[./ludi_fic_souviens_toi_chap_2_1pag.html]
[./ludi_fic_souviens_toi_chap_4_1pag.html]
''Souviens-toi'' by Ludi Chapitre 3 L’enfant fronça les sourcils et se retourna dans son lit chaud et douillet. Une main posée sur son épaule sembla la secouer, comme pour le réveiller, mais il ne veut pas se lever. Kiki a envie de dormir encore un peu, il est fatigué. Mais Saga, assis près de lui sur la couette froissée, insiste, se penchant vers son oreille pour lui murmurer qu’il est l’heure de se réveiller, et que s’il ne se dépêchait pas, ils seraient en retard pour prendre l’avion. C’est alors que Kiki se souvint qu’en effet, il partait ce matin-là pour l’Espagne, avec Lys et Kanon. Il s’était pourtant couché tôt, la veille, mais son esprit avait longtemps lutté contre le sommeil, ses pensées éternellement tournées vers Mû, à quelques mètres à peine de lui, mais dans l’incapacité de lui répondre, et même de le voir. Mais il chassa ces mauvaises pensées de son esprit, malgré sa tristesse à quitter son maître dans un tel état. L’enfant finit par se redresser sur son lit, l’esprit encore embrumé. Saga sourit en le voyant se frotter les yeux de fatigue, et sans attendre qu’il se décide à se lever, il l’attrapa dans ses bras pour l’emmener dans la salle de bain où il laissa Kiki s’habiller, descendant au rez-de-chaussée. Kanon, la tête dans le cul, dormait à moitié en buvant son café, son remède miracle contre les matinées difficiles. Kiki ne tarda pas à arriver dans la cuisine. Il s’assit devant son bol de céréales où du lait chaud venait d’être versé, prenant peu à peu une douce couleur chocolatée. Kanon mit du temps à émerger, regardant le gamin manger son bol avec une lenteur presque calculée. Il regarda sa montre, il était six heures moins vingt. Un taxi devrait arriver dans cinq à dix minutes, ils n’avaient plus qu’à aller chercher Lys, puis direction l’aéroport. La blonde protestait qu’elle pouvait y aller seule, mais son père avait fortement insisté pour que son adjoint vienne la chercher. Il était assez prévenant vis-à-vis d’elle. Quand l’enfant eut fini de voir son bol, Saga l’accompagna jusqu’à la salle de bain pour qu’il se brosse les dents et se passe un coup de peigne. Kanon souriait, moqueur, en se disant que sans son frère, Kiki serait incapable de sortir de la salle de bain tant il était endormi, et c’était tout juste s’il aurait été capable d’atteindre la salle d’eau, d’ailleurs. Jetant un coup d’œil à la fenêtre, Kanon vit que le taxi venait d’arriver. Génial, se dit-il. Il se leva, mit sa tasse de café dans l’évier et la rinça, puis partit dans l’entrée pour mettre ses chaussures, alors que son jumeau et le gosse descendaient les escaliers. Kiki se chaussa à son tour, alors que l’employé sortait en prenant les deux valises. Kiki hésita à sortir dans la matinée froide de ce mois de novembre, il se tourna vers sa Saga, le regarda avec des yeux suppliants. « Tu feras attention à Mû, hein ? - C’est promis. » Saga lui fit un sourire qui se voulait rassurant, ce qui sembla suffire à l’enfant qui se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Le grec se baissa, et regarda Kiki sortir, se dirigeant vers la route. Le chauffeur avait déjà mis les valises dans le coffre, Kanon fit un signe de la main à son jumeau, qui lui répondit, puis entra dans la voiture, à la suite de Kiki. Ce dernier, assis au milieu, attacha sa ceinture et se laissa aller contre Kanon, qui passa un bras autour de ses épaules. Le soleil peinait à éclairer le ciel, une ambiance pareille donnait envie de dormir. Le taxi partit, et Saga disparut à son regard. Kanon poussa un soupir et se laissa aller contre le dossier du siège. Il avait encore envie de dormir, et Kiki sommeillant contre lui n’arrangeait pas l’affaire. Il se refusait à fermer les yeux, en se disant que le chauffeur de taxi, au volant, devait être levé bien avant lui. Il avait bien du courage. Soudain, son téléphone portable sonna. Il n’eut pas l’envie de répondre, en se disant que c’était sûrement Lys qui devait être au bout du fil. Mais le grec se dit que son frère appelait peut-être parce qu’il avait oublié quelque chose. Il se décida donc à sortir son mobile de sa poche et regarda qui était son interlocuteur. Un sourire amusé apparut sur ses lèvres, il décrocha. « Ouais, allô ? - Salut Kanon. C’est Rhadamanthe. - Je sais, il n’y a que toi pour m’appeler à une heure pareille. - Je suis un être exceptionnel. » Kanon