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''Souviens-toi'' by Ludi
Chapitre 9
La porte du garage s’ouvrit et la voiture y entra. Avec précaution, Saga rangea le véhicule, attrapa ses achats et en sortit, pour ensuite la verrouiller. Il poussa la porte de métal menant au pavillon.
« Mû, je suis ren… Hé ! Sayuri ! »
La chienne était debout sur ses pattes arrières, lui faisant la fête. Saga lui caressa la tête en lui demandant de se calmer, mais l’animal préféra lui tourner autour, manquant de faire tomber à nouveau le grec qui ne savait plus où mettre les pieds sans la blesser.
Il n’avait pas été enchanté. Pas du tout, même, mais avec le regard de chien battu de son frère et Kiki, sans oublier leurs excuses, Saga ne s’était pas senti suffisamment courageux pour les affronter. Il avait lancé un regard mauvais à Mû qui ricanait dans son coin. Oui, il s’était bien fait avoir. Une fois encore.
Évidemment, Saga avait posé des conditions : Kiki devait la brosser, la nourrir, la laver si besoin et la promener en rentrant de l’école. L’enfant avait accepté de bonne grâce, mais ça faisait deux jours que le chien, qui s’était révélé être une fille, était chez eux, et Kiki montrait déjà des signes de faiblesse. Enfin, elle commençait déjà à faire partie de la maison, Saga n’avait pas le cœur de la jeter dehors pour ça, elle n’y était pour rien.
Un grand débat avait eu lieu pour choisir son nom. Enfin, un grand débat entre Kanon et Kiki, évidemment, car du moment qu’elle avait un nom potable, Saga s’en fichait un peu. Il les avait juste prévenus, pas de nom ridicule, il ne se voyait pas crier « Amour ! » ou encore « Apache ! » à tout bout de champ quand il irait la promener.
La chienne était un Shiba Inu aux poils roux. Saga, qui ne faisait aucune différence entre les chiens, au grand dam de son frère et Kiki, avait été content de l’apprendre, mais il ne voyait pas l’intérêt de lui chercher un nom japonais. Certes, c’était une race nippone, mais cette chienne devait être née en France. Dans le fond, elle était plus française qu’eux. Enfin…
Le débat traînait en longueur. En ayant assez d’écouter ces deux idiots proposer toutes sortes de noms, Saga préféra discuter avec Mû. Kiki voulut appeler la chienne Lys, mais Kanon refusa tout net. Déjà qu’il devait se la taper au travail, il n’allait pas l’avoir en plus à la maison. C’est alors que Mû, jusque là silencieux, leur dit que fleur de lys, en japonais, se traduisait par Sayuri. Petite phrase sortie de nulle part qui mit fin au débat et la chienne se trouva baptisée Sayuri. Saga ne pourrait jamais assez l’en remercier…
« Sayuri, du calme…
- Saga, tu es rentré ? »
Retirant ses chaussures dans l’entrée, Saga jeta un regard exaspéré à la chienne qui le suivait comme un caneton suivant sa maman. Même quand il monta les escaliers, elle continua de le suivre. Bon, il n’allait pas la critiquer maintenant, elle était étonnamment sociable et aucun dégât n’avait été constaté dans la maison. Et elle n’aboyait pas à qui mieux mieux. Saga imagina juste un instant un caniche cotonneux miaulant derrière la porte… Décidément, ce n’était pas si mal, les chiens japonais…
Saga entra dans la chambre du tibétain qui, comme d’habitude, était plongé dans un livre. Saga se pencha et l’embrassa doucement sur les lèvres. Un geste si simple et si tendre qui leur parut presque naturel. Malgré ses pensées, Saga ne ressentit aucune répulsion, aucun remord à poser ses lèvres sur celles du jeune homme. Il savait que ce n’était pas bien. Qu’il n’avait pas le droit de faire ça, de le souiller. Et pourtant…
Mû avait un beau visage. Des yeux sublimes et une voix qui le charmait. À peine l’apercevait-il qu’il avait envie de l’embrasser. Mais il se retenait. Il ne pouvait pas faire ça devant son frère, il se sentirait trop gêné. Et lui-même, après coup, se disait qu’il devrait arrêter, mais il était incapable de résister à son visage d’ange, à ses yeux qui désiraient une attention sans la formuler clairement.
« Tu as fait de bons achats ?
- J’ai acheté des cadeaux pour Kiki. Il serait temps que je m’active pour Noël.
- Mais c’est dans quelques semaines !
- Beaucoup de gens se disent la même chose et, au final, il n’y a plus rien dans les magasins. »
Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit, claquant avec grâce contre le mur, alors qu’un tonitruant « Je suis rentré !! » retentissait dans la maison. Stupéfait, Saga regarda sa montre et vit que, en effet, il était onze heures et demi passées, et il se rappela que Kiki quittait les cours à 11h20 le mardi. Et rien n’était préparé…
Saga se leva donc du lit, abandonnant le sachet blanc et jaune de la Fnac sur la couette bleue et descendit quatre à quatre les escaliers menant au rez-de-chaussée, en espérant que Kiki soit rentré seul. Raté. Anthony et Valentine étaient là, dans l’entrée à rire autour de Sayuri qui se faisait une joie de les accueillir à la maison.
