“ÓSMOSIS” by Ariesnomu / Mu Saga 4 ever (traduction mars 2008) Chapître 5 : Surprises des plus inattendues Le lendemain, après l'entraînement de la matinée, Saga était allé méditer au Cap Sounion, espérant trouver dans l'écume des vagues des réponses à ses silencieuses questions, le regard perdu dans l'horizon. Il ne les trouva point et décida finalement de retourner à son temple, le coeur serré et las, marchant tristement à pas lents le long du sentier bordant la falaise, longeant la plage, laissant le vent danser dans sa crinière sauvage et les embruns caresser doucement son visage. Il entendit soudain au loin de grands éclats de rire et tourna machinalement la tête vers l'origine de ces effusions de joie, plus par réflexe que par intérêt, et distingua cinq silhouettes plongées jusqu'à la taille dans les eaux turquoises de la mer qui s'agitaient et s'ébattaient gaiement. Ce fut alors qu'une couleur particulière attira son attention. Une longue chevelure mauve qui brillait et scintillait sous le soleil radieux. Mû jouait au volley dans l'eau avec Masque de Mort, Aphrodite, Shura et Ayoros et ils s'éclaboussaient tous joyeusement lorsqu'ils n'étaient pas en train de maltraiter le pauvre ballon. Depuis sa position, Mû lui tournait le dos, et tout ce que Saga pouvait apercevoir de l'Atlante, en dehors de ses longs cheveux qui recouvraient son dos, étaient ces longs bras déliés et cependant vigoureux qui se mouvaient avec grâce et agilité. Toutefois, sa longue chevelure mouillée était plaquée tout contre ses reins, moulant et épousant de façon exquise leur gracile courbe élancée qu'il pouvait ainsi deviner chaque fois que l'Atlante étirait son corps longiligne pour toucher le ballon. Fasciné par cette vision, Saga s'arrêta, sans pouvoir détacher son regard extasié de cette étourdissante chute de reins qui restait cachée dans l'eau mais que son point de vue élevé lui permettait de contempler tout à loisir, sans être vu de ses compagnons puisqu'il avait le soleil dans le dos et qu'ils en seraient tous éblouis s'ils regardaient dans sa direction. Mais à ce moment-là, le jeu s'acheva et les cinq chevaliers décidèrent de sortir de l'eau, tout en continuant à s'éclabousser comme des enfants entre de grands éclats de rires. Ils étaient complètement détendus et semblaient immensément savourer ce moment de complicité qu'ils partageaient ensemble. Mû était le plus proche du rivage et il commença à se retourner pour se diriger vers la plage, pendant que les autres s'attardaient un peu en continuant à s'asperger gaiement. Saga ne l'avait jamais vu ainsi. Son visage rayonnait de joie, ses yeux étincelaient, remplis d'une intense expression d'espièglerie et de complicité mêlées, tandis qu'il recevait des gerbes d'eau et adressait en retour à ses compagnons un petit regard en coin assorti d'un sourire lumineux et attendri, avant de poursuivre sa retraite vers la grève. Il se retourna alors complètement pour sortir de l'eau, révélant ainsi, sans le savoir, son magnifique torse à la vue du gémeau, et dévoilant progressivement le reste de son corps svelte et athlétique au fur et à mesure qu'il s'avançait vers le bord de la mer. Saga crut voir une apparition. Telle Vénus sortant des eaux, bien qu'en l'occurrence, il se soit plutôt agi d'Apollon. Et il lui sembla tout voir au ralenti. C'était la toute première fois qu'il voyait le jeune Atlante... ainsi. En maillot de bain. C'est-à-dire avec quasiment rien sur le corps. Un corps magnifique. Tout ruisselant d'eau. A contempler à l'envi. Et qui le laissa le souffle coupé. Il écarquilla démesurément les yeux, laissant son regard glisser le long du cou gracile vers les belles épaules larges et musclées, puis plus bas le long des splendides pectoraux qui étaient divinement ornés de deux délicats boutons rosés. Par tous les dieux de l'Olympe ! C'est que le jeune Atlante cachait des merveilles sous ses vêtements traditionnels ou sous son imposante armure ! Ses yeux ne purent s'empêcher de suivre les gouttes d'eau cristallines qui glissaient sensuellement le long de cette resplendissante poitrine saillante et