éclata de rire. Ah, ça faisait du bien de l’entendre, ça faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas téléphonés. « Alors, les nouvelles ? - Oh, rien de spécial, à part deux employés que je viens de renvoyer. - Qu’est-ce qu’ils ont fait ? - Atteinte à ma pudeur dans une chambre du château. - Ooooooh, Rhadamanthe… - Kanon, tu n’es jamais rentré dans une chambre que tu te tues à entretenir pour les touristes avec deux employés en pleine partie de jambes en l’air. Crois-moi, c’est pas agréable. Surtout que le lit grince, c’est affreux. - Depuis que c’est toi qui t’occupes du manoir, il ne t’arrive que des merdes. - Père se laissait trop faire. C’est crevant, j’aurais pas pu naître autre part ? - Te plains pas ! - Ah oui, c’est vrai, t’es l’adjoint de l’autre blondasse. T’as bien du courage. Ou t’es masochiste, au choix. - J’ai du courage. - Si tu le dis. Et toi, les nouvelles ? » Après avoir poussé un soupir, Kanon se mit à lui raconter leurs dernières aventures, à savoir l’apparition soudaine de Mû, son emménagement dans le pavillon, ce qui laissa l’ancien spectre plus qu’étonné. Il se souvenait du jeune homme, qu’il avait lui-même mené tout droit dans le puits de la mort, et il était surpris de le savoir dans un état pareil quand on savait dans quel état de santé se trouvaient les deux jumeaux. Pour changer de sujet, Kanon en vint à l’échographie de Lys, qui révélait sa double grossesse de deux garçons. Rhadamanthe ne fut pas du tout étonné en entendant cette nouvelle, ce qui fit sourire l’ancien Dragon des mers. L’anglais affirma que cette gamine était trop louche pour accoucher comme tout le monde d’un seul bébé, non, il fallait qu’elle en attende deux. « Et après, on dit que c’est moi qui suis méchant ! - T’es pas le seul, on me le dit souvent. - Tu vas bientôt venir à Paris ? - Oui, pendant la deuxième quinzaine de novembre. Je ne sais pas quand, il faut que je règle certaines choses. Je te contacterai. - Ok. Heu… Je dois te laisser, je suis devant chez Lys. On part en Espagne. - Avec elle ? Tu vas t’amuser. - Merci de ta sollicitude. - Mais il y n’y a pas de quoi. À plus tard ! - À plus tard ! » Et Kanon raccrocha, un léger sourire flottant sur ses lèvres. On ne pouvait pas dire que Rhadamanthe soit (était ?) très émotif dans sa façon de parler, il était même plutôt froid, mais c’était cependant toujours agréable de l’avoir au téléphone. L’air de rien, c’était souvent lui qui appelait, même si c’était la plupart du temps à des heures pas possible, à croire qu’il le faisait exprès. Non, tout compte fait, il le faisait exprès. *** « Ta trousse de toilette ? - Ouais. - Des collants ? - Ouais. - Tes papiers ? - Ouais. - Tes strings ? - Kanon !! » M. Taylor afficha un air outré alors que sa fille lançait un regard énervé à son adjoint confortablement assis sur le canapé, Kiki à côté de lui. Ça l’amusait de voir le père de sa patronne lui rappeler toutes les choses qu’elle ne devait absolument pas oublier. Quoique, les collants, c’était pas vraiment important, à part si on mettait des tailleurs avec jupe, ce qui n’était pas vraiment le cas de la blonde, abonnée aux pantalons. « M. Galanis, un peu de sérieux ! - Mais je suis sérieux. - Tu pourrais pas dire quelque chose d’intelligent, pour une fois ? - J’ai reçu un appel de ton cousin. - Rhadamanthe ?! - Lys !!! - Oups, pardon. - Alors, comment va Ryan ? » Le vieil homme avait posé la question en jetant un regard mauvais à sa fille. Elle avait pris la sale habitude étant petite d’appeler son cousin Rhadamanthe. Quand ils étaient petits, ne sachant que faire de leurs dix doigts, ils avaient cherché dans le dictionnaire des personnages mythologiques des hommes et femmes dont le nom commençait par la lettre de leur prénom. Le joli prénom de Ryan s’était donc transformé en un surnom barbare, Rhadamanthe. Lys était devenue Leda. D’ailleurs, c’était plutôt bien trouvé, quand on savait ce qui avait suivi pour Rhadamanthe. Et Lys allait accoucher de jumeaux… Voici deux ans que Ryan était revenu dans le monde des vivants. Pendant quatre longues années, il avait tout simplement disparu, évaporé dans la nature, ce qui avait entraîné une dépression sérieuse de son père, un cousin de M. Taylor. La mère de Ryan était morte quand il avait quatre ans. S’était succédé un certain nombre de belles-mères, au nombre de quatre, et jamais aucune d’elles ne resta bien longtemps, Rhadamanthe réussit toujours