Le grec salua les enfants et partit en vitesse dans la cuisine préparer le déjeuner. Il entendait les collégiens retirer leurs chaussures et abandonner leurs sacs énormes sur le sol. Le grec se dit que Valentine ne devait pas manger chez eux, aujourd’hui. Bah, ses parents devaient l’avoir oubliée, pour changer.
« Je vais voir Mû ! »
Kiki monta à l’étage au triple galop, ses fidèles amis le suivant dans sa course. Mais… Mais j’ai pas récupéré mon sac, moi ! S’exclama intérieurement le grec, qui faillit en lâcher sa casserole pleine d’eau. Les enfants parlaient, à l’étage, et rien ne laissait soupçonner qu’ils avaient fait attention au sachet en plastique jaune et blanc, avec écrit Fnac en gros dessus. Quelques secondes plus tard, les escaliers couinèrent sous leurs pas d’éléphants galopant dans la jungle, et ils arrivèrent comme des fleurs dans la cuisine, prêts à mettre la table.
Après avoir mis de l’eau à bouillir pour les pâtes, Saga monta à l’étage le plus tranquillement possible, puis rentra dans la chambre. Petit sac évaporé. Mû lui fit un grand sourire et sortit le sac criminel de sous la couette. Saga sembla respirer, il récupéra son bien et embrassa le jeune homme sur le front, il avait eu chaud. Il avait déjà fort à faire avec Kiki, une véritable fouine, s’il fallait qu’il découvre ses cadeaux maintenant…
Un bruit de vaisselle brisée sonna dans la maison comme un coup de fusil. Immédiatement, les trois gamins hurlèrent qu’ils avaient cassé une assiette sans faire exprès mais elle leur avait glissé des mains et maintenant elle était cassée. Pas besoin d’explication, Saga avait déjà compris.
« Mû, arrête de rire… »
***
« Tu sais que je t’aime beaucoup, Kanon.
- Oui, je le sais.
- Et tu sais que j’ai envie de te frapper, n’est-ce pas ?
- Saga ! J’ai oublié !
- Merci de me le rappeler, mais j’avais compris. »
Kanon leva les yeux au ciel puis se redressa, fonça vers son armoire, mais il fut poussé sans ménagements par son frère qui attrapa ses chemises et les fourra avec grâce dans sa valise. Vu le temps qu’il mettait à les repasser, hors de question que les grosses pattes de son frère se posent dessus. Kanon fit deux fois le tour sur lui-même et se dit qu’il n’avait rien oublié.
« T’as tous tes dossiers ?
- T’es pas ma mère.
- Parfois, je me le… Sayuri, dehors ! »
D’un geste ferme, Saga lui montra la porte de la chambre et la chienne en sortit, terrifiée. Même si elle ne faisait pas de dégâts à la maison, elle avait tendance à se coucher sur les lits et le canapé. Saga n’allait pas la blâmer, sauf que, vu son poil humide, elle revenait de promenade et il était hors de question qu’elle salisse la moquette avec ses pattes mouillées.
« Kiki, essuie Sayuri, s’il te plait !
- J’allais le faire, mais elle voulait te faire la fête !
- Dis, Saga, t’aurais pas vu une pochette en carton jaune ?
- Celle que tu as fourrée dans tes pantalons ?
- Merci, frérot !
- Et après, tu dis que je ne suis pas ta mère ? »
Ce fut au tour de Saga de lever les yeux au ciel. Kanon rangeait vraiment ses dossiers n’importe où. Il disait que, si jamais quelqu’un entrait, il n’aurait jamais l’idée de chercher dedans. Les gens sont bêtes. Saga se souvenait d’une conversation qu’il avait eue avec Lys, elle lui avait dit que Médicis faisait pareil, au point de ne plus savoir où étaient ses affaires. Alors c’était à sa secrétaire de chercher dans son armoire avec lui… Ah, ces hommes d’affaires…
« Et tu pars pendant combien de temps ?
- Heu… une semaine, je pense. Peut-être moins.
- Et tu vas voir Rhadamanthe ? »
Kanon eut un instant d’hésitation. Ou, plutôt, il revit le visage calme, presque indifférent, de l’ancien spectre d’Hadès. Il acquiesça lentement de la tête. Oui, ils allaient le voir, c’était lui qui venait le chercher à la gare, ils allaient séjourner dans un de ses appartements. Dans une de ses propriétés.
« C’est bien, non ?
- Oui. Ça fait bizarre, c’est tout.
- Tu vas chercher Lys ?
- Non, je pars avant elle. Elle a quelques petites choses à faire, elle me rejoint dans deux ou trois jours. Ça me plait pas vraiment, mais quand Madame dit quelque chose, on obéit. Tu m’accompagnes à la gare ??
- Tu crois pas que j’ai autre chose à faire ?