lisse, qui brillait encore plus sous les perles d'eau limpides, serpentant et se perdant ensuite entre ces abdominaux divinement marqués et délinéés, puis encore plus bas, le long de ces élégantes jambes fuselées, à la fois fines et musclées et qui semblaient interminables. Grand, fin, élancé, délié et élégant, à la musculature parfaite et aux lignes épurées, se mouvant de son pas typique, léger, souple et assuré... Mû finit par sortir complètement de l'eau et se dirigea tranquillement vers sa serviette. Saga était totalement hypnotisé et dut faire d'immenses efforts pour ne pas baver jusque par terre... C'est qu'il ne pouvait détacher son regard de ce corps magnifique que ses yeux découvraient pour la toute première fois. Car en dépit du suffocant climat de la Grèce, Mû avait l'habitude de porter ses typiques vêtements atlantes, bien qu'adaptés à la chaleur du sol hellénique, qui recouvraient et cachaient pratiquement son corps tout entier à l'exception de ses bras, sa large tunique de lin le protégeant ainsi de la chaleur brûlante et directe du soleil, tout comme la tunique grecque de Saga le faisait pour le gémeau. La majorité des autres chevaliers portait des vêtements plus légers ou davantage moulés à leur silhouette, ce qui ne laissait rien à l'imagination sur leur carrure athlétique, comme par exemple Aiolia ou Ayoros, et parfois même, certains d'entre eux étaient carrément torse nu pendant les entraînements, comme Shura et Masque de Mort, ou lui-même et son frère, ou à moitié torse nu, comme Shaka, dont le sari qu'il portait pendant ses séances de méditation couvrait à peine la moitié de son buste. Mais Mû... Il ne se souvenait pas l'avoir déjà vu torse nu en quelque occasion que ce soit, et certainement pas lors d'un entraînement. Il ne se douchait même pas avec les autres dans les douches communes des arènes ou du Colisée après, mais dans son propre temple, qui était le plus proche de tous. A vrai dire, c'était la toute première fois que tous ceux qui étaient présents le voyaient ainsi. L'Atlante était plutôt réservé et paraissait assez pudique, il devait donc se sentir particulièrement en confiance avec ses compagnons pour accepter de s'amuser et se baigner ainsi avec eux, presque nu, même s'ils n'étaient qu'en petit groupe. Qu'est-ce que lui-même ne donnerait pas pour parvenir à inspirer lui aussi une telle confiance... Et voir ce sourire lumineux et tendre lui être adressé à lui, rien qu'à lui... Mais il savait qu'il ne le méritait pas... Cependant, il se laissa aller un petit moment en imaginant qu'il se baignait dans la mer avec le bélier, nageant à ses côtés, jouant avec lui dans les eaux limpides, le faisant rire, écoutant son rire mélodieux et pur comme le cristal, se noyant dans la profondeur de ces yeux rieurs si violets et dirigés vers lui avec cette étincelle de complicité si particulière, irradiant la joie et la tendresse, avec ce sourire éblouissant qui lui était réservé uniquement à lui et rien qu'à lui, se rapprochant tout près de lui... Mais la voix grave de Masque de Mort le fit brutalement revenir à la réalité. Les autres s'attardaient encore dans l'eau, nageant gaiement au loin, mais le cancer s'était approché de Mû qui était tranquillement assis sur sa serviette, nonchalamment appuyé sur ses coudes, en train de se sécher sous les rayons du soleil. – Mû, tu devrais te mettre de la protection solaire – lui dit-il – ou alors, tu vas attraper une insolation, ou pire, de graves brûlures sur ta si belle peau de pêche. Tu veux que je t'aide à t'en mettre ? Mais... C'est que le crabe était en train de faire de l'oeil à Mû ?!! Comment osait-il ? D'abord, il réclamait piteusement un massage à l'entraînement, et maintenant, il essayait de poser ses sales mains immondes sur la sublime peau nacrée de l'Atlante ? C'est qu'il voulait pervertir cet ange de pureté aux cheveux mauves ? Ou bien il voulait le faire marcher dans l'unique but de profiter de son corps somptueux comme s'il s'agissait d'un vulgaire tas de viande, sans respect aucun pour son propriétaire et ses sentiments ? Ces seules pensées faisaient