à les faire partir par divers moyens. Son père possédait un compte en banque bien rempli et un magnifique château en Angleterre, d’où l’attrait de toutes ces femmes, et également leur rejet envers Ryan, héritier de cette fortune colossale. Disparaissant du jour au lendemain, et après maintes recherches qui se révélèrent vaines, on en conclut qu’il ne supportait plus la vie au château, ces femmes défilant les unes à la suite des autres, l’idée qu’il finirait par hériter de ce tas de pierre dont il n’avait apparemment rien à cirer. Ce qui n’était bien sûr pas le cas, car son père se faisant vieux, il avait maintenant la charge du manoir du Lord Wolf. Émergeant du jour au lendemain d’on ne savait où, personne ne put lui tirer les vers du nez, pas même Lys, profondément heureuse de revoir son cousin qui refusa de se confier à la jeune femme, apparemment incapable de revenir sur son passé. Il lui promit néanmoins que, si un jour il avait besoin d’en parler, c’était à elle qu’il s’adresserait. Bien évidemment, Kanon ne révéla rien à propos de leur passé respectif, bien qu’ils ne purent lui cacher qu’ils se connaissaient. D’une certaine manière. Ils firent vite la paix, loin de son regard, et étrangement, devinrent amis, mais jamais ils ne firent allusion à « autrefois », quand Kanon était un général de Poséidon, puis chevalier d’Athéna, alors que Rhadamanthe portait un surplis de spectre d’Hadès. Le temps passant, l’anglais vint même jusqu’à séjourner chez eux, appréciant autant la compagnie de Saga que celle de l’ancien Dragon des Mers. Rhadamanthe avait beau être quelqu’un de très solitaire, il avait néanmoins le besoin d’avoir quelques personnes à qui parler, de temps en temps. « Il va bien. Il vient de renvoyer deux de ses employés. - Pourquoi ?? - Atteinte à sa pudeur dans une des chambres du château. - Évidemment, quand il s’agit de « sa » pudeur… - Ne te moque pas, Lys. Il a bien fait, ces gens n’ont aucun respect. » Lys souriait, imaginant très bien son cousin entrer dans la chambre et regarder froidement les deux coupables, puis les virer sur le champ, sans autre forme de procès. Contrairement à son père, Ryan était loin d’être patient, et il ne passait pas par quatre chemins. C’était étonnant d’ailleurs que quelqu’un comme lui puisse être aimé par son père, lui qui était si calme et bavard. À vrai dire, son fils était son exact contraire. Mais Lys ne se rappelait pas avoir vu un père plus aimant. Et la blonde savait très bien, derrière ses airs bourrus de grand dur, que Rhadamanthe tenait énormément à son père. Ce qui, d’ailleurs, renforçait le mystère dû à ses quatre années d’absence. Enfin… La jeune femme boucla ses valises et se redressa. Son père avait voulu l’aider, mais elle n’était pas encore infirme, et elle était assez grande pour préparer ses affaires toute seule. C’était tout juste si elle écoutait les recommandations que lui faisait son géniteur, jusqu’à ce que la voix grave de Kanon arrive dans l’interrogatoire. L’avion devait partir dans une bonne heure. Lys se dit qu’elle serait enfin libérée de la présence dérangeante de son paternel. Pendant trois jours. C’était peu, mais mieux que rien. *** Un silence étrange régnait dans le pavillon, qui lui sembla immense. Il n’était pourtant pas si grand. Enfin si, un peu. Au rez-de-chaussée, le salon, la cuisine, une chambre et une salle de bain, avec un parking, alors qu’au deuxième étage, se trouvaient trois chambres avec une autre salle d’eau. Avec trois personnes, la maison lui avait semblé bruyante et remplie, alors que maintenant qu’il était seul, Saga se sentait tout petit. C’était vide, autour de lui, et la présence silencieuse de Mû à l’étage n’était pas pour arranger les choses. Le grec, assis dans le salon, hésitait à monter à l’étage, dans la chambre qu’il possédait il y avait encore quelques jours. Mû devait s’y trouver, dormant ou éveillé, dans la même position qu’il l’avait laissé (''où il l'avait laissé'' plutôt ?) hier. Il regarda sa montre, il n’était pas loin d’être dix heures, et il avait déjà fait toutes ses tâches ménagères, fait le lit de Kiki, le sien… Car, bien que décidé à entrer, il perdait courage et finissait par redescendre au rez-de-chaussée pour s’occuper. Saga soupira. Il était ridicule. Son répit ne pouvait être bien long, Mû avait besoin de lui. Et, de toute façon, il avait prévu de finir son roman durant les trois jours où Kiki et Kanon ne seraient pas