- Génial ! »
Sur ces mots, Kanon souleva sa valise et sortit de sa chambre, suivi de près par son frère, qui n’avait pas vraiment le choix. Kanon n’avait toujours pas son permis de conduire, et peut-être ne l’aurait-il jamais. L’homme n’était pas vraiment à l’aise en voiture, surtout quand il était à l’avant. Il voyait des accidents partout. Saga n’osait imaginer ce que ce serait si c’était lui qui conduisait.
Dans le salon, Mû regardait Kiki frictionner sa chienne avec une serviette, un livre posé sur ses genoux. Saga sentit son cœur battre un peu plus vite quand il croisa le regard du jeune homme qui eut un sourire. Parfois, il se demandait si Kanon ne se doutait pas de quelque chose, mais ce crétin était trop obnubilé par son portable, sa valise ou sa patronne pour remarquer quelque chose. Quant à Kiki, il avait les yeux de l’amour, et ils étaient posés en ce moment sur Sayuri qui se secoua avec élégance.
« On va à la gare.
- Pour quoi faire ??
- Kanon part en voyage. »
Kiki ouvrit de grands yeux, stupéfait.
« Mais il nous l’avait pas dit !
- J’ai oublié, ça peut arriver à tout le monde…
- Et tu vas où ?
- En Angleterre, tu veux venir avec moi ? »
Saga le foudroya du regard alors que Mû se retint d’éclater de rire. Kanon rit alors que son frère le traitait de « crétin, Mû n’est pas en état de voyager, dragon de pacotille… ». Kiki n’avait pas trop compris où était le problème, alors il souhaita un bon voyage à Kanon et il partit chercher sa chienne qui s’était enfuie comme un lapin.
***
Tout son corps était douloureux. Son dos, qu’elle tentait de garder droit durant des heures, lui faisait si mal qu’elle avait envie de s’allonger sur le ventre. Mais c’était impossible. Elle écraserait son ventre, responsable de sa douleur. La jeune femme ne pouvait que se plonger dans sa baignoire d’eau chaude, à attendre que ça passe.
Ça finissait toujours par passer. Les battements de son cœur ralentissaient, le stress s’évaporait tout doucement. Mais jamais complètement. Sinon, c’était pas drôle, se disait-elle. Ce n’était pas marrant si toute cette pression s’en allait comme ça, aussi facilement.
Lys ouvrit les yeux. Pendant un instant, elle se vit glisser dans la baignoire, de l’eau sur le visage, et des bulles sortant de ses lèvres. Elle posa ses mains sur les rebords de la baignoire, se redressa et sortit, toute dégoulinante d’eau, son corps déformé par cette double grossesse. Elle n’osait même plus se regarder dans une glace. Elle avait peur de ce qu’elle pourrait voir : une femme enceinte, les yeux soulignés de cernes, la peau pâle et les yeux vides. En fait, elle avait surtout peur de voir son état mental, dans cette glace.
Alors qu’elle s’essuyait avec une grande serviette éponge, elle pensa à Kanon, dans le train. Ça faisait deux jours qu’elle ne l’avait pas vu, deux jours de trop. Deux jours qu’elle n’avait pas ressenti sa présence rassurante, entendu sa voix grave, plus calme que celle de son père. Car il était venu, lui, ce vieux con.
Un peignoir autour du corps, la blonde sortit de la salle d’eau chaude et humide, et attrapa son portable posé sur la table basse. Elle s’installa dans son canapé et tapa le numéro de son amant. Elle le connaissait par cœur. L’homme ne tarda pas à répondre.
« Allô ?
- C’est Lys. Te dérange ?
- Lys ? Qu’est-ce qui t’arrives, mon cœur ?
- Rien…
- Tu as vu l’heure qu’il est ? Et il ne se passe rien ?
- Envie de t’entendre. »
Un soupir de l’autre côté de la ligne. Pendant un instant, la jeune femme le vit assis dans la cuisine, ses sourcils légèrement froncés et ses cheveux bouclés encadrant son visage. Et puis ses yeux. Ces yeux qui l’avait charmée…
« Un problème ? C’est ton père qui te fait des misères ?
- Pour changer. Et mon adjoint est pas là.
- Vous vous êtes disputés ?
- Nan, en voyage. Je le rejoins dans quelques jours. »
Pendant une dizaine de minutes, Lys écouta sa voix, changée à cause de la distance et le micro du téléphone, mais elle avait le même accent quand il parlait anglais, la même façon de prononcer ses mots, avec cette facilité presque… enfantine.
C’était ça, en fait, qui l’avait séduite chez lui. Ses manières presque enfantines, dans sa façon de voir les choses, de s’émerveiller pour un rien, de rire, de sourire… Habituellement, cela l’aurait vite lassée. Mais pas chez lui. Pas chez cet homme de son âge, qui avait toujours cette petite lueur triste dans les yeux. Comme s’il était passé à côté de sa vie. Un peu comme Kanon, et Saga.
« Je vais te laisser, on m’appelle.
- D’accord.
- Je te rappelle demain. D’accord ?
- Oui. Je t’aime, tu sais.
- Pas autant que moi. Dors bien, mon ange.
- Toi aussi. »
Elle raccrocha. Un sourire flottait sur ses lèvres. Elle se sentait mieux. La pression était tombée.