bouillir son sang dans ses veines. Mais Mû émit un petit rire clair et les paroles qu'il prononça de son habituelle voix douce et mélodieuse apaisèrent instantanément la colère que le gémeau sentait monter en lui à la vitesse de la lumière. – Merci Masque de Mort, mais je peux le faire tout seul. – Ah oui ? Même dans le dos ? – insista le cancer. – Je ne crois pas que cela soit nécessaire avec ce filtre solaire que j'ai là – répondit Mû en signalant sa longue chevelure qui s'échouait dans ses reins – Et de toute façon, tu n'as pas idée de ce que l'on peut faire par télékinésie – ajouta-t-il avec un sourire amusé. – Ah oui ? Tu me montres ?... sur mon dos ? – Ha ha ha ! Non, pas question, c'est la chasse gardée d'Aphrodite, non ?! – Ah bon, alors... Dis-moi... Il y a quelqu'un qui fait battre ton coeur, Mû ? – Masque de Mort ! – s'exclama Mû, surpris – Enfin, mais c'est personnel ! – Allez, tu peux bien me le dire. On est des êtres humains, même Shaka a quelqu'un... Ne me dis pas qu'il n'y a pas quelqu'un qui te plaît ici... Saga sentit son coeur s'étreindre et prêta l'oreille plus attentivement que jamais, attendant la réponse du jeune Atlante le coeur serré, respirant à peine. Cela ne pouvait que le faire souffrir, mieux valait s'éloigner sans en écouter davantage, mais ses jambes refusèrent d'obéir aux ordres que sa raison lui dictait, suivant plutôt ceux de son coeur qui désirait savoir, même s'il était sur le point de se briser... Mû avait détourné le regard sans rien répondre, espérant ainsi couper court à la conversation. Mais le cancer ne l'entendait pas ainsi et loin de s'avouer vaincu, il poursuivit : – Avec un aussi magnifique corps que le tien... – Ca va, Masque de Mort – coupa Mû, pliant et ramenant ses longues jambes contre son torse et entourant ses genoux de ses bras, comme pour cacher ce magnifique corps, quelque peu gêné. – Très clairement, si tu venais ainsi aux entraînements... – Ha ha ha ! Tu perds ton temps ! Finalement, le crabe lâcha à brûle pourpoint en l'observant attentivement : – Je crois que Saga s'intéresse à toi. Le coeur de Mû manqua un battement. Comment son compagnon avait-il deviné qu'il éprouvait tant d'affection pour Saga ? Ou bien était-il seulement en train de le tester, cherchant à découvrir la vérité à partir d'une fausse supposition ? Tandis qu'un Saga hors de lui se demandait encore s'il allait ébouillanter Masque de Mort comme le crabe qu'il était, ou le découper en fines tranches tel un jambon italien en commençant de préférence par les pieds, ou simplement lui arracher sa stupide tête d'un seul coup et l'accrocher dans la maison du Cancer, là où était sa place, aux côtés de tous ses trophées qui ornaient toujours son temple. – Pourquoi est-ce que tu dis ça ? – demanda prudemment Mû, tournant son visage vers Masque de Mort et le regardant avec curiosité sans montrer aucune émotion. – A cause de sa réaction lors de l'entraînement d'hier matin. Le fait qu'il ait été distrait et surtout à cause du regard assassin qu'il m'a adressé et qu'il continue de m'adresser depuis... – Comment ??!! – Si son regard pouvait tuer, nul doute que je ne serais pas en train de te parler en ce moment. Mû le fixa, stupéfait, avant de rire légèrement extérieurement et tristement intérieurement. – Ha ha ha ! Masque de Mort, je crois que tu as trop d'imagination ! – Rien n'est moins sûr. Tu avais déjà vu Saga perdre sa concentration lors d'un entraînement, Mû ? – Je ne vois pas le rapport, et de toute façon, un moment d'inattention peut arriver à n'importe lequel d'entre nous. Ca m'est arrivé, non ? – A cause de Saga – répliqua le cancer avec un sourire malicieux, ce à quoi Mû détourna le regard une nouvelle fois, gêné par la tournure que prenait la conversation, cherchant un moyen de la dévier sans laisser transparaître ses sentiments. Tandis que Masque de Mort continuait tranquille, parfaitement conscient de la gêne de son compagnon : – Et quant au rapport avec son soudain manque d'attention, et bien, d'après Aphrodite et Shura, Saga n'arrêtait pas de te regarder et c'est pour cela qu'il s'est déconcentré... – Eux