à la maison. Il leur souhaita silencieusement un bon voyage, puis se leva, et monta les escaliers de pierre jusqu’au premier étage. Il faillit frapper à la porte, mais le grec se souvint que Mû ne pourrait de toute façon pas lui répondre. Il entra donc dans la pièce. Malgré les rayons du soleil qui entraient dans la pièce, filtrés par les sombres rideaux bleus, le jeune homme dormait dans son lit, le visage serein, les mains posées sur sa poitrine. La couette le recouvrait jusque sous les bras, et elle n’avait pas bougée depuis la veille Doucement, Saga referma la porte et s’avança dans sa chambre, puis s’assit sur le grand lit, son regard rivé sur le visage endormi de son… patient. Pendant quelques minutes, il regarda l’ancien chevalier au visage angélique, qui cachait bien sa force. Un jeune à qui il avait fait beaucoup de mal. Pourtant… Pourtant, c’était lui qui l’avait porté, jusqu’au treizième temple d’Athéna, après l’Athéna Exclamation… Il était certain qu’Aiolia et Milo ne l’auraient certainement pas ménagé, mais le tibétain s’était montré attentif, il se souvenait de son léger cosmos qui avait enveloppé ses membres, doucement, pour soigner ses blessures. À lui. Juste à lui. Saga revint sur Terre, en se disant que Mû avait vraiment un très beau visage, des traits fins presque androgyne, et ses yeux, cachés par ses paupières soulignées de cils fins et sombres, étaient les fenêtres de son âme, teintés d’un bleu clair. Deux aigues-marines brillantes… Avec douceur, le grec caressa la joue fraîche du tibétain, et secoua doucement son épaule, tout en lui demandant de se réveiller. Sa voix semblait briser le silence de la chambre chaude, et elle finit par réveiller le jeune homme. Ses paupières papillonnèrent avant de laisser ses yeux prendre le regard fixe dont Saga commençait déjà à s’habituer. Son regard s’assombrit, Mû ne le regarda même pas, semblant inconscient de sa présence auprès de lui. La lèvre pincée, Saga se leva et partit à grandes enjambées vers la fenêtre, dont il tira les rideaux. Il ouvrit les panneaux de verre, afin d’aérer la pièce. Puis, il revint vers le lit, rejeta la couette et le drap, puis prit le jeune homme dans ses bras, pour partir vers la salle de bain. Là, Saga lui retira sont haut de pyjama vert foncé, dévoilant ainsi son torse. Ses muscles semblaient avoir fondu, ils n’étaient plus aussi conséquents qu’autre fois, mais on ne pouvait pas dire qu’il était aussi lisse que celui d’un adolescent, les lignes de ses pectoraux et de ses abdominaux persistaient sur sa poitrine blanche (''torse'' plutôt si tu évoques les abdominaux avec ses pectoraux ?). Mû avait beaucoup maigri. Son regard voyagea vers le côté droit de son abdomen, où la blessure était cachée par des bandages tachés de rouge. Son sang avait un peu coulé pendant la nuit, Saga retira les bandes pour mieux voir la plaie. Ce n’était pas joli à voir, avec les points de suture, la chair rosée et le sang séché. Rien de bien méchant pour un chevalier, Saga en avait vu d’autres, mais pour un homme… normal… ce n’était pas une banale blessure. En y pensant… s’ils avaient été chevaliers, Mû n’aurait jamais eu le temps d’être atteint par cette balle. Et il n’aurait eu aucune raison de s’être fait tirer dessus. *** Le téléphone, dans l’entrée, sonna. Une fois. Puis deux. Puis trois. « Bip… Bip… Bip… Bonjour, vous êtes bien chez Saga et Kanon Galanis, nous sommes absents pour le moment, veuillez laisser un message après le bip sonore. » « Saga, c’est moi ! C’est juste pour te dire qu’on vient d’arriver en Espagne. Il fait une chaleur à crever ! On se croirait en Grèce ! … Mais non, j’exagère pas ! … Lys, va t’acheter un truc à bouffer et lâche-moi ! … C’est ça, t’es vexée. Bref, le voyage s’est bien passé, Kiki n’a fait que dormir, alors que je n’ai pas fermé l’œil… Va te chercher à manger, tu m’embêtes ! … Kiki, tu ne bouges pas !! » Saga décrocha. « Kanon, un jour, je te ferai écouter tes messages, c’est divertissant. - Oh, ça va, hein ! - Tout le monde va bien ? - À part Lys qui rouspète parce qu’il n’y a pas de macarons et Kiki qui veut manger de la paella, tout va bien. - Parfait. - Et de ton côté ? - Ça va aussi. - Ok… Tu sais, ce matin ! Rhadamanthe m’a appelé. - Comment va-t-il, celui-là ? - Bien. » Ils discutèrent encore quelques minutes, avant que Kanon ne raccroche. Saga était content d’avoir entendu son frère, il était rassuré que le vol se soit bien passé. On