***
Londres. Il était arrivé à Londres. À travers les yeux des touristes, ce devait être une ville étrange, lumineuse, si différente de leur capitale, avec ses monuments, mêlés aux hautes bâtisses vitrées servant aux affaires.
Pour lui, c’était une ville comme une autre. À vrai dire, être à Londres lui était indifférent, il n’était venu que pour les affaires. En plus, il faisait encore nuit. Il aurait dû partir le matin, et non pas le soir, mais il se levait déjà si tôt d’habitude, il n’avait pas envie de prendre le train avec la sensation qu’il partait pour le travail.
Assis sur son siège, la tête appuyée contre la vitre, Kanon se laissait aller à ses pensées. Une femme assise à côté de lui somnolait et le calme régnait dans le wagon. Une atmosphère idéale pour réfléchir.
Le grec songea à tout ce qui se passait, en ce moment. La grossesse de Lys, son stress quotidien, ces cernes habilement cachées sous du maquillage, ses coups de barre en plein milieu de la journée. La colère de Saga, ses regards tendres posés sur Mû, sa silhouette devant l’ordinateur, le bruit de ses doigts sur les touches. Le sourire de Kiki, ces étoiles dans ses yeux quand ils se posaient sur Sayuri, ses difficultés en français. Le visage clair de Mû, sa douce présence, discrète mais agréable. Et Rhadamanthe. Ses coups de fils, ses sous-entendus, sa voix grave de l’autre côté de la ligne.
Kanon ferma les yeux. Il était fatigué. Le voyage n’était pas long, certes, mais il se sentait épuisé. Un coup de barre. Ç’allait passer. C’était peut-être l’appréhension, Rhadamanthe venait le chercher. Rhadamanthe. Lord Ryan Wolf. Quand il y pensait… Lui n’était qu’un misérable enfant du peuple né sans un sou. Cette pensée le fit sourire.
Ils arrivèrent à la gare. Une gare comme toutes les autres, avec des quais, des trains en attente, des boutiques, des escalators. Pourtant, les touristes s’émerveillaient, comme s’ils n’avaient jamais vu une gare de leur vie. Kanon, valise en main, sortit dans les derniers de son compartiment. Il n’était pas vraiment pressé.
Quand il fut sur le quai, il chercha machinalement un visage connu, mais n’en vit point, alors il marcha lentement devant lui, dans le but de rejoindre l’autre bout du quai. Tout autour de lui, des gens se pressaient, riaient, criaient. Anglais, français…
« Kanon ! »
Écossais… Le grec leva les yeux et il le vit. Rhadamanthe. Ryan. Son visage viril, où brillaient ses yeux dorés au regard pénétrant. Ses cheveux brun clair encadrant sa figure, à peine coiffés. Il était habillé dans une longue veste en cuir noir, un pantalon sombre et des chaussures hors de prix. Kanon se demanda depuis combien de temps il ne l’avait pas vu. Il lui avait manqué.
Rhadamanthe s’avança vers lui, et Kanon remarqua qu’il s’était arrêté de marcher. Le britannique plongeait son regard dans le sien, comme s’il fouillait en lui, tentait de lire dans ses pensées. Dans ces moments-là, Kanon avait toujours la sensation d’être mis à nu. Habituellement, ça l’exaspérait. En ce moment présent, cela ne l’ennuyait même plus.
Il n’eut aucun mouvement de recul quand Rhadamanthe se pencha vers lui pour capturer ses lèvres. Ni au moment où il les sentit sur les siennes, fraîches et pleines. Au contraire, Kanon posa sa main sur sa nuque, pour approfondir cet échange qui allumait un brasier en lui.
Quand ils se séparèrent, Kanon sentait qu’il avait les joues un peu rouges. Rhadamanthe, lui, n’avait pas changé : un visage serein, presque indifférent. Seul son regard semblait s’être allumé. Réellement allumé. Kanon eut un sourire, alors que l’ancien spectre attrapait sa valise, en lui glissant dans l’oreille que les passants semblaient choqués.
Cette fois-ci, il éclata de rire.
***
Le téléphone sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois.
« Bip… Bip… Bip… Bonjour, vous êtes bien chez Saga et Kanon Galanis, nous sommes absents pour le moment, veuillez laisser un message après le bip sonore. »
« Saga, c’est moi ! Heu… Juste pour te dire que je suis bien arrivé à Londres, il fait un froid de canard, j’aurais jamais dû quitter Paris… Bref. Je suis chez Rhadamanthe, ce radin refuse que je monte trop le chauffage, ce n’est pas bon pour l’écologie et ça consomme. Et tous les pulls que je mets en plus, ça ne fait pas de la lessive en plus dans l’eau ?! »
Saga décrocha.
« Tu comptais me raconter ta vie encore longtemps ?
- Pourquoi tu laisses le répondeur si t’es à la maison ?!
- Pourquoi tu laisses des messages aussi longs alors que tu sais que je suis là ? Mû se moque de toi.
- Saleté de Bélier…
- Saleté de Dragon des mers.
- Saga, tu as une mauvaise influence sur lui…
- Merci.