aussi ont trop d'imagination. C'est qu'ils épiaient Saga ou bien ils s'entraînaient ? – demanda Mû, tentant d'adopter un ton sarcastique et en regardant le cancer avec un mélange d'amusement et d'ironie. – Tu sais, Mû, nous trois, nous avons été ses assassins personnels pendant treize ans – répliqua Masque de Mort avec sérieux, cette fois – et nous le connaissons bien. Nous savons reconnaître quand quelque chose ou quelqu'un l'intéresse... – Tu perds ton temps, lui me voit seulement comme un petit frère – répondit Mû en détournant à nouveau les yeux, le regard indéchiffrable, espérant en finir ainsi avec ce sujet qui lui étreignait douloureusement le coeur. Mais... Pourquoi avait-il dit ''seulement'' ? Ce mot en trop n'avait pas échappé à Masque de Mort. Ni à Saga, dont le coeur s'emballa subitement, tandis que sa respiration semblait ralentir et que des idées folles traversaient son cerveau... C'est que... Etait-il possible que le bélier... ? – Il te plaît, n'est-ce pas ? – Ce n'était pas une question mais une affirmation. La respiration de Saga s'arrêta net. Et il lui sembla s'écouler une éternité avant que Mû répondît : – Je l'ai toujours admiré et ça me fait de la peine de le voir ainsi, si triste et renfermé sur lui-même, s'éloignant de tout et de tous... – C'est tout ? – Je te l'ai dit, Masque de Mort, tu perds ton temps. Et ça suffit, maintenant, s'il te plaît. – Alors, viens au prochain entraînement comme ça et je t'assure qu'il cessera de te voir comme un simple petit frère ! – Masque de Mort... Tu ne sais donc pas que les plaisanteries les meilleures sont aussi les plus courtes ? – Tu as raison... Et bien, dans ce cas... S'il n'y a personne qui a capturé ton coeur... Je suppose que... – et sur ce, il se rapprocha davantage de Mû – je peux te faire la cour... – Quoiiiiiiiiii ? – s'étrangla Mû, abasourdi, se raidissant soudainement sur sa serviette. Saga sentit sa colère revenir à la vitesse de la lumière. C'est que l'abject cancer dévoilait enfin ses véritables et viles intentions. Tout ce qu'il désirait, c'était profiter de son bel ange ! – Tu me plais, Mû... – susurra Masque de Mort. Mû le fixa, médusé et incrédule. Il ne savait que penser, si Masque de Mort plaisantait, bien que de mauvais goût, ou s'il était sérieux. – Tu ne parles pas sérieusement ! – s'exclama-t-il – Et Aphrodite, qu'est-ce que ... – Ne t'inquiète pas pour ça... Mû se recula prestement sur sa serviette et lui rétorqua, indigné : – Comment ça, que je ne m'en inquiète pas ?! De toute façon, Masque de Mort, je regrette, mais je ne... – Allons, mon beau bélier, on pourrait passer un moment trèèèès agréable ensemble... – Ca te paraît agréable si je t'envoie par le fond de la mer ? – Et bien... Si tu me fais du bouche à bouche après, ce sera avec un grand plaisir... – Même pas dans tes rêves... – Quoi, tu me laisserais mourir ? – répondit Masque de Mort en faisant la moue et en prenant un air affligé. – Masque de Mort, ça t'amuse tant que ça de jouer avec moi ? Je croyais que tu étais un ami... – Mû lâcha finalement, peiné maintenant. – Je ne suis pas en train de jouer avec toi, Mû... – Et moi, je crois que si – et sur ce, Mû le regarda droit dans les yeux, plongeant ses améthystes limpides dans les saphirs étincelants du cancer, qui cependant ne se démonta pas pour autant. – Tu me plais, Mû... – répéta Masque de Mort, soutenant le regard pénétrant de l'Atlante, avant d'ajouter avec un sourire carnassier – Et je pourrais t'apprendre plein de choses... – Merci mais ça ne m'intéresse pas – fut la réponse sèche et ferme, tandis que Saga était à deux doigts d'exploser, contenant sa colère avec de plus en plus de difficulté. – Allons, mon beau bélier... Avec ton visage angélique et ce corps de démon... – insista le cancer, se rapprochant à nouveau et le lorgnant de façon suggestive – et puisque tu es libre comme l'air... – Masque de Mort, ça suffit ! J'aime Saga ! Ce fut comme un coup de tonnerre. Un tonnerre sans éclair. Sans pluie et sans le fracas de la foudre. Le temps sembla s'arrêter pour Saga. Son coeur rata un battement, ou plutôt plusieurs battements. Ou même qu'il s'était complètement arrêté, tout comme sa respiration. Il n'arrivait pas à le croire. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait tout juste d'entendre. Cet ange de pureté l'aimait, lui ! Et non seulement comme un grand frère, sinon comme... S’il ne reprenait pas rapidement son souffle, il allait assurément avoir besoin d'une intense session de respiration artificielle prodiguée par le bélier en personne, ce qui au lieu de l'aider à se remettre de l'immense choc émotionnel qu'il venait de recevoir, l'achèverait très probablement et définitivement. Dans le tourbillon d'émotions qui se bousculaient dans son esprit, il n'arrivait même pas à aligner deux pensées consécutives qui soient cohérentes. Le temps s'était également arrêté pour Mû. Il l'avait dit, et il ne pouvait pas revenir en arrière. Il n'arrivait pas à croire qu'il l'avait lâché finalement, qu'il était tombé dans le piège tendu par le cancer. Car très clairement, ça avait été un piège, et Masque de Mort le regardait d'un air amusé, presque triomphant. Il avait réussi à lui faire avouer ce qu'il cachait au plus profond de son coeur. Mais... pourquoi ? Mû détourna le regard et se leva dans l'intention de s'en aller, retenant la colère qu'il sentait monter en lui, mais Masque de Mort le retint. – Allons, mon bélier, il n'y a aucune raison de te sentir gêné. – Je crois que je ferai mieux d'y aller... – Attends, Mû... S'il te plaît... Pardonne-moi... Je ne me moquais pas du tout de toi, bien au contraire. Je n'étais pas certain que Saga te plaise. Mais je puis t'assurer que Saga s'intéresse à toi et si tu l'aimes, tu devrais aller lui parler. – Ca suffit, Masque de Mort. Je ne veux plus parler de ça. – Je ne me moque pas de toi, Mû. Je n'ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. – Masque de Mort... J'ai déjà discuté avec Saga, plus d'une fois, et il m'a clairement dit que je ne suis qu'un petit frère pour lui. Il n'y a rien de plus à ajouter. – Mû... Il a toujours eu une affection particulière pour toi. Peut-être qu'il n'ose pas te dévoiler ses sentiments par peur. Peur de te faire du mal, ou d'être repoussé. Tu vois bien qu'il n'arrive toujours pas à se pardonner ses actes passés. Et tu es l'un de ceux qui a le plus souffert par sa faute. Je le connais bien, Mû. Si tu ne lui dis pas ce que tu ressens pour lui, jamais il ne te le dira. – Merci, Masque de Mort, mais je crois que ce ne sera pas nécessaire. On ne peut pas obliger une personne à aimer quelqu'un qui ne lui inspire rien d'autre qu'une simple amitié. Et sans plus, Mû se dématérialisa avec sa serviette et ses vêtements, se téléportant loin de là pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette conversation qui le blessait au plus profond de son coeur. Tandis que, une fois surmontée l'immense surprise de cette révélation pour le moins inattendue, Saga se mettait en colère contre lui-même. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Mû avait tenté plusieurs fois de se rapprocher de lui et de lui donner à entendre ce qu'il ressentait pour lui, et tout ce qu'il avait été capable de faire avait été de le nier et de le repousser. Renier ses propres sentiments était une chose, mais nier ceux de ce bel ange si pur qui l'attendait, prêt à lui offrir son coeur... A essayer de le protéger de lui-même, il l'avait fait souffrir. Il avait fait souffrir lui-même son tendre amour ! Il fallait qu'il lui parle, et vite. Et peut-être finalement qu'il n'arracherait pas sa stupide tête à Masque de Mort. *** Mû était retourné dans son temple pour prendre une douche et se rhabiller. Il avait besoin de méditer pour se calmer, pour apaiser les émotions qui tourmentaient son coeur. Mais il était encore trop tôt pour sa séance de méditation avec Shaka à l'ombre des arbres jumeaux, et assurément, à cette heure-là, son ami devait s'apprêter à déjeuner avec sa moitié, avec Aiolia... Kiki n'était pas là, il devait passer les prochaines semaines à la Fondation Kido, pour y passer des vacances bien méritées aux côtés de ses amis les chevaliers de bronze. Il devait partir ce jour-même et