ne sait jamais, avec ces grands appareils qui traversaient les cieux à une vitesse incroyable. Du moins pour les gens normaux. Autrefois, ils étaient capables de se déplacer à la vitesse de la lumière. Ce n’était pas rien comme truc. Saga revint dans la cuisine. La pendule lui indiqua qu’il était neuf heures et quart. Saga se dit que ce serait peut-être bien de travailler un peu, son éditeur attendait son roman, et il avait prévu de terminer le manuscrit pendant ces quelques jours où Kiki et Kanon seraient à l’étranger. Mais avec Mû, les choses avaient un peu changé. Pourtant, le grec se décida à monter les escaliers jusqu’au premier étage, et il rentra dans la chambre. Il en referma la fenêtre laissée ouverte pour aérer un peu. Mû dormait toujours, serein. Après lui avoir lancé un regard doux, Saga brancha le courant, puis alluma l’écran et l’unité centrale, qui vrombit désagréablement à ses oreilles. D’habitude, il s’en fichait, mais avec le jeune homme qui dormait dans le grand lit, c’était autre chose. Saga attendit un peu, puis quand l’ordinateur fut bien remis en route, il se connecta à msn, par automatisme, pour vérifier s’il n’avait pas de message. Il n’était pas du tout fan de la messagerie instantanée, à vrai dire, c’était Ludivine qui l’avait installée sans lui demander son avis. C’était le plus souvent Kiki qui se connectait pour discuter avec ses amis de classe. La vie avait décidemment bien changé, se dit-il en soupirant. Le grec n’avait pas reçu de nouveau message. Tant mieux, pas de nouvelles, bonnes nouvelles, pensa le grec. Saga attrapa ses lunettes et les enfila, puis il chercha ses fichiers textes, et en ouvrit un, dont il relut la fin, comme pour s’imprégner de l’histoire et ne pas partir en vrille, comme Ludivine avait tendance à le faire. Enfin, imprégnée ou pas, elle partait forcément en vrille. Ça y était, il était lancé. Ses doigts tapaient sur les touches noires du clavier. Un petit bruit sec et régulier brisa le silence de la chambre. Par instant, il s’arrêtait, cherchant ses mots, puis repartait de plus belle, suivant le film qui passait dans sa tête qu’il traduisait par des phrases plus ou moins construites, qui lui venaient presque naturellement. C’était comme s’il avait quitté le monde réel, s’échappant dans un autre univers, celui qui passait dans sa tête pour ressortir devant ses yeux sous formes de lettres noires. Pendant deux heures, Saga resta devant son écran, oubliant totalement la présence de Mû allongé sur le lit. Par instants, certes, il tournait la tête pour voir s’il s’était réveillé, mais, plongé dans son travail, il en vint à effacer de sa mémoire l’être sommeillant dans son lit douillet. C’est quand il vit qu’il était onze heures et demie qu’il arrêta d’écrire, puis se tourna vers sa couche. Et Mû était réveillé. Saga sursauta. Il enregistra son travail, ferma la fenêtre et se leva pour s’approcher du lit. Le regard posé sur le plafond blanc de la chambre, Mû semblait être hors du temps. Une statue de marbre était allongée dans son lit. Ses yeux brillaient, certes, mais ce devait être des aigues-marine incrustées dans l’albâtre. Et ces cheveux, c’étaient sans doute des fils de soie mauve, qui rajoutaient un côté mystérieux à ce visage vide d’expression. Ses yeux se fermèrent. Puis, les paupières se soulevèrent, affrontant cette vision si étrange de ce jeune homme si fragile, si vulnérable… « Mû ? Tu m’entends ? » Non, je ne t’entends pas, répondit amèrement Saga pour lui-même. À nouveau, il éleva la voix, parlant avec une douceur qui lui était peu connue. Il était d’un naturel gentil, agréable, mais il ne se rappelait pas avoir parlé avec autant de douceur à quelqu’un. Mû, son frère, n’importe qui. C’était comme s’il s’adressait à un enfant. Un enfant qu’il avait blessé si tôt, à qui il avait arraché celui qu’il avait sans doute considéré comme son père. Saga lui parla, même s’il savait qu’il ne lui répondrait pas, qu’il ne l’entendait pas. C’était comme un besoin vital qui le forçait à bouger ses lèvres, à prononcer des mots. De quoi lui parla-t-il ? De tout. De tout. De tout ce qu’il avait sur le cœur, de ses regrets, de ses remords, de sa souffrance, à le voir ainsi, plongé dans un mutisme qu’il était incapable de briser, de sa colère, car il ne savait comment l’aider, le soigner, de son soulagement. Car il était là, chez lui, en sécurité entre ses murs. Et il lui demanda pardon. Pardon pour tout ce