- Bref ! Je suis arrivé en un seul morceau, et il fait froid…
- Ça, j’avais compris. Comment va Rhadamanthe ?
- Bah bien.
- Juste bien ? »
Saga imagina son frère rougir dans un canapé en cuir hors de prix dans un salon très chic. Les Wolf ont le goût du luxe, Lys le leur avait assuré…
« Bon, on s’est embrassés.
- Où ?
- Mais je t’en pose, des questions ?
- Oui, à l’instant. Où ?
- À la gare.
- Vous n’avez pas perdu de temps.
- Saga !! Crétin de Gémeau !! »
L’insulté éclata de rire. Il entendait son frère grogner comme un chien, ou un dragon, en colère. Pour une fois que son jumeau avait une histoire, il pouvait bien le taquiner un peu, non ?
« Sinon, le voyage s’est bien passé ?
- Oui, sautons du coq à l’âne…
- Il embrasse bien ?
- Abruti !!! »
Mû et Saga rirent, même le tibétain entendait le grec gueuler comme un porc qu’on égorge. Il aurait dû se la fermer, il aurait dû se la fermer…
***
Alors, par quoi commencer… Donner à manger à la chienne ? Non, elle pouvait attendre, on n’était pas à deux minutes. Faire le ménage ? On avait le temps, la poussière n’allait pas s’envoler. Dommage… Faire la cuisine ? Oh, la flemme… Donner les médicaments à Kiki ? Heu… ce serait bien, oui…
Tout en poussant un soupir las, Saga monta les escaliers jusqu’au premier étage, jeta un coup d’œil dans sa chambre, puis entra dans celle de Kiki. Une chambre de petit garçon, avec du papier peint bleu, des meubles en bois clair, une télévision et une Playstation. Cadeau de Lys. Il se rappelait encore du visage épanoui de l’enfant quand il avait découvert le carton de la console sous le papier cadeau.
L’enfant était allongé dans son lit. En rentrant de l’école, bizarrement, il n’avait pas sauté partout, faisant la fête à Sayuri ou embrassant Mû dans le canapé. Bon, de toute façon, Mû n’était pas dans le canapé quand il était rentré, mais quand même… À peine le grec avait-il posé sa main sur le front de l’enfant qu’il l’avait retirée, comme ébouillanté.
Une forte fièvre s’était emparée de Kiki et ce dernier était incapable de dire exactement quand il avait commencé à avoir le front chaud. Il avait dû traîner ça toute la journée, et maintenant, il était cloué au lit. Ah, c’était ça de ne pas écouter son tuteur et refuser de mettre son écharpe…
« J’aime pas les médicaments.
- Personne n’aime.
- Anthony adore ça, il parait que, quand il était petit, il voulait toujours prendre ceux de son frère. (C’est du vécu, ma sœur voulait prendre les médicaments de ma sœur, suppositoires compris… Comment ça, y’a que des dingues chez moi ?! REPONSE : Ben, moi qui étais tout le temps malade, petite, j'aurais bien voulu que quelqu'un d'autre avale mes médicaments infects !!! ;DDD)
- Il est malade… »
C’est avec un regard mauvais que le jeune tibétain regarda les médicaments que lui présentait Saga, comme s’ils allaient lui sauter dessus et le tuer. Le grec se demanda comment Mû s’y prenait pour le soigner, quand il était petit…
Au bout d‘une dizaine de minutes, Saga réussit à lui faire avaler les comprimés, de mauvaise grâce, certes, mais maintenant ils étaient dans son ventre. En dernier recours, il l’avait menacé de lui enfoncer un suppositoire dans le derrière. Évidemment, Kiki avait abdiqué.
Tout de même un peu inquiet, Saga lui toucha le front, encore chaud et moite, et il demanda à l’enfant s’il n’avait besoin de rien. Kiki voulait juste dormir, il se frottait les yeux, alors il le laissa seul dans sa chambre, en se disant qu’il serait guéri dans quelques jours.
Après avoir fermé la porte de la chambre, le grec se dirigea vers celle de Mû, où ce dernier semblait dans les nuages, assis sur le lit et un livre posé sur ses cuisses. Ses cheveux attachés par un élastique glissaient sur son torse, une vague de mauve s’harmonisant avec la couleur bleu roi de son pull.
Saga toqua sur la porte pour lui montrer qu’il était là, et le tibétain sembla redescendre sur Terre. Il lui sourit, Saga ne put résister et s’avança dans la pièce, s’assit près de lui et s’empara de ses lèvres bien dessinées, fines et souples sous les siennes. Mû répondait à son baiser, rejetant toute timidité. Ce baiser demeura chaste, mais il avait un goût de paradis.
Comme si c’était naturel, Mû se cala contre le grec, qui soudain ne savait plus où se mettre. À chaque fois, c’était pareil : il cédait et, quand Mû se faisait câlin, il avait honte et voulait sortir de la chambre. Les vieux remords qui le rongeaient encore, malgré le temps…
Sentant que le grec était tendu, Mû attrapa sa main et joua nerveusement avec ses doigts, ses yeux repartant dans le vague. Il se sentait bien, contre lui, en confiance. Il aimait quand Saga posait ses lèvres sur les siennes, son cœur battait la chamade, tout son être semblait brûler de l’intérieur. C’était comme si Mû avait toujours attendu ça, ce genre d’attention, de preuve d’amour.
