était une façon plus jolie de s’en débarrasser. Le jeune homme avait rencontré ses parents, et d’autres gens, aussi. Des personnes agréables, certaines détestables, d’autres lui avaient fait du charme, alors que d’autres encore lui étaient indifférentes. Mais Mû avait surtout rencontré ses parents. Il était âgé, à l’époque, de 13 ans. Et il avait appris qu’il était le troisième fils d’une famille de sept enfants. Vivants. Il n’avait jamais cherché à compter les morts. Il avait été d’abord choqué, et son père lui avait appris que les femmes atlantes étaient mariées entre seize et vingt ans. Jamais plus, ou c’était le déshonneur. Il n’y avait aucun moyen de contraception et il n’était pas rare de voir des femmes enceintes ou tenant des bébés dans leurs bras. En général, on tentait de sauver les enfants faiblards, en cachette, mais la réalité reprenait vite le dessus. Mû, aujourd’hui l’aîné, avait vu sa sœur aînée mourir et son frère semblait prêt à suivre la même voie. Peu à peu, Mû avait découvert la vie et les mœurs de cette société riche de connaissances mais dont le mode de vie était dépassé et bien trop sévère. Mû se sentait comme pris dans un étau, pourtant, le Sanctuaire d’Athéna n’était pas réputé pour être très ouvert, bien au contraire. Le pire fut quand, après environ un mois de vie chez ses parents biologiques, Mû découvrit le corps fatigué et froid du dernier enfant mis au monde. Ne pouvant en supporter davantage, Mû avait affirmé au grand prêtre de Mü, leur déesse protectrice, qu’il quittait le royaume, en emportant Kiki, son dernier frère. On l’avait laissé partir avec son fardeau et tous pensaient que l’enfant mourrait dans les jours qui venaient, mais ce ne fut pas le cas, grâce aux bons soins du chevalier du Bélier. Il garda longtemps sa rancune envers ses parents, envers cette société qui cachait les enfants malformés et faibles. Un jour, il emmena Kiki, mais il ne vit pas cette étincelle émerveillée qu’il avait eue lui-même dans le regard il y avait des années. Ils ne demeurèrent pas longtemps chez les atlantes, et Kiki ne manifesta plus le désir de connaître ses parents. Alors que Kiki levait les yeux au ciel en se demandant quel était l’intérêt des Barbie, Mû s’interrogeait, ne sachant quelle serait la réaction de Kiki s’il savait qu’il était en fait son jeune frère. Et pourquoi ils avaient vécu seuls pendant toutes ces années à Jamir. Il préférait se taire. Cela ne servait à rein de remuer tout ça, et l’enfant était mieux dans son insouciance. Soudain, Kiki leva les yeux vers Mû et il eut un sourire coquin. « Au fait, vous vous êtes réconcilié avec Saga, non ? » Mû sentit ses joues rosir. Oh oui, ils s’étaient réconciliés. Il se rappelait très nettement le baiser fougueux que Saga lui avait donné, comme si sa vie en dépendait, et Mû était loin de se plaindre. Il avait espéré cela durant des années, n’osant croire que Saga partagerait un jour ses sentiments. Et pourtant… Il était heureux. Un rêve, un espoir lointain et refoulé se réalisait, et il commençait à se rendre compte à quel point Saga pouvait être attentionné et tendre à la fois, même s’il gardait sa réserve naturelle, demeurant le sage et calme chevalier des Gémeaux, avec sa politesse presque maladive. Mais Mû ne pouvait qu’être plus amoureux encore, Saga était vraiment quelqu’un d’attachant, quand il se dévoilait… « Tant mieux ! Je suis content ! - Je vois ça. - Saga est moins triste. » Kiki souriait de toutes ses dents. L’atmosphère s’était considérablement détendue et Saga semblait être sur son nuage. Ce qui, bien sûr, ne l’empêchait pas de gronder Kiki quand il jouait trop à la playstation. Ah, il n’était pas malade, quand il s’agissait de jouer… *** Alors que Saga faisait le vaisselle, Mû aidait Kiki à faire ses exercices de chinois. Saga écoutait vaguement les deux tibétains parler dans cette langue inconnue. Lui qui aimait les langues, et savait en parler un certain nombre, il était complètement déboussolé. Pourtant, il avait essayé de s’y mettre pour aider un peu Kiki, mais il avait vite abandonné. Kanon n’avait même pas essayé de s’y pencher, il parlait le grec, l’anglais et se débrouillait en français, alors que demander de plus ? La journée avait été mouvementée. Saga avait acheté le sapin et, une fois Kanon rentré vers les cinq heures, ils s’étaient mis à le décorer, avec l’aide de Lys et de son jeune frère Aaron. Cela avait été… folklorique. Saga, sur son petit nuage et à fond dans la zen attitude, avait rapidement renoncé à pester après son frère et Kiki qui faisaient n’importe quoi, Lys s’en était chargé, les bombardant tous les deux avec ses yeux bleus lançant des éclairs. Le sapin était assez grand, il avait même fallu en couper le bout, et Kiki, perché sur le dos de Kanon, avait failli tomber quand il avait fallu mettre l’étoile au sommet de l’arbre. Les guirlandes colorées et les boules de Noël, parfois assez fantaisistes, avaient été accrochées