qu’il lui avait fait, pour tout le mal qu’il avait fait. Pour le meurtre de Sion, pour l’enfermement de son frère, pour ses massacres, pour… Il finit en larmes, à genoux devant le lit, tenant la main de Mû. Sa main froide, sans vie. Des images tournoyant dans son esprit torturé. *** Malgré l’obscurité de la nuit, les rues restaient animées. Il était tard, pourtant, pas loin de vingt-deux heures. Un ciel d’encre surplombait Madrid, abaissant quelque peu la température qu’ils trouvaient plutôt élevée. À Paris, c’est tout juste si on dépassait les quinze degrés, alors qu’ici, il avait fait trente-deux toute la journée. Cela, accompagné du voyage, des différents rendez-vous tantôt en avance, tantôt en retard, rendait leur fatigue plus imposante encore. Kiki marchait en tenant la main de Kanon, visiblement fatigué. D’ailleurs, ses pas étaient lents, il avait vraiment envie de dormir. Lys tenait le bras de son adjoint, toute aussi lasse. Elle n’aurait jamais imaginé que sa maternité l’aurait fatiguée à ce point. Certes, elle avait eu le temps de remarquer qu’elle n’était plus aussi vive qu’avant, mais ce voyage, pourtant court, ne lui avait pas fait du bien. Elle aurait presque souhaité partir en Suède, il ne faisait pas chaud, là-bas. C’était Kanon qui les guidait vers leur hôtel. Ils avaient dîné en ville, pour faire plaisir à Kiki qui tenait à sa paella, et il tenait maintenant sa patronne par le bras et l’enfant par la main, tous les deux épuisés et incapables de retrouver le chemin de leur lit. Leur démarche était lente, tranquille, nul besoin de se dépêcher, ils avaient tout leur temps. Quand ils rentrèrent dans l’hôtel, dont le hall leur paraissait bien trop illuminé à leur goût, ils poussèrent un soupir de soulagement, ils allaient bientôt pouvoir se coucher. Ils montèrent dans l’ascenseur, puis dans une des chambres. Kiki partit se déshabiller dans la salle de bain, alors que Lys s’installait sur le lit, posant ses mains sur son ventre arrondi. Kanon prit place à côté d’elle. « Tu devrais aller te coucher. - C’est bon, ne t’inquiète pas. - Le médecin t’a dit de te ménager. - On s’en fout du médecin. Toi, tu ne vas pas bien, ça se voit. - Mais si, je vais bien. - Kanon… » Leurs regards se croisèrent. Kanon ne lutta pas longtemps. Elle avait raison, il n’allait pas très bien. En fait, il pensait à son frère, là-bas, en France. Il regrettait de l’avoir laissé seul avec Mû. Il sentait que Saga n’allait pas bien, le jeune homme ravivait des souvenirs en lui, des regrets et des remords qu’il avait tenté d’accepter et d’oublier. Le grec n’en voulait pas à Mû, ce n’était pas de sa faute, mais il aurait peut-être dû rester à Paris. « Alors repars. Je garderai Kiki, ça ne me dérange pas. - C’est gentil, mais il m’en voudrait. - Saga a fait des choses pas bien ? » Kanon ne répondit pas. Que pouvait-il lui répondre ? Qu’il a manipulé des surhommes ? Tué des soi-disant renégats ? Provoqué une guerre, la mort de nombreux hommes ? Détruit le passé de certains de ses… compagnons d’armes ? Que pouvait-il lui répondre ? Quand on connaissait Saga, quand on savait l’homme généreux et terriblement patient qu’il était, non, on ne pouvait imaginer ce genre de choses venant de lui. « Pas de détails Kanon. Je sais que tu ne m’en donneras pas. Mais réponds-moi. - Il a fait beaucoup de choses pas bien. Et moi aussi. » Lys fut étonnée par la voix grave et sérieuse de Kanon. C’est comme si elle n’avait plus le même homme près d’elle. La jeune femme fronça les sourcils, scrutant le visage soucieux de son adjoint. Que voulait-il dire par là ? « Mais ce n’était pas de sa faute. Il était… » Comment qualifier ce qu’était devenu Saga ? Fou ? Possédé ? … Schizophrène ? « Il était… ? - Schizophrène. - Pardon ? - C’est compliqué. Mais à une époque, il était comme… schizophrène. Sa personnalité de maintenant, et une autre, maléfique. On ne sait pas vraiment ce qui s’est passé. - Je vois… et ça lui est passé ? Comme ça ? - Disons… qu’il a voulu mourir. Qu’il a réussi, en un sens. Quand il s’est réveillé, c’était parti. » Son regard était douloureux. Kanon n’était pas présent, ce jour-là, mais dans son cœur, c’était comme s’il l’avait été, car son cœur se broyait dans sa poitrine, ses poumons refusaient de le faire respirer, son esprit ramenait tous ces souvenirs qu’il aurait voulu oublier. Son jumeau. Son frère. Sa moitié. Elle était morte. C’était comme s’il était mort avec lui. Quel