Car Saga l’aimait, le tibétain n’avait aucun doute là-dessus. Il se disait qu’il avait beau être amnésique et ne se souvenir de quasiment rien, il sentait ces choses-là. Saga ne parlait pas de ça. Il ne faisait jamais allusion à leurs doigts qui se croisaient, à leurs baisers, à cette tendresse à son encontre quand il l’habillait, le sortait du lit, le massait… Mû sentait pourtant que Saga le regardait avec les yeux de l’amour, même s’il rejetait ce sentiment. Le tibétain n’en était même pas blessé. Il y avait une raison, à cela. Mais il finirait bien par la faire disparaître…
« J’ai fait un rêve, hier soir.
- Ah ?
- Oui… »
Tout en parlant, Mû ferma les yeux, s’imprégnant de toutes les images qui passaient dans sa tête, comme un film. Il revit la petite bâtisse grise aux peintures grossières, faites à la va-vite, dont les couleurs passées ne traduisaient plus la bonne humeur de l’établissement. Une bonne humeur relative.
Il y avait plein d’enfants. Plein, plein d’enfants. Des maigres, des malades, des blessés, mais beaucoup avaient un sourire sur leur visage, quand une femme en blanc passait parmi eux, ou encore cet homme immense, rude au premier abord, mais ses yeux trahissaient son amour pour les enfants, pour ces êtres qui n’avaient pas demandé à naître et qui se retrouvaient là, sans parent. Sans vie, sans avenir.
Tout en caressant les cheveux longs et mauves du jeune homme, Saga imagina ce bâtiment détérioré, où gambadaient des enfants. Sans doute des latinos. Et cet homme immense, c’était très certainement Aldébaran. Un homme de grande taille peu sympathique au premier regard, mais qui se révélait être une personne possédant une grande âme. Et Saga se souvenait parfaitement de son amour caché pour les enfants. Enfants qu’il n’avait jamais pu entraîner, refusant de les livrer au Sanctuaire…
« Tu sais qui c’est ?
- Sûrement Aldébaran.
- Vous avez tous des noms bizarres, quand même.
- C’est toi qui dis ça !
- Chez nous, les noms de sont jamais très longs. Les vôtres sont à rallonge. »
Saga leva faussement les yeux au ciel. Il se rappelait que Mû, enfant, lui avait déjà fait cette remarque, après qu’Aphrodite se soit présenté à eux. Kiki le lui avait dit aussi, à la rentrée des classes. Une élève de sa classe avait un nom composé : Marie-Madeleine. Cela l’avait beaucoup perturbé, lui qui n’avait que deux syllabes dans son prénom, et il ne voyait pas l’intérêt d’un prénom si long. Saga avait préféré ne pas lui expliquer la signification de ces prénoms et pour quelle raison les français, ou autres, donnaient des noms plus compliqués que le sien à des enfants.
« Au fait, comment va Kiki ?
- De la fièvre. J’espère que ça va passer, ou je vais appeler le médecin.
- Je n’aime pas quand il est malade. Il parle dans son sommeil.
- Comment tu peux le savoir ?
- Je ne sais pas.
- Toi aussi, tu tombais malade, comme tu étais petit.
- C’est pas vrai.
- Si, tu attrapais du mal à cause du changement de température entre La Grèce et le Tibet.
- Tu prends de l’âge, Saga, tes souvenirs t’échappent.
- Ah oui, tu crois ? »
Ses doigts glissèrent sur les côtes du tibétain qui éclata de rire, se tortillant contre lui. Mû avait toujours été particulièrement chatouilleux, comme Camus et Shaka. Combien de fois, Aiolia et Milo les avaient-ils pourchassés pour les chatouiller… Il fallait être rusé pour réussir à les faire pleurer de rire.
Et c’était ce que faisait Mû, contre lui, incapable de se défaire de l’emprise du Gémeau, ses jambes immobiles, son corps entre les bras du grec, ses lèvres emprisonnées par celles de Saga. Il se sentit fondre contre lui, alors que Saga savourait la texture de ses lèvres, puis de ses joues, tout en se disant que son rire était magnifique.
***
Son téléphone portable sonna dans sa poche. D’un geste mécanique, la jeune fille fouilla dans sa poche et l’attrapa, souleva le clapet pour ensuite porter l’appareil à son oreille.
« Allô ??
- Ludi, c’est moi.
- Saga !! Comment tu vas ??
- Bien, et toi ? Enfin rentrée de vacances ?
- Tu parles, des vacances… Ce mariage, c’était une horreur, tu peux pas t’imaginer. J’ai jamais mangé autant de pain en une soirée, moi, j’ai battu mon record. »
La blonde toqua à la porte puis entra comme si c’était chez elle. Elle fit un sourire à son patient qui le lui rendit, sans pour autant s’arrêter dans sa conversation.
« Et le gâteau ?