aux branches. Lys, dans un désir de faire tout beau, s’était battue en duel avec son adjoint pour que, cette année, le sapin soit en or et rouge, alors que Kanon préférait l’argent et le bleu. Au final, Kiki et Aaron avaient mis tellement de boules multicolores qu’on ne faisait plus tellement la différence. Saga et Mû eurent peur de dormir dehors, cet après-midi-là, quand les « adultes » se décidèrent à installer les guirlandes électriques. À tour de rôle, le jeune couple s’était demandé si les deux challengers, à savoir Lys et Kanon, allaient arracher la guirlande, briser toutes les petites protections en plastique pour les loupiottes, ou s’ils allaient mettre le feu à l’arbre, et accessoirement à la maison. Au final, Aaron avait pris la guirlande, avait ordonné à sa chère sœur de rester dans son canapé et de ne plus en bouger jusqu’à nouvel ordre, et avait demandé aimablement à Kanon l’aller leur chercher des rafraîchissements. Entre temps, la guirlande était installée. Mais décorer le sapin n’avait pas été la partie la plus dangereuse de l’aventure. En effet, après s’être occupé de l’arbre de Noël, il avait fallu décorer le salon. Et Saga, ainsi que Aaron, se demanda sérieusement pourquoi il avait invité Lys et pourquoi il n’avait pas jeté son frère dehors quand il en était encore temps. Saga, Kanon et Kiki avaient dévalisés les magasins en décorations de Noël, dont certaines étaient particulièrement fragiles. Certaines faillirent être cassées par les mains peu adroites de son crétin de frère et de son crétin de pupille. Aaron était très doux et respectueux, comme à son habitude. Lys, maladroite de nature, parvint à ne rien casser, par chance. Et non seulement Saga et Aaron durent faire face à la maladresse des membres de leurs familles, mais en plus, ils durent calmer la femme enceinte, le gosse déchaîné et l’adjoint qui s’affrontaient à nouveau. Lys piquait tous les Pères Noël rouges et les mettait n’importe où, tandis que Kiki prenait tous les Pères Noël bleus, son coup de cœur dans les magasins, et les mettaient dans son coin, alors que Kanon attrapait tous les autres pour les mettre là où il y avait de la place. À savoir, nulle part. À présent, le gentil Aaron s’en était allé avec sa sœur, à qui il avait promis de faire la décoration de son appartement en sa compagnie, et il n’était pas sorti de l’auberge, Kanon s’était réfugié dans sa chambre pour passer des coups de téléphone et Kiki jouait à la playstation. Le salon était nettoyé, tout propre, et Saga s’était laissé tombé dans le canapé. Mû était contre lui, sa tête sur son épaule, alors que le bras du grec entourait ses épaules. Mû regardait avec émerveillement tout ce qui l’entourait : le sapin illuminé, qu’ils avaient eu bien du mal à garder en état, et les meubles décorés de bibelots et de guirlandes. Malgré le brouhaha et le tohu-bohu, l’ambiance avait été bon enfant et chaleureuse. Le monde violent et solitaire du Sanctuaire d’Athéna était bien loin… « Je suis crevé. - C’est bientôt le 24, tu n’es pas couché. - Dans trois jours. » Saga soupira, il voyait déjà ça. Bon, Kanon et Kiki mettraient la main à la pâte, Mû de même, mais bon, c’était quand même de l’organisation. Le grec baissa les yeux vers Mû et se pencha vers lui pour cueillir ses lèvres. Avec tendresse, il les caressa des siennes, sa main dans ses cheveux. Le tibétain poussa un léger soupir quand il entrouvrit ses lèvres pour approfondir le baiser. Ses mains se retrouvèrent tout naturellement derrière le cou de Saga, alors que le grec l’enserrait dans ses bras, tout en lui offrant un baiser passionné, qui lui faisait voir les étoiles. Le baiser prit fin et Mû put reprendre sa respiration. Il haletait un peu, son visage enfoui dans le cou du grec. Saga se sentait revivre à chaque fois qu’il l’embrassait, et il pouvait presque entendre le cœur du jeune homme battre la chamade dans sa poitrine. Le fait que Mû partage ses sentiments était une chose inestimable, il avait encore du mal à y croire, mais quand le tibétain posait sa tête sur son épaule, il se sentait tout bêtement heureux. Un peu comme s’il était pardonné, comme s’il était à sa place. Il glissa ses lèvres vers l’oreille de Mû, et y glissa quelques mots, qui firent rougir davantage le tibétain, qui sentait une bouche chaude se poser dans son cou. Il glissa sa main sur la joue de Saga et quémanda ses lèvres, pour un baiser chaste et tendre, une réponse à cette petite phrase qui voulait dire tant de chose. Plus tard, dans la soirée, vint le moment du coucher. Sous l’insistance de Mû, Saga ne se coucha pas, cette fois-ci, dans son lit au rez-de-chaussée, mais dans celui du tibétain, qui s’endormit, blotti contre le grec, leurs jambes entremêlées, leurs visages si proches qu’on aurait pu croire qu’ils allaient s’embrasser. *** Chapitre suivant ici. ;) Si vous souhaitez laisser un commentaire, c'est ici :
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