bonheur cela avait été quand ils se retrouvèrent, en Grèce. Plus de guerre, plus de chevaliers, plus de fossé. Plus rien en eux, à part cette tendresse fraternelle que les années avaient enterrée très loin. Mais elle les liait à nouveau, et même si tout n’était pas oublié, la page était tournée, leurs visages tournés vers le futur. Sinon, ils ne pourraient avancer, demeurant dans un passé aujourd’hui révolu. Lys réfléchissait. À vrai dire, elle avait du mal à voir Saga en fragile schizophrène, possédant deux personnalité distinctes, et les propos de Kanon n’étaient pas très clairs. Pourtant, elle ne posa pas plus de question, cela ne servirait à rien, à part faire souffrir un peu plus son adjoint. Même s’il ne le montrait pas, c’était une douleur perpétuelle gravée sur son cœur qui le lançait à chaque fois qu’il se remémorait cette partie de sa vie d’autrefois. La blonde se contenta de lui prendre la main. Le grec leva un regard étonné vers elle, qui lui souriait doucement. Un sourire qui voulait dire : « C’est bon, j’en ai entendu assez. » *** « On n’arrête pas le progrès. - Rhadamanthe… - Je devrais faire ça, je suis sûr que ça ferait fureur. - Tu n’oserais pas ?! - Bah quoi ? T’imagines pas mon château datant de la préhistoire avec des escalators de centres commerciaux ? » Malgré lui, Saga éclata de rire. Oh si, il voyait bien le tableau, son vieux manoir dont les marches de pierre bien taillées ou arrondies par les années, remplacées par des escalators « bruyants » pour faire monter les visiteurs dans les étages. « Et puis des cabines téléphoniques aussi. On manque toujours de cabines téléphoniques. La téléphonie, c’est l’avenir. - Et n’oublie pas une petite superette, au cas où. - Important, la superette. - N’est-ce pas ? - Sérieusement, Saga, je sais plus quoi faire. Parce que ce petit vieux n’a plus la force de monter les escaliers, il faudrait tout moderniser ! Mais tu vois le château avec des escalators ou ces sièges mobiles pour monter les marches ? - On n’arrête pas le progrès. - Merci de ne pas me piquer mes répliques. - Je te rappelle que ce « petit vieux », comme tu dis, c’est ton père. - Et alors ? Si ça ne tenait qu’à lui, maintenant qu’il est vieux et sénile, il nous mettrait carrément des ascenseurs ! » Saga éclata de rire à nouveau. À l’autre bout du fil, il entendit Rhadamanthe bougonner contre un « imbécile de Gémeau pas foutu de rester sérieux deux minutes ». « Je suis pas contre le modernisme, on a la connexion Internet maintenant, alléluia, mais quand même, faut pas abuser. - Ce qui est marrant avec toi, c’est que quand tu es énervé, tu ne cries pas mais tu qualifies très gentiment les gens. - Pourquoi hurler ? Ça ne lui retirera pas l’idée d’installer des escalators dans le manoir. - Mais pourquoi tu ne le fais pas déménager autre part ? Je ne sais pas, dans une maison de retraite, ou autre part ! Avec l’argent que vous avez… - Mais attends, mais tu crois que j’ai pas pensé à ça ? Je l’aime bien, tu sais, on dirait pas, mais je l’aime bien quand même, mais des fois, j’ai vraiment envie de le prendre par la peau du cul et le foutre dans une maison pour triple quinquagénaire. - Donc il refuse de partir… - Je peux pas le virer de chez lui, la famille ferait scandale et la blondasse se foutrait de moi. Déjà qu’on me voit d’un mauvais œil, je vais pas en rajouter. - Tiens, les remarques des autres te préoccupent ? - Paix et tranquillité, c’est tout ce que je demande. Pas envie qu’on vienne hurler devant ma porte parce que j’ai eu l’audace de virer mon paternel du foyer familial. » Saga eut un fou rire. Rhadamanthe avait de ces expressions, parfois… Résultat d’avoir été élevé dans une famille de bourges et anglaise. À croire par moment qu’il répétait des paroles qu’il entendait déjà venir. Rhadamanthe n’était pas spécialement embêtant, enfin, en ce qui était de la cohabitation, Saga n’avait pas à se plaindre, étrangement. Il avait déjà séjourné chez eux pour ne pas « squatter » l’appartement vide de sa cousine, et si on exceptait son côté presque maniaque en ce qui concernait le rangement de ses affaires, il était plutôt agréable à vivre. « Bon, je vais te laisser, c’est l’heure du thé. - Déjà ? Mais il est sept heures du soir ! - Pas ici, il est six heures. - Mais il est tard ! - Et alors ? Quand Monsieur a décidé qu’il a envie de thé, c’est l’heure du thé. De toute façon, je dois passer un coup de fil. - À qui ? - Au type qui