- Chocolat ! Et pas bon, ma sœur n’a pas pu le manger, pour dire…
- Tu exagères… »
Ludivine posa sa main sur le micro du téléphone et jeta un regard noir à Camus qui se contenta de lever les yeux au ciel, ce qui fit soupirer de désespoir la jeune fille. C’était une incomprise…
« Désolé, c’est mon imbécile de patient qui réfléchit à voix haute.
- Tu sais ce qu’il te dit, ton imbécile de patient ?
- C’est l’amour fou entre vous.
- T’as vu un peu ! On s’aime !
- Je crois pas, non.
- Je suis blessée, là. »
Camus revint à sa lecture, confortablement assis dans son canapé, alors que son infirmière personnelle se remettait à papoter joyeusement, résumant à Saga le mariage. On commençait déjà à avoir des échos de la famille, ils n’avaient pas tellement aimé la fête. Il faut dire qu’inviter cent personnes dont la moitié ne se connaissait ni d’Ève ni d’Adam, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus fin…
À l’autre bout du fil, Saga l’écoutait en se disant qu’elle avait quand même une famille bizarre. Ils se fréquentaient avec hypocrisie, participaient aux mariages tout en critiquant derrière. Enfin, la blonde lui dit que sa tante savait parfaitement ce qu’elle en pensait, elle était venue plus d’une fois quémander un bisou ou un câlin, Ludivine l’avait envoyée péter plus loin. Et encore, on lui avait demandé de fermer sa bouche.
« Je n’ose pas imaginer si on ne t’avait rien dit…
- Nan, imagine surtout pas…
- Oui, Kiki, j’arrive !! Oh, ce gosse…
- Qu’est-ce qui lui arrive ?
- Malade. Et il a horreur de ça. Bon, je te laisse ou il va me faire une crise de nerfs.
- Ton frère ne peut pas s’en occuper ?
- Il est parti.
- Où ?
- En Angleterre.
- Avec son chéri !! Ça va être gai !!
- Comme tu dis… »
Quelques secondes plus tard, Saga raccrocha. Bon, la blonde était bien rentrée, tout allait bien. Il monta voir Kiki en se disant que la voix du jeune homme, l’handicapé, lui rappelait quelque chose…
***
À peine était-il arrivé qu’il enchaînait déjà les réunions. En plus, elles n’étaient pas en français, mais dans un anglais bien anglais, voire américain, qu’il fallait décortiquer pour y comprendre quelque chose. À plusieurs reprises, le grec avait maudi ce crétin qui avait mis sa patronne enceinte. Pour une fois qu’il avait vraiment besoin d’elle, elle n’était pas là ! Mademoiselle devait se ménager…
Kanon se sentait fatigué. Il sortit de son taxi après avoir payé la note, mallette en main, et jeta un regard aux bâtiments qui abritaient des appartements de luxe, dont l’un d’eux était à sa disposition. Peut-être Rhadamanthe y était-il. Dans le fond, il l’espérait.
Tout en rentrant dans le hall sombre, l’homme se remémora la soirée de la veille. Leur baiser sur le quai, puis le retour en taxi. Rhadamanthe séjournerait avec lui le temps de ses affaires, puis il repartirait chez lui. Oui, décidément, c’était pour lui qu’il venait en France. Pour être un peu avec lui.
L’ascenseur s’arrêta au premier étage. Kanon en sortit, se dirigea vers la porte de l’appartement et enfonça la clé dans la serrure. Il ne fut pas accueilli par Kiki, sa chienne ou encore Saga, mais plutôt par la vision de Rhadamanthe assis dans son canapé à lire un dossier, concentré sur sa tâche. Chemise blanche un peu froissée, pantalon noir. Élégant.
L’anglais leva les yeux de ses feuillets et eut un léger sourire en voyant Kanon.
« Bonsoir. Bien travaillé ?
- Un calvaire. J’avais oublié comme parler à des anglais était horrible.
- Merci pour moi.
- De rien. Enfin, le pire, c’est parler anglais à des chinois. »
Kanon se laissa tomber à côté de lui sur le canapé, desserrant sa cravate. Il retira sa veste, ce qu’il regretta aussitôt, il ne faisait vraiment pas chaud dans cet appartement. Rhadamanthe disait qu’il était frileux. N’importe quoi.
« Et toi ?
- Rien de spécial. Affaires de famille. Et puis mon père a des problèmes de santé. Peut-être un cancer. Il est à l’hôpital.
- Ah. Désolé.
- Tu pensais que je n’étais venu que pour toi ? »
Kanon ne répondit pas, attrapant un verre sur la table pour se servir du whisky. Le verre où Rhadamanthe avait bu, mais Kanon ne fit pas attention à ce détail. Il était fatigué, la tête chaude et il avait envie de se détendre. Il trempa ses lèvres dans le liquide ambré, puis l’avala d’une traite.
« Tu pourrais répondre.
- Pourquoi ? Tu ne réponds jamais franchement, toi.
- C’est toi qui ne comprends rien.
- Pardon d’être moins subtil que toi. »
Le grec se resservit un verre, ce que Rhadamanthe vit d’un mauvais œil. Ça lui rappelait sa cousine dans ses moments de tristesse, à boire ce qui lui passait sous la main. Et cet alcool n’était pas bon marché, loin de là… À nouveau, Kanon le but comme on avalerait de l’eau.
« Ce n’est pas le genre de chose qu’on peut avouer facilement.
- Tu es quelqu’un de franc, pourtant.
- Arrête de boire, Kanon.
- En plus de faire des économies de chauffage, tu veux faire des économies en alcool ? »
Sans écouter l’anglais, l’adjoint se resservit une troisième fois. L’alcool commençait à faire ses effets, il sentait son corps se détendre et son esprit s’embrumer. C’était le dernier verre. Après, il irait sûrement se coucher.
« Tu es stupide.
- C’est pour ça que tu m’aimes, non ? »
À ces mots, l’ancien spectre le foudroya du regard. Habituellement, Kanon en aurait frissonné. Là, cela lui était indifférent. Il se leva, sirotant son verre et partit dans sa chambre. Enfin, il essaya, car la poigne ferme de Rhadamanthe l’empêcha d’aller bien loin. Le verre au bord des lèvres, Kanon défiait l’anglais, attendant qu’il le lâche. En cet instant, avec son regard embué, ses longs cheveux ondulant autour de son visage légèrement bronzé, Rhadamanthe trouva son ancien ennemi magnifique. Tentant.
Soudain, Kanon attrapa sa cravate dans sa main et le tira à lui, s’emparant de ses lèvres. Rhadamanthe ouvrit de grands yeux mais les referma aussitôt, Kanon glissait sa langue entre ses dents. Il était éméché, il ne savait plus ce qu’il faisait. Et pourtant, Rhadamanthe répondit voracement à ce baiser. Kanon se retira, haletant, le regardant toujours avec cette lueur de défi dans les yeux.
« Arrête.
- Pourquoi ?
- Arrête, c’est tout. »
C’est alors que le grec vit cette petite lueur, toute petite, dans ses yeux dorés. Cette lueur triste. Blessée. Malgré les brumes de l’alcool particulièrement fort, Kanon comprit qu’il l’avait blessé. Dans ses mots. Plus tard, il se rendrait vraiment compte de ce qu’il avait dit.
« Et si je ne veux pas arrêter ?
- Tu veux t’envoyer en l’air ? Sans moi.
- Non. Juste faire l’amour. »
Ça faisait longtemps qu’il ne l’avait pas fait. Qu’il n’avait pas aimé, ni n’avait été aimé par un homme ou une femme. Et Rhadamanthe était là, beau, séduisant, et aimant. Il saurait prendre soin de lui. Et lui faire oublier un peu la vie. Juste un peu. Lui faire voir les étoiles.
À nouveau, Kanon l’embrassa. Il y avait toujours ce goût d’alcool dans sa bouche, ce goût enivrant. L’anglais cessa de résister, et il entoura la taille de Kanon avec ses bras, l’entraînant vers la chambre. Une main du grec appuyait sur la nuque de l’anglais, l’autre tenait le verre où reposaient quelques gouttes ambrées. Il fut posé sur la table de chevet, alors que Kanon se retrouvait coincé contre un mur, Rhadamanthe ouvrant sa chemise pour caresser sa peau bronzée et frémissante sous ses doigts.
Kanon n’était pas en reste, déshabillant comme il pouvait son prétendant, et bientôt amant. Ses lèvres furent à nouveau capturées dans un baiser langoureux. Kanon glissa ses mains dans les cheveux courts de son spectre, sa chemise glissant de ses épaules, répondant avec passion à son baiser.
Bientôt, il fut allongé sur le lit, dans les draps doux et frais, Rhadamanthe au-dessus de lui. L’anglais sentit de suite que Kanon se laissait faire, voulant jouer le rôle du passif. De celui qui serait aimé. Il était plus âgé que lui, pourtant. Plus mûr. Plus orgueilleux. Et il était là, étalé sur le lit, répondant à ses avances, mais sans prendre le dessus. L’alcool ?
Lentement, Kanon l’attira à lui, pour lui murmurer quelques mots : réchauffe-moi. Alors Rhadamanthe le réchauffa, de la plus torride des manières. Sous lui, Kanon gémissait, ondulant sous lui au rythme de ses allées et venues. Si beau, si passionné, la sueur glissant sur son front, ses yeux perdus dans le vague, le plaisir déferlant en lui. Ça faisait longtemps, si longtemps…
La libération approchait. Kanon planta son regard dans les yeux dorés de Rhadamanthe. Il le trouva beau. Au-dessus de lui. Il ne se sentait même pas diminué, ni en situation de faiblesse. Ils faisaient l’amour. Il n’y avait ni faible ni puissant, dans cet acte. Juste une union. Une union qui faisait voir les étoiles…
Rhadamanthe se laissa tomber sur Kanon. Il respirait son odeur, sentait son cœur battre sous ses doigts, et sa respiration rapide caressait ses cheveux. Il se retira et le grec poussa un gémissement, glissant ses jambes de façon à les mêler aux siennes. Un dernier baiser. Et ils sombrèrent dans les bras de Morphée…
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Chapitre suivant ici. ;)
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