pour le moment, il se trouvait au village à faire les dernières emplettes pour apporter des cadeaux aux chevaliers divins de la part des chevaliers d'or. Kiki était tellement serviable, il lui avait demandé la permission d'aller faire les courses, et Mû lui avait accordé la fin de la matinée pour ce faire, étant entendu qu'il devait partir pour le Japon par téléportation à une heure de l'après-midi. Avec les fuseaux horaires, il arriverait tout juste pour le dîner, et il devait justement apporter des spécialités gastronomiques dont raffolaient les chevaliers de bronze. Mû décida alors de travailler sur les dernières armures qu'il lui restait à réparer et s'enferma dans l'atelier du temple. Cela lui ferait du bien. Rien que travailler et se concentrer sur quelque chose qui occuperait complètement son esprit, sans penser à rien d'autre. Il attrapa la première urne à sa portée, l'ouvrit pas télékinésie et disposa les différents éléments de l'armure sur sa table de travail. Il essaya de se concentrer sur les pièces qui étaient éparpillées sur la table mais... ses pensées volaient immanquablement vers un temple qui n'avait rien à voir avec le propriétaire de l'armure étalée devant lui. Elles volaient infailliblement vers la troisième maison du Sanctuaire... Il n'arrêtait pas de penser à ce que Masque de Mort lui avait dit après leur partie de volley. Il n'arrêtait pas de voir le visage de Saga devant lui en lieu et place des différentes pièces de l'armure d'or qu'il était censé inspecter. C'étaient deux émeraudes profondes qu'il contemplait dans les intenses reflets d'un casque, d'une épaulette ou d'un heaume. C'étaient les magnifiques traits à la fois fins et virils d'un superbe visage encadré d'une sublime chevelure bleutée qu'il admirait, ondoyant sur un plastron ou sur un brassard. C'était une silhouette haute et imposante qui se mouvait avec l'agilité d'un félin, les longues mèches rebelles et bouclées de sa chevelure bleu cobalt flottant dans les airs, qu'il distinguait dans l'éclat scintillant d'une genouillère ou d'une jambière. Il soupira, ferma les yeux et respira profondément. Etait-il vraiment possible que... ? Quand il avait pris conscience de ses sentiments pour Saga, il n'avait su qu'espérer ni comment réagir, c'était quelque chose de tellement nouveau pour lui qui avait vécu isolé durant treize ans, et il avait juste essayé de contrôler ses émotions. Puis, lorsqu'il avait réalisé qu'il n'y aurait rien entre lui et Saga en dehors d'un simple petit lien fraternel, il avait eu mal, mais avec son caractère doux et calme, il s'était contenté de ce que Saga le voit seulement comme un petit frère, se satisfaisant d'avoir au moins son affection et heureux d'avoir pu aider le gémeau à retrouver l'espoir. Il s'était donc résigné à ça et maintenant, Masque de Mort lui faisait espérer que, peut-être, il y aurait plus que cela, lui assurant que le gémeau s'intéressait à lui... Pourtant, il ne pouvait en vouloir à Masque de Mort, celui-ci essayait simplement de l'aider en l'informant des possibles sentiments du gémeau. Bien au contraire, son comportement montrait toute l'affectation que lui vouait le cancer, il se comportait véritablement comme un grand frère envers lui. Saga avait de l'affection pour lui, c'était certain, il pouvait le lire dans ses beaux yeux verts et dans ses manières envers lui, depuis qu'il lui avait rapporté l'armure des Gémeaux et qu'ils avaient longuement discuté. Saga restait froid et presque hostile avec tous sauf avec lui, même s'il gardait ses distances. Maintenant quand il traversait son temple pour rejoindre ses amis ou revenir dans sa maison, c'était Saga qui venait l'accueillir et il semblait plutôt content de le voir. Son visage était bien plus ouvert et les traits de son visage étaient plus détendus, tandis qu'il fronçait tout le temps les sourcils en regardant les autres, le regard indéchiffrable. Pourtant, ils n'échangeaient que des paroles courtoises et d'aimables regards contenus, il n'y avait vraiment rien de plus que ça. Il l'aurait remarqué, non ? Des regards contenus, car Saga ne semblait pas très effusif, mais il lui était extrêmement reconnaissant pour tout ce qu'il avait fait pour lui, cela l'avait clairement ému jusqu'à lui arracher des larmes. Le gémeau en était d'autant plus ému que celui qui l'avait aidé à sortir de sa dépression était précisément celui qu'il avait le plus fait souffrir par le passé, et en plus était bien plus jeune que lui. Mais Saga repoussait toutes ses propositions de se joindre à lui ou à ses amis, que ce soit pour dîner, se balader ou discuter. Il n'était manifestement pas encore prêt pour ça, pour passer un peu de temps avec ses compagnons qu'il avaient trompés durant tant d'années, il avait encore besoin de temps. Même avec lui. Il y avait du respect, beaucoup de respect de la part du gémeau envers lui, ainsi que de l'admiration. Il savait que Saga l'admirait pour sa force de caractère et pour ses humbles manières. Il ne comprenait pas pourquoi, d'ailleurs, car ça lui était si naturel, c'était sa manière d'être depuis qu'il était né, cela n'avait rien d'extraordinaire. Il avait des pouvoirs hors du commun, avait acquis une force et des aptitudes exceptionnelles comme tous ses compagnons d'armes, comme tout digne chevalier d'or d'Athéna le devait, et il ne voyait pas en quoi cela lui donnait le droit d'être désagréable ou hautain avec les autres ou de ne pas être serviable. En outre, il avait pour devoir de réparer les armures de tous les chevaliers, quel que soit leur rang dans l'ordre sacré, et ne voyait aucune raison pour laquelle il ne devait pas être aimable avec eux. Saga lui-même était autrefois si ouvert et si patient avec tout le monde dans sa jeunesse et il avait été son modèle. A bien y réfléchir cependant, il lui semblait que le gémeau le regardait parfois avec insistance, mais chaque fois qu'il se tournait vers lui en sentant son regard posé sur lui, Saga avait déjà détourné les yeux. Ou bien était-ce le produit de son imagination ? Ou bien le reflet de ce qu'il espérait ? Il lui semblait aussi que Saga voulait lui dire quelque chose mais qu'il se retenait. A de nombreuses reprises, quand il le croisait, il lui semblait sur le point de lui demander ou de lui déclarer quelque chose mais semblait tout le temps hésiter, et Mû le regardait en attendant poliment et lui souriait d'un air confiant pour l'encourager, mais finalement, Saga se contentait de lui sourire et se retirait chaque fois en le saluant d'un signe de tête sans rien dire. Ou bien était-ce que lui aussi avait trop d'imagination, comme Masque de Mort et Aphrodite ? Ou que son coeur lui jouait de mauvais tours, lui faisait croire ce qui n'était ? Mais Saga n'était assurément pas quelqu'un de timide, bien au contraire, il était même plutôt direct. Peut-être... Peut-être tout simplement que Mû lui rappelait sa propre jeunesse et que Saga en était très nostalgique, se rappelant comme il était le modèle de tous autrefois, vénéré comme un dieu, lui, le chevalier parfait, noble et droit, si généreux, sans le moindre défaut, avant qu'il tombât dans l'abîme de la mégalomanie, par la faute d'un destin capricieux qui avait eu raison de sa volonté. Très probablement, Saga le considérait comme un petit frère pour toutes ces raisons, dans un mélange où se mêlaient ses propres souvenirs, sa reconnaisance envers lui et le respect qu'il lui vouait. C'était probablement ça que Masque de Mort mal interprétait comme un intéressement à sa personne. Saga était froid avec eux qu'il avait côtoyés durant treize ans, mais aucun d'entre eux n'avait essayé ou n'avait pu lui prêter secours quand il en avait eu besoin, seul lui qui avait été un déserteur et un traître à leurs yeux par la faute de Saga l'avait fait. Masque de Mort mal interprétait les regards remplis de reconnaissance de Saga envers lui en leur voyant une connotation amoureuse. Non. Non, très clairement, ce n'était pas possible. Et Masque de Mort avait dit que tous les trois savaient reconnaître quand Saga s'intéressait à quelqu'un ?... Pendant un instant, Mû sentit le poignard de la jalousie s'enfoncer au plus profond de son coeur. Bien entendu, Saga avait dû avoir des amants, pensa-t-il avec tristesse, tandis que lui... Il pouvait seulement imaginer tous ceux qui avaient pu tourner autour du gémeau quand il avait été Grand Pope... Les serviteurs du Palais, les gardes, les messagers... Mû pensa à ses amis qui étaient en couple... A Shaka et à Aiolia... A Camus et à Milo... A Masque de Mort et à Aphrodite... Ils avaient tous à peu près le même âge. Shura et Ayoros avaient bien une petite différence d'âge, mais ils se connaissaient depuis toujours, ou presque... Comment Saga pourrait s'intéresser à lui de cette façon ? Il était bien trop jeune pour lui, c'était sûrement pour ça qu'il le considérait comme un petit frère, c'est-à-dire comme un enfant... Il ne le voyait même pas comme un homme... Il soupira à nouveau. A quoi bon se faire des illusions en croyant en quelque chose qui ne pourra jamais arriver ? Cela ne servait à rien, sinon à se faire souffrir, il le savait bien. Il ferma à nouveau les yeux et inspira profondément. Non, Masque de Mort s'était trompé, il ne pouvait rien y avoir entre lui et le gémeau. Ce fut alors que Mû entendit Kiki revenir. Il releva la tête et informa son jeune apprenti par télépathie qu'il se trouvait dans l'atelier du temple, où l'enfant apparut quelques secondes plus tard. Au même moment, il sentit la cosmoénergie de Saga s'annoncer et s'approcher. Son coeur manqua un battement. Il n'avait pas envie de le voir. Il n'avait aucune envie de lui parler, pas maintenant. Il fallait qu'il médite avant pour débarrasser son esprit de toutes ces dernières pensées et de tous ces faux espoirs qui oppressaient son coeur. Il devait recouvrer le calme et la paix intérieure qui le caractérisaient avant de pouvoir l'affronter avec sérénité, sans se sentir déprimé parce que ses sentiments n'étaient pas partagés, pour pouvoir le regarder en face sans flancher, sachant qu'il ne le voyait que comme un petit frère et même comme un simple adolescent... Quand il sentit Saga s'arrêter dans l'entrée du temple, il lui envoya un message télépathique pour l'informer qu'il était occupé dans l'atelier avec Kiki et qu'il pouvait traverser le temple. A son grand soulagement, Saga n'insista pas et s'éloigna. Oui, il avait besoin de méditer. Beaucoup. Il le ferait sitôt Kiki téléporté pour le Japon. Il le ferait tout d'abord dans son temple avant de visiter Shaka pour leur session quotidienne dans le jardin des arbres jumeaux. Et ensuite, il irait discuter avec son maître et Dokho, comme à l'accoutumée, avant une partie d'échecs avec Aldébaran à qui il devait une revanche, puis ensuite il devait accompagner Camus et Milo, à qui il l'avait promis, avant de revenir pour dîner, comme prévu, avec Masque de Mort, Aphrodite, Ayoros, Shura et Aldébaran, qui discuteraient probablement de football car un match important devait se jouer ce soir-là, ce qui, très certainement, s'éterniserait toute la soirée en un débat des plus animés. Il ne put s'empêcher de sourire à cette perspective, imaginant déjà les longues et vives discussions qui se profilaient, quasi interminablement. Très probablement, Masque de Mort serait bien trop occupé pour essayer de lui parler à nouveau de Saga, et de toute façon, il n'était pas du tout en colère contre lui, et si malgré tout, il lui en causait, que ce soit cette nuit ou en une autre occasion, il lui réaffirmerait avec sérénité que le cancer s'était trompé et le sujet serait ainsi clos. Définitivement. Il avait donc une longue journée bien remplie devant lui... Pour tout oublier. Pour débarrasser ces illusions de son esprit, pour se rasséréner et s'éclaircir les idées. Pour pouvoir regarder Saga dans les yeux sans se figurer une quelconque idée saugrenue et inopportune qui ne pouvait que le blesser. Il se sentait déjà mieux... Il regarda Kiki et lui sourit avec tendresse. L'enfant allait beaucoup lui manquer. (à moins qu'un certain gémeau le lui fasse oublier ! ;DDD Ou comment se débarrasser d'un obstacle pour la narration ! ;D) *** Chapitre suivant ''Confessions'' ici Si vous souhaitez laisser un commentaire, c’est ici :
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