doit nous installer des sièges mobiles. Moi vivant, pas de ce genre de chose chez moi. » Ils se quittèrent, Saga se retenant de rire à nouveau, mais cela énerverait encore plus le britannique. Son père était un sacré phénomène, quand même, mais Rhadamanthe n’était pas mal non plus dans son genre. Ce devait être du joli chez eux, Lys leur avait toujours dit que c’était hilarant de les voir se disputer, à se demander qui était l’adulte entre eux deux. Le combiné reposé sur son support, Saga monta à l’étage pour revenir dans sa chambre. Il se demanda vaguement pourquoi Rhadamanthe l’avait appelé, en fait, Kanon l’avait eu au téléphone la veille pourtant. Enfin, il n’avait rien à faire, alors pourquoi ne pas appeler Saga, hein ? Cela faisait longtemps qu’il n’essayait plus de comprendre l’ancien spectre, bien qu’il soit toujours agréable d’avoir un contact avec lui. Dans le fond, il n’était pas méchant. Enfin… ça dépendait envers qui. Ce n’était pas le spectre qu’ils fréquentaient, aujourd’hui, mais Ryan Wolf, riche héritier du manoir familial, et « accessoirement », de toutes les affaires de son père. Pour avoir suivi Lys dans des rencontres concernant également le britannique, Kanon s’était bien rendu compte de cette froideur à glacer le sang qu’il partageait avec sa cousine. Pourtant, dans l’intimité, le jeune homme était agréable à vivre, certes étrange, mais pas méchant. Un peu comme Lys, en somme. Un soupir passa entre ses lèvres, alors qu’il pénétrait dans sa chambre. Il posa les yeux sur Mû. Assis sur le matelas, son dos reposait contre des oreillers, et il demeurait sans réaction, sans expression, ses mains posées sur ses cuisses, le regard vague, dirigé droit devant lui. On aurait dit qu’il était plongé momentanément dans ses pensées. Sauf que ses pensées lui prenaient tout son temps, envahissant son esprit, pour ne laisser qu’une loque, une coquille vide. Pourtant, Saga aurait aimé voir ses yeux briller. Juste un peu, pour lui montrer que, oui, Mû était vivant. Qu’il le regarde, juste une fois, pour le rassurer. Ou peut-être pas lui, mais n’importe quoi, ses mains, un meuble, quelque chose. Mais non, Mû ne regardait rien en particulier, à part le vide qui l’entourait. Pendant de longues minutes, assis sur son siège, Saga admira le visage angélique et amaigri du jeune homme, qui ne semblait nullement ennuyé d’être ainsi fixé. Il était hors du temps. Le Gémeau sentait naître une certaine tendresse pour ce jeune homme éteint. Saga éprouvait toujours un frisson, quand il rentrait dans sa chambre vide de bruit. Même la respiration du jeune homme était silencieuse. Pourtant… il se sentait un peu moins gêné. Il devait s’y habituer. Et ce n’était pas en pleurant comme il l’avait fait que les choses évolueraient. Pourtant, cela lui avait fait du bien, c’était comme si un poids s’était envolé de ses épaules. Cela lui pesait sur le cœur, tous ces remords dont il ne pourrait jamais se débarrasser. Il les méritait, il pouvait vivre avec, mais la présence pure de Mû, innocent, toujours du côté de la déesse, le bouleversait, et ramenait tous ses souvenirs à la surface. Saga regarda sa montre, il était sept heures vingt du soir. Il se leva et sortit de la chambre, en disant à Mû qu’il allait préparer à manger. Le silence dans le pavillon était presque oppressant et la seule chose que Saga avait trouvée, autre que de laisser allumée la télévision pour lui faire une présence sonore quand il était au rez-de-chaussée, était tout simplement de parler à Mû, même si celui-ci ne lui répondait jamais, par la parole ou par un mouvement de tête. Peut-être qu’un jour, Mû réagirait. Ainsi, Saga se retrouva dans la cuisine, où il prépara leur dîner. Quelque chose de très simple, il n’avait pas très faim et Mû ne lui avait pas fait savoir qu’il avait beaucoup d’appétit. Saga posa tout sur un plateau, qu’il monta dans sa chambre, et le posa sur les genoux du tibétain, dont les jambes interminables s‘étendaient sous la couverture. Le Gémeau prit son assiette et ses couverts, les posa sur le bureau près de l’ordinateur, puis attrapa la main fine et blanche de Mû, dans laquelle il mit la fourchette. C’est tout juste si le jeune homme baissa les yeux vers son assiette, qu’il commença à manger à un rythme terriblement lent. « Un jour, tu reviendras parmi nous. J’en suis sûr… » *** Chapitre suivant ici. ;) Si vous souhaitez laisser un commentaire, c'est ici :
[